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Après le retour officiel triomphal du Maroc à l'Union Africaine, lors du 28ème sommet des chefs d’État de l'UA, qui s'était tenu à Addis-Abeba le 30 janvier 2017, avec la participation en particulier du Roi Mohammed VI, l'institution a établi un nouveau programme de travail, procédé à une nouvelle structuration de ses organes et arrêté ou confirmé un certain nombre de décisions, notamment celle d'associer étroitement la diaspora africaine en tant que 6ème région du continent, afin que l'Afrique prenne son élan.

C'est ainsi qu'à la mi-mars 2017, à l'occasion de la cérémonie de passation entre la présidente de la commission sortante de l'UA, Nkosazana Dlamini-Zuma et le président de la nouvelle commission Moussa Faki Makamet, le nouveau président en exercice de l'Union Africaine Alpha Condé, a fait une annonce qui a retenu l'attention. Celle de responsabiliser certains chefs d'Etat membres de l'UA dans la préparation de certains dossiers très importants et sensibles, permettant à l'institution panafricaine de disposer de feuilles de route en la matière et d'entreprendre le bilan sur chacune de ces thématiques lors du prochain sommet de l'Union Africaine.

Comme on peut le constater à travers la vidéo ci-après, il s'agit de dossiers comme ceux de l'intégration politique, l'intégration économique, les relations avec le Conseil de sécurité, le problème du terrorisme, la question des migrations. C'est ce dernier dossier stratégique qui a été confié au Roi Mohammed VI.


Le choix du Maroc en la personne du Roi Mohammed VI pour préparer, dans le cadre de l'Union Africaine, une feuille de route sur le dossier migratoire, n'est pas fortuit. C'est un choix objectif dicté par l'expérience acquise par le Maroc, plus particulièrement depuis l'impulsion royale en septembre 2013 d'une nouvelle politique migratoire du Maroc, fondée sur une approche humaniste, solidaire, soucieuse du respect des instruments internationaux en matière de migrations, avec l'objectif ultime d'assurer une insertion harmonieuse des immigrés régularisés dans la société marocaine.

De ce fait, l'Afrique toute entière aura les yeux rivés sur ce que proposera le Souverain marocain à ses pairs africains et scrutera avec beaucoup d'attention les politiques publiques marocaines dans le vaste champ migratoire, et le rôle précis que jouent les diverses institutions nationales chargées de la gestion de ses deux volets : immigration étrangère au Maroc et citoyens marocains à l'étranger. C'est dire que le prochain gouvernement El Othmani, devra mettre très rapidement à niveau le cadre législatif et réglementaire lié à la nouvelle politique migratoire. Il est anormal que plus de 3 années et demi après le lancement de cette nouvelle politique, on ne dispose encore ni de la loi sur l'asile, ni de celle qui doit remplacer de fond en comble la loi 02-03 sur l'entrée et le séjour des étrangers au Maroc, l'émigration et l'immigration irrégulières, qui est centrée, rappelons-le, sur les aspects répressifs et sécuritaires, et ignore pratiquement les droits multidimensionnels qui caractérisent la nouvelle politique à l'égard des immigrés, au plan économique, social, éducatif, culturel etc...

Le Maroc est également attendu sur le large volet de la nécessité de protéger et d'élargir les droits multidimensionnels des émigrés africains en dehors du continent africain. C'est dire que là aussi, les politiques marocaines en direction de la communauté marocaine établie à l'étranger et la gouvernance en la matière, seront analysées au peigne fin. À ce niveau, il convient d'abord de mettre en place une stratégie nationale globale, cohérente et intégrée en direction des citoyens marocains établis hors des frontières nationales qui fait encore cruellement défaut. Dans le même esprit, la profonde révision de la place, du rôle et de la gouvernance des diverses institutions chargées du dossier "MRE" est une nécessité urgente et absolue.

Qu'il s'agisse non seulement du ministère chargé des MRE et des Affaires de la migration, mais aussi de la Fondation Hassan II pour les MRE, du Conseil de la communauté marocaine à l'étranger (CCME), du Conseil européen des oulémas marocains, de Bank Al Amal, et de bien d'autres départements : Direction des Affaires consulaires et sociales, ministère des Habous, de l'Emploi, CNSS etc...

Le chef du gouvernement désigné et son prochain gouvernement, sont donc interpelés pour que le programme gouvernemental accorde toute sa place au dossier migratoire stratégique et d'intérêt national (citoyens marocains à l'étranger et immigration étrangère au Maroc), et inscrive son action dans ces domaines pour combler les déficits creusés par les précédents gouvernements, en tenant compte des divers enjeux et défis qui se posent pour le Maroc. Là aussi, les 100 premiers jours du prochain gouvernement seront très importants.

Rabat, le 1er avril 2017

Abdelkrim Belguendouz
Universitaire à Rabat, chercheur en migration










 
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