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La Maison Européenne de la Photographie rend hommage à la photographe Leila Alaoui, assassinée à Ouagadougou.

Mardi, 2 février 2016. Vernissage de la photographe Bettina Reims à la Maison Européenne de la Photographie - Paris qui, profitant de sa célébrité mondiale et mondaine, s'est accaparée les salles principales de la noble institution parisienne. 

Sa démonstration exhibitionniste tombe finalement dans l'immondice luxuriante tant la surenchère transgressive, la bravade agressive, le voyeurisme intempestif, les artifices techniques sans émotion esthétique, ne produisent d'autres effets que des réactions répulsives. En brisant le langage mystique de l'érotisme, l'énigme cosmique du désir, l'insaisissable volupté du nu féminin, elle s'embourbe dans la trivialité repoussante de la chair. De la décadence dissonante et malséante dans toute sa splendeur.

Dans le même événement, découverte intéressante du photographe-plasticien Yang Shun-Fa, qui narre la destruction d'un village traditionnel dans l'euphorie industrielle. Sa science des points d'or, ses compositions panoramiques savantes, ses scénographies raffinées dans des cadrages millimétrés, tantôt en noir et blanc pour évoquer l'assombrissement des situations, tantôt en couleur pour exprimer l'embrasement des esprits, juxtaposent les ruines présentes et les vestiges d'une histoire sociale foudroyée, photographies familiales, jouets démembrés, bibelots chargés de souvenirs intimes.


Des silhouettes fantomatiques, ombres incrustées dans les décombres, hantent lugubrement les lieux ravagés. La sublimation artistique des traces putréfiées, des objets dérisoires rescapés du déluge, de la mémoire agonisante du passé, immortalise le souvenir d'un anéantissement programmé. L'entrée de Taïwan dans l'ère numérique, le dopage de son économie par l'industrie informatique, le bouleversement brutale de ses structures sociétales millénaires, a jeté dans la déshérence des populations entières. Les dévastations technologiques s'orchestrent avec les calamités naturelles. Le châtiment terrestre se mêle à la colère céleste. La lutte désespérée des citoyens pour sauvegarder leur cadre de vie s'inscrit d'avance dans les causes perdues. Demeure l'art pour témoigner de l'avancée déprédatrice des puissances des ténèbres.

Dans l'édifice prestigieux de la Maison Européenne de la Photographie à Paris (ancien hôtel particulier Hénault de Cantobre), devant une photographie sobre d'Augustin Le Gall, Leila Alaoui, en noir et blanc sous cadre laiteux contrastant cruellement avec le rayonnement de son sourire, remontent des tréfonds de l'être l'inconsolable douleur, l'insurmontable sentiment d'impuissance, que dire face à la perte irremplaçable d'un joyau de la terre ?

© Mustapha Saha, 
sociologue, poète, artiste peintre.


 
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