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La sourate « Al jin » atteste de leur existence et indique qu’il y a parmi eux des musulmans ainsi que des non-musulmans (LXII, 14-15). Si l’homme est créé d’argile, eux sont créés de feu (Coran, LV, 14).

Ils sont les premiers habitants de la terre, mais ils auraient désobéi à Dieu qui envoya des anges contre eux afin de les combattre ; vaincus, ils furent exilés dans la mer (Suyuti, 1988, p. 17). Mais on croit surtout qu’ils sont sur la terre et qu’ils la partagent avec les hommes ; c’est cette croyance qui prédomine.

Leurs besoins sont semblables à ceux des hommes. Ils passent pour manger les os et les crottes ou bien du riz. Tantôt la littérature dit qu’ils mâchent et avalent, tantôt qu’ils se nourrissent uniquement avec les odeurs de ces aliments. Ils ont des rapports sexuels avec leurs semblables et aussi avec les humains. Ils enfantent mais beaucoup plus que les hommes car, chaque fois qu’un enfant naît chez ceux-ci, neuf ou dix naissent chez les djinns. Ils parlent.

Le Prophète a eu plusieurs conversations avec eux. Ils ont une organisation sociale calquée sur celle des Arabes et sont ainsi partagés en tribus. Des rois les gouvernent. Leurs demeures préférées sont les lieux sales et/ou humides, comme le hammam et les ordures (Suyuti, 1988, p. 38-39). Ils fréquentent aussi les lieux où l’on trouve du sang, comme les abattoirs.

La littérature les concernant est très vaste mais compliquée et peu claire, ce qui ne me permet pas de donner une définition exacte de leur nature, pour autant que cela soit possible. Il importerait également de les distinguer de satan (chaytān) et des ‘afārīt, ce qui semble encore plus difficile.

Dans Les Structures du sacré chez les Arabes, Chelhod tente d’opérer cette distinction sans y parvenir, vraisemblablement à cause de la multiplicité et du flou des sources islamiques (Chelhod, 1964 : 67-92). Selon lui, les djinns relèveraient du « sacré anonyme ». Cette définition ne correspond pas à la façon dont les Marocains les considèrent puisqu’ils les personnifient. De leur point de vue, ce sont des êtres généralement invisibles mais qui peuvent se manifester sous diverses formes aux humains.

En général, les djinns sont considérés comme des créatures maléfiques qui attaquent les hommes et provoquent des maladies graves difficiles à guérir. Ces maladies sont appelées sar‘, et celui qui en est atteint dénommé masrū‘. Le mot sar‘ désigne l’inclination pathologique du visage sur un côté (Lisān al ‘Arab) ainsi que la folie, les paralysies, l’épilepsie. Il désigne aussi les séances ou les pratiques auxquelles on a recours pour guérir le masrū‘. Durant ces séances, il faut lire certaines sourates dans l’oreille du malade ou dire « au nom de Dieu » et donner au djinn l’ordre de sortir, comme faisait le Prophète : « Sors, ennemi de Dieu, je suis le prophète de Dieu. » (Al-Jawziyya, 1987, p. 68) Dans le cas où il ne veut pas sortir, il faut l’attaquer :

« Il m’a raconté [Ibn Taymiyya] qu’il l’a [une formule] lue dans l’oreille du masrū‘ ; le djinn (rūh) a dit : oui ; il [Ibn Taymiyya] a dit : j’ai pris un bâton, et je l’ai frappé avec sur les veines de son cou, jusqu’à ce que mes mains s’affaiblissent à cause des coups. Les assistants n’ont pas douté qu’il allait mourir à cause des coups. Pendant les coups, il [le djinn] a dit : je l’aime. J’ai dit : lui ne t’aime pas. Il a dit : je veux faire un pèlerinage avec lui. J’ai dit : il ne veut pas faire de pèlerinage avec toi. Il a dit : je le laisse en ton honneur. J’ai dit : non, pour l’obéissance de Dieu et de son Prophète. Il a dit : je sors de lui. Le cheikh a dit : le masrū‘ a regardé à droite et à gauche, puis il a dit : qui est-ce qui m’a amené ici ; on lui a dit [les assistants] : et tous ces coups ? Il [le masrū‘] a dit : et pourquoi me frappe-t-on, je n’ai pas commis de péchés ? et il n’a pas senti qu’il était battu. » (Al-Jawziyya, 1987, p. 68). Surnaturel et société. http://books.openedition.org/cjb/482?lang=fr

Les Djinns au Maroc
Sortons un peu des sentiers battus. Oublions pour quelques instants les guides touristiques qui font « la route avec un sac à dos » et l’incontournable « conseiller » du web qui ressemblent plutôt à des directeurs de conscience terriblement « dirigistes ». Voyons comment on peut découvrir le Maroc, en commençant par Marrakech, plus exactement sa célèbre Place et se découvrir citoyen du monde.

Il faut bien entendu trouver d’autres guides. Facile. Avant de partir une balade dans « Les Orientales » de Victor Hugo. Un poème, Les Djinns. Voilà quant même un homme qui savait surprendre. Inconsciemment, on l’imagine plutôt courbé vers une tombe à l’aube, sous un petit crachin désagréable, les cheveux blancs et la barbe triste, la main soutenant un crâne qui semble trop lourd, le contexte semble purement franco-occidental. Que nenni, il y a de la fureur le dessous, il y a de l’universel dans ce crâne.

Ensuite, au détour d’une lecture tout à fait accidentelle, on découvre que Saint Augustin, lui-même en personne était Berbère (bizarre on avait l’impression qu’il était de Mont de Marsan !). Comme on savait déjà, vaguement, que le Christ était Essénien (Bethléem, au début on croyait que c’était la caverne dans le sud de la France avec les dessins rupestres…), les questions commencent à poindre. Après avoir réfléchi et éliminé des contrées instables, on décide, en toute liberté, de venir voir de plus près les fameux Djinns et les mystérieux Berbères, intuitivement persuadé que derrière tout cela, se cachent quelques vérités sur nos racines.

Il est important d’avoir, comme base avancée, la Medina, ses ruelles étranges, ses souks et ses riads, cela agit comme une potion magique, en quelques heures, l’esprit est nettoyé des scories du monde « moderne ». A « l’heure incertaine » où le jour hésite à laisser sa place à la nuit, la déambulation peut commencer. Après les délicieuses grillades de chez « Aïcha » (n°1, tout droit en sortant de l’avenue des Princes), l’observation perplexe et légèrement inquiète de l’homme qui vend des dents et des dentiers usagés, l’enregistrement inconscient de tambours manipulés par des hommes étranges, avec comme couvre-chef une calotte dont le sommet tourne inlassablement, la découverte, enfin, d’un cercle mouvant et frémissant, resserré autour d’un individu qui parle, qui parle, sa voix est presque diabolique, elle crée des images et des présences ! (même si on ne comprend pas l’arabe). C’est un conteur, il fait dans la satire sociale depuis bientôt quatre siècles, mais il fait aussi dans l’ésotérisme et le ténébreux. Premier contact avec les Djinns, mon voisin sursaute et regarde par-dessus son épaule puis me chuchote, Essaouira, Gnaouas, Hahas, Rif, Moussems, Berbères et retourne à son affaire.

Le voyage commence, avec juste comme guide touristique des mots. Au retour, si l’on a bien suivi les petits cailloux, on est réconcilié avec soi-même et avec les autres. On sait que l’on est citoyen d’une terre qui s’appelle la planète, bien plus vaste que son petit clocher délimité par l’habitude, la facilité ou l’auto satisfaction. http://patrick.fermi.free.fr/djinn.htm









 
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