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Les ONG s'inquiètent de voir de plus en plus de fonds européens alloués à la sécurité des frontières, plutôt qu’à la lutte contre la pauvreté et les inégalités.

Lundi 26 octobre, à Strasbourg, le débat des ministres des Affaires étrangères de l'UE s’est concentré sur la manière dont la coopération au développement pouvait aider l’Europe à faire face à l'arrivée de migrants. Selon le communiqué, ils se sont accordés à « accroître le niveau d’engagement de l’UE et renforcer la coopération avec les pays tiers sur la migration, que ce soit au niveau bilatéral ou multilatéral ».

Les ministres auraient échangé sur la manière dont la coopération et l’aide au développement pouvaient avoir un impact efficace, à court terme sur la résolution de la crise. Ils ont aussi cherché à savoir comment l’UE pouvait améliorer ses instruments et ses politiques.

Les ministres ont également discuté des relations futures entre l’UE et les pays d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP), en vue de l’expiration de l’accord de Cotonou en 2020. S’adressant aux journalistes après la réunion, la chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, a qualifié les discussions de « très intenses ».

Ce n’est un secret pour personne, l’UE lutte pour trouver des fonds et faire face à la crise des migrants. Par le passé, les fonds au développement ont souvent été utilisés pour apporter une réponse aux catastrophes humanitaires.

Le 26 octobre, Oxfam International a publié un communiqué rappelant que le budget développement de l’UE devait être alloué à des personnes et non pas à des « fils barbelés ou des postes de contrôle ».

Mélange des objectifs
Oxfam craint que le nouveau fonds fiduciaire pour les infrastructures en Afrique, prévu pour régler les problèmes de migration, soit utilisé pour la protection des frontières plutôt que pour lutter contre la pauvreté et l’inégalité.

Selon l’ONG, les ministres européens au Développement ne sont pas parvenus à confirmer publiquement que le nouveau fonds de 1,8 milliard d’euros serait utilisé pour des projets de développement et non pas pour restreindre la liberté de circulation et sécuriser les frontières. Le fonds devrait être officiellement lancé lors du sommet de La Valette sur la migration, les 11 et 12 novembre prochain.

« L’UE mélange les objectifs visant à aider les personnes déplacées grâce à la coopération au développement, et ceux dont le but est d’arrêter l’afflux de migrants grâce à la coopération en matière de sécurité », explique Natalia Alonso, responsable du bureau d’Oxfam à Bruxelles.

CONCORD, la confédération européenne des ONG d’urgence et de développement, a adressé une lettre aux ministres, juste avant leur réunion. L’ONG demande aux ministres de maintenir l’engagement de l’UE pour accroître les ressources destinées à l’aide au développement, et d’éviter d’en détourner l’usage pour couvrir les coûts de gestion de l’afflux de réfugiés.

Selon la confédération, l’UE doit renforcer ses efforts pour s’attaquer aux causes profondes de la migration, c’est-à-dire contribuer à la prévention et à la résolution pacifique des conflits qui poussent tant de personnes à quitter leur pays, et mettre en œuvre les politiques existantes pour une meilleure gestion des crises humanitaires et environnementales.

Plan d’action pour l’égalité des sexes
Les ministres ont adopté le plan d’action pour l’égalité des sexes 2016-2020, qui établit des objectifs, des exemples d’activités et des indicateurs potentiels pour chacune des trois thématiques prioritaires : intégrité physique et morale, autonomisation et droits économiques, sociaux et culturels et droits civiques et politiques.

Comme l’a expliqué le commissaire au développement, Neven Mimica, après la réunion, le plan a pour but de renforcer l’autonomisation des filles et des femmes et l’égalité des genres.
Cecile Vernant, responsable UE pour Deutsche Stiftung Weltbevoelkerung, a salué l’initiative.
Elle a toutefois souligné qu’il était important que le Conseil s’engage à assurer une consultation et un engagement avec la société civile à travers tout le cycle de l’organisation, de la mise en place et de la surveillance du plan d’action. « Le nouveau plan d’action est plus avancé que tout ce qui a déjà été fait en la matière. Toutefois, les institutions européennes devront renforcer leur soutien aux services européens et internationaux, notamment grâce à des ressources financières et humaines pour s’assurer que le plan est vraiment efficace », a-t-elle souligné.

EurActiv.com | Georgi Gotev
Traduit par Marion Candau








 
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