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Rien ne va plus entre le Qatar, d'une part et l'Arabie saoudite et ses alliés, d'autre part. Décryptage d'une crise sans précédent dans le club des riches monarchies du Golfe Persique.

En quelques jours, tout s'est accéléré pour le Qatar mis au ban du club des pays du Golfe Persique. Les relations diplomatiques sont rompues avec plusieurs monarchies voisines, soit avec l'Arabie saoudite et certains de ses alliés, ainsi qu'avec l'Egypte. La crise qui couvait depuis des semaines a éclaté 15 jours après une visite à Riyad du président américain Donald Trump qui avait demandé aux pays musulmans d'agir de manière décisive contre l'extrémisme religieux.


Encore plus qu'en mars 2014, lorsqu'un premier épisode de tensions était survenu entre l'Arabie saoudite, Bahreïn et Émirats et le Qatar, la crise prend la forme d'un séisme politique qui remet en cause l'équilibre de la région. De fait, il s'agit de la crise la plus grave depuis la création en 1981 du Conseil de coopération du Golfe (CCG: Arabie saoudite, Bahreïn, Émirats arabes unis, Koweït, Oman, Qatar). Décryptage.
D'où vient cette crise?
Tout est partie d'un soi-disant ou avéré, c'est là tout le problème de cette affaire, piratage de l'agence de presse du Qatar (QNA).
  • Le 23 mai, le pays dénonçait la diffusion "par une entité inconnue", "d'un faux communiqué attribué à Son Altesse", l'émir Tamim ben Hamad al-Thani. Deux déclarations attribuées au cheikh Tamim ont choqué: la désignation du mouvement islamiste palestinien Hamas comme "représentant légitime du peuple palestinien" et l'Iran chiite comme un allié stratégique dans la région. Or, l'Iran chiite est l'ennemi désigné de l'Arabie saoudite, sunnite, depuis des années. Particulièrement depuis l'arrestation de Nimr Baqir al-Nimr, clerc de la ville chiite saoudienne d'Al-Awamia en 2012 qui sera condamné à mort en 2014 et exécuté en janvier 2016. Date à laquelle les relations entre Riyad et Téhéran ont été rompues.
  • Le 24 mai, le ministère des Affaires étrangères qatari se dit "surpris" que "certains médias et chaînes de télévision continuent à diffuser et à commenter les propos démentis". En dépit des dénégations officielles et de l'enquête sur le piratage ouverte par le Qatar, le "faux" discours de l'émir du Qatar est relayé et diffusé en boucle par les chaînes de télévision à capitaux saoudiens et émiratis, respectivement Al-Arabiya et Sky News Arabia.
  • Le 25 mai, le président égyptien Abdel Fattah Al-Sissi fait bloquer le site de la chaîne qatari Al Jazeera. Parallèlement, le Qatar se dit victime d'une campagne hostile menée "notamment aux États-Unis". Le Qatar est considéré comme l'un des principaux bailleurs de fonds des Frères musulmans en Égypte et des groupes proches de cette confrérie dans les pays voisins (notamment en Syrie, en Libye et en Tunisie).
  • Le 2 juin, le Qatar demande son aide à Washington. Une équipe du FBI enquête sur le "piratage" de QNA.
  • Le 5 juin, l’Arabie saoudite, les Émirats, Bahreïn et l’Égypte rompent leurs relations diplomatiques avec le Qatar. Ils accusent ouvertement l'émirat de soutenir le "terrorisme". 
Quelles mesures de rétorsions ont déjà été prises?
Les mesures adoptées à l'encontre du Qatar, par l'Arabie saoudite, les Émirats arabes unis et Bahreïn sont nombreuses.
  • Rupture immédiate des relations diplomatiques avec le Qatar, Bahreïn et les Émirats ordonnant à leurs diplomates de quitter Doha dans les 48 heures. En 2014, les trois pays avaient rappelé leurs ambassadeurs à Doha pour protester contre le soutien du Qatar aux Frères musulmans.
  • Exclusion de la coalition militaire arabe au Yémen. Cette mesure a été décidée alors que l'Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, Bahreïn et l’Égypte, tous membres de la coalition, venaient d'annoncer la rupture de leurs relations diplomatiques avec le Qatar.
  • Suspension des vols vers Doha par six compagnies aériennes dont Etihad, Emirates, flydubai, EgyptAir... Qatar Airways a pour sa part suspendu ses liaisons avec l'Arabie saoudite. L'Egypte n'autorise plus la compagnie qatarie à survoler son espace aérien.
  • Fermeture de ses frontières terrestres, aériennes et maritimes avec le Qatar par l'Arabie saoudite. Motif invoqué: "protéger sa sécurité nationale des dangers du terrorisme et de l'extrémisme".
  • Ordre de partir dans les 14 jours est fait aux ressortissants du Qatar, visiteurs ou résidents permanents dans les trois pays du golfe. Cette mesure contredit un accord sur la libre circulation au sein du Conseil de coopération du Golfe (CCG: Arabie saoudite, Bahreïn, Emirats arabes unis, Koweït, Oman, Qatar).
  • Interdiction pour les ressortissants des trois pays du Golfe de se rendre au Qatar.
  • L'Arabie saoudite ferme les bureaux d'Al Jazeera, quelques heures après la rupture par le royaume et de quatre de ses alliés de leurs liens avec le Qatar, selon l'agence officielle Spa.
Quel répercussions pour le petit et riche pays gazier?
Le blocus diplomatique et économique du Qatar, décidé par l'Arabie saoudite et ses alliés, aura un sévère impact à court terme sur les importations de nourriture, mais les exportations de gaz et de pétrole du petit émirat ne devraient pas souffrir.
  • La crainte d'une pénurie alimentaire produit ses effets. L'impact a été immédiat puisque des habitants de Doha, paniqués, ont dès lundi pris d'assaut les supermarchés pour se faire des stocks en vivres malgré les assurances du gouvernement qu'il n'y aurait pas de pénurie. L'alternative pour le Qatar est d'importer des vivres d'Iran ou d'Oman par voie maritime, et par avion depuis la Turquie, l'Europe et l'Asie du Sud-Est. Un responsable iranien a déjà fait savoir que son pays était prêt à approvisionner le Qatar par bateau, une traversée de 12 heures dans les eaux du Golfe.
  • Pas d'impact sur les livraisons énergétiques du Qatar, qui transiteront par le détroit d'Hormuz en route pour le Japon et l'Asie du Sud-Est. Premier exportateur mondial de GNL, le Qatar en livre annuellement 80 millions de tonnes par méthaniers, mais seuls 10% sont destinées à des pays du Moyen-Orient, dont les Émirats arabes unis et l’Égypte. Sa production pétrolière est de quelque 600.000 barils par jour.
Source : bfmtv.com/


 
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