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« Pour tromper le monde, ressemblez au monde » (William Shakespeare, Macbeth). Le président américain, Donald Trump attend de passer le cap des cent jours pour effectuer son premier déplacement à l’étranger. 

Il est vrai, que depuis sa prise de fonctions, nombreux auront été les chefs d’Etat et de gouvernement à lui rendre visite soit à Washington soit dans sa propriété de Floride (Mar-a-Lago à Palm Beach). Le président américain n’a donc pas lésiné pour son premier contact officiel avec le reste du monde, the « rest of the world », comme on le dit Outre-Atlantique. Il se rend d’abord en Arabie Saoudite (20 et 21 mai pour une visite bilatérale et pour participer au sommet du Conseil de coopération des États du Golfe). Il se rend ensuite en Israël et dans les territoires palestiniens après la visite du premier ministre israélien et de Mahmoud Abbas à la Maison Blanche (22 et 23 mai). Il fait une escale au Vatican le 24 mai pour y rencontrer brièvement le pape François et les dirigeants italiens. Il poursuit avec Bruxelles où il participe au sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de l’OTAN à Bruxelles (25 mai) à l’occasion duquel il rencontre le nouveau président français, Emmanuel Macron, les présidents de la commission et du conseil européen). Il conclut son voyage par le sommet du G7 à Taormine en Sicile (26-27 mai).

Un peu plus tard, il participera au sommet du G20 à Hambourg (7-8 juillet 2017). Aucun pays européen n’a, à ce jour, le privilège de l’accueillir sur son sol dans le cadre d’un déplacement bilatéral dédié. Ce long périple lui permet de faire ses premiers pas dans la diplomatie bilatérale, essentiellement dans « l’Orient compliqué », pour passer ensuite aux délices de la diplomatie multilatérale, exercice qui ne semble pas avoir sa faveur.

Le candidat à l’élection présidentielle américaine contre l’ancienne secrétaire d’État, Hillary Clinton ne connait pas ou peu le monde et il n’a pas de doctrine internationale.

L’homme qui ne connaissait pas ou peu le monde : l’ignorant

Donald Trump est profondément américain, c’est peu dire qu’il a une connaissance du monde parcellaire, déformée. À ses yeux, comme à ceux de bon nombre d’Américains, existent les États-Unis, d’une part et le reste du monde (« The Rest of the World »), d’autre part, une sorte de magma incompréhensible où l’on ne parle ni ne pense en anglais. Sa connaissance du monde ressort des voyages de l’ex-homme d’affaires disposé à toutes les concessions pour remporter des marchés, y compris avec des régimes peu recommandables.

Elle est donc « business first ». Laurent Fabius la qualifierait de « diplomatie économique ». Cette candeur trouve sa traduction dans la liste invraisemblable des promesses électorales farfelues du candidat sur le plan international. Que n’a-t-on entendu de déclarations fondées sur une demande de retour vers un passé glorieux ? Rendre l’Amérique plus forte qu’aujourd’hui en retrouvant sa supériorité incontestée sur la scène internationale, telle semble être la feuille de route fournie par le candidat Trump au futur président des États-Unis Trump !

L’homme qui n’avait pas de doctrine internationale : le pragmatique

Donald Trump, c’est une tabula rasa en matière internationale. « À moins de considérer, comme le propose le New York Times, que « la doctrine Trump, c’est qu’il n’y a pas de doctrine », et de tenir un coup de colère – ou de cœur – sur Twitter pour le fruit d’une analyse stratégique, il est difficile de discerner la vision du monde, le projet planétaire, l’ambition politique globale de Donald Trump ». Donald Trump se révèle expert en improvisation et incertitude. Ses trois premiers mois confirment que Trump président reste aussi versatile que Trump candidat. L’irrationalité et l’improvisation restent les traits dominants des toutes les décisions internationales prises depuis son arrivée à la Maison Blanche sans parler d’une inquiétante versatilité. Il se comporte plus en gestionnaire qu’en visionnaire. Ceci étant dit, « il faut reconnaître à Donald Trump une constance : sa capacité à ajouter du trouble à des situations déjà bien compliquées ».

Il est rarement là où on l’attend. Le chef de l’État recherche la combinaison d’un effet d’annonce maximum avec un minimum d’inconvénients dans la conduite quotidienne de sa politique extérieure. Seule ligne directrice, ses relations à tout le moins ambiguës avec le pouvoir russe qui alimentent la chronique intérieure, le fragilisent sérieusement et le conduisent à un numéro d’équilibriste permanent dont on ne connait pas encore le dénouement. Son premier déplacement à l’étranger présente l’immense mérite de l’éloigner un temps de ses problèmes internes qui ne cessent de se multiplier.

Après le monde des chimères et des rêves, le président des États-Unis est conduit à se réveiller pour se confronter au monde des réalités et des intérêts.

Source : prochetmoyen-orient.ch/


 
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