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Y a-t-il d'autres espèces animales capables de rire ou de pleurer comme l'être humain ? Autrement dit, les animaux sont-ils capables d'exprimer de la peine et de la joie à la manière des humains ? 

Pour le professeur Martin Giurfa du Centre de recherches sur la cognition animale (CRCA) à l'université Toulouse III, cette question de lecteur est intéressante et reflète en réalité une évolution de notre perception de l'animal : "Les gens commencent à voir l'animal de façon différente. On parle de respect, de leurs droits, voire de l'existence d'une conscience chez l'animal. Il y a encore quelques années, ces réflexions étaient peu présentes. Cette question montre que désormais les gens se demandent si l'animal est notre semblable".



"Attribuer une émotion humaine à un animal, c'est arbitraire"
Cependant le chercheur met en garde : les rires, les pleurs sont bien difficiles à objectiver d'un point de vue scientifique. Lorsqu'un primate, comme par exemple un chimpanzé, arbore un rictus exagéré, sourit-il vraiment comme l'espèce humaine l'entend ? Les ultrasons émis par les rats quand ceux-ci sont chatouillés sont-ils semblables au rire d'un humain ? "Si on attribue des émotions telles que la joie ou la tristesse à un animal, comment les définit-on ? L'animal n'étant pas en mesure de nous parler et de rapporter ses sensations, qu'est-ce qui prouve que ma sensation de joie a un équivalent chez un animal ? Qu'est ce que la joie pour un singe ? La joie existe-t-elle chez une mouche ? , poursuit le scientifique. Chercher une réponse à ces questions est très difficile dans la mesure où on engage des termes subjectifs. Toute la difficulté est alors de ne pas tomber dans l'anthropomorphisme. Mais des réponses partielles sont possibles, si on reste sur des composantes objectives des émotions.

Étudier les hormones ou encore le rythme cardiaque pour décrypter scientifiquement les émotions Les rires et les pleurs sont les indices visibles de deux états émotionnels : (normalement) la joie et la peine. Ces émotions combinent deux composantes : le sentiment subjectif et des phénomènes physiologiques qui sont plus objectifs car mesurables, comme par exemple l'évolution du rythme cardiaque ou encore la sécrétion accrue de certaines hormones ou neurotransmetteurs. Mais le professeur Martin Giurfa est formel : "Même en étudiant cette deuxième composante, nous ne serions pas capable d'expliciter un sentiment. On peut en déduire des "si" ou des "c'est possible que", mais c'est tout". Les recherches dans ce domaine sont également limitées par la puissance des outils actuels. L'évolution des techniques, notamment l'imagerie cérébrale, pourra peut-être permettre un jour d'étudier les émotions animales sous un angle nouveau.

Ni machines, ni humains : des espèces à part entière
Pour l'instant, le chercheur toulousain avoue que la question des rires et des pleurs "comme les humains" n'aura peut-être de réponse d'un point de vue scientifique : "Il faut certainement refuser de dire que les animaux sont des machines mais il ne faut pas non plus toujours chercher à forcer des ressemblances entre les humains et les autres espèces animales ayant des histoires évolutives très différentes". Car n'est-ce pas là encore une manière de se positionner au centre du monde animal ?

Source : sciencesetavenir.fr/



 
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