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Dès notre plus jeune âge, on rirait jusqu'à 300 fois par jour, sans raison, par pur plaisir. À l'âge adulte, ce serait moins de 20 fois par jour. Même si tous les chercheurs ne s'entendent pas sur ces données, il semble bien que l'école, le travail et les conventions sociales nous incitent peu à peu à devenir plus sérieux et à perdre notre capacité de rire spontanément. 

Quel bon exercice que le rire
Dommage, car il est désormais démontré que l'humour et le rire sont excellents pour la santé, et constituent, entre autres, un bon antidote contre le stress. 

Les effets physiologiques 
Le rire permet d'oxygéner l'organisme, de réduire les tensions musculaires, de masser les côtes en plus de faire travailler le diaphragme. Cela favorise entre autres l'élimination des résidus présents dans les poumons et augmente la capacité respiratoire. Il semble que le fait de rire - que ce soit drôle ou non - pourrait contribuer à soigner toutes sortes de problèmes (voir Applications thérapeutiques). 

Cependant, il ne faudrait pas croire, comme le laissent sous-entendre plusieurs sites Web consacrés à l'humour, que la rigolade est un remède miracle pour à peu près tous les maux. Ainsi, en 1986, un chercheur a démontré que, pour entraîner une augmentation du rythme cardiaque équivalant celle que procurent 3 minutes d'aviron sur un appareil d'exercice, il suffisait de rire intensément pendant seulement 20 secondes4. Cette nouvelle a, depuis, été reprise à toutes les sauces des centaines de fois. Rire est fort probablement très bon pour la santé cardiovasculaire... Mais de là à conclure que 20 secondes de rire équivalent 3 minutes d'aviron, il y a un pas que les scientifiques refusent de franchir. 

Les effets psychologiques 
Déjà au début du XXe siècle, Freud affirmait que l'humour permet à l'humain de démontrer son refus de se laisser abattre par la souffrance, d'affirmer l'invincibilité de son moi et de faire triompher le principe du plaisir - tout cela en demeurant sain d'esprit ! À partir d'une synthèse d'études réalisée en 1996, le professeur Rod Martin, un spécialiste du rire de l'Université Western Ontario au Canada, a conclu que d'envisager la vie avec humour ou la prendre « avec un grain de sel » aurait des conséquences bénéfiques mesurables sur la santé psychologique et émotive. 

Les gens qui ont un plus grand sens de l'humour sont moins ébranlés par les expériences stressantes. Ils ont plus tendance à les considérer comme des défis stimulants que comme des épreuves pénibles. En outre, ils ont en général une plus grande estime de soi et sont plus réalistes dans leur appréciation d'eux-mêmes. De nature optimiste, ils ont une vie sociale plus remplie. Mais, l'auteur fait remarquer qu'il est difficile de déterminer avec précision si ces états favorables résultent du sens de l'humour ou si ce ne sont pas plutôt ces états qui permettent d'aborder la vie avec humour. 

Rod Martin souligne aussi que l'humour peut également être utilisé de façon malsaine. Il peut servir d'échappatoire ou de mécanisme de défense inconscient pour fuir ses problèmes ou éviter de les affronter de façon constructive, ou encore pour dénigrer les autres. 

Dans une autre synthèse d'études, publiée en 2001, le professeur Martin rend compte des théories les plus documentées qui pourraient expliquer les effets bénéfiques du rire et de l'humour.
En générant des émotions positives puissantes, le rire et l'humour entraîneraient des effets analgésiques et un renforcement de l'immunité.

Les individus ayant un plus grand sens de l'humour seraient mieux adaptés socialement et plus « séduisants », ce qui augmenterait leurs chances d'être en santé - ce n'est pas une blague.

Ce n'est pas parce qu'on rit que c'est drôle 
Il ne faut pas croire que nous rions uniquement lorsque c'est drôle. Au contraire, cela ne serait le cas que 1 fois sur 10, selon le neurobiologiste Robert Provine. Cet auteur de plusieurs livres étudie les mécanismes du rire depuis de nombreuses années. Ses observations l'ont amené à conclure que le rire exerce avant tout une fonction sociale, ce qui pourrait expliquer en partie son importance dans l'équilibre psychologique des personnes. 

Le rire à l'hôpital 
Norman Cousins a été le premier, en 1964, à expérimenter « scientifiquement » une thérapie par le rire. En utilisant la pensée positive et le rire, il s'est guéri d'une maladie arthritique très douloureuse, considérée comme irréversible. Il a fait connaître à la communauté médicale et au grand public les résultats de son expérience dans un article publié dans le New England Journal of Medicine en 197610. Trois ans plus tard paraissait son succès de librairie Anatomy of an Illness. Sa méthode consistait essentiellement à visionner des films comiques aussi souvent qu'il le pouvait et à consommer de la vitamine C en très grande quantité. Il a constaté que chaque visionnement de 30 minutes lui procurait 2 heures de repos sans douleur. Après 6 mois de ce traitement, il était complètement rétabli. 

Vers la même époque, au début des années 1980, vêtu d'un habit de clown, le Dr Patch Adams - personnifié au cinéma par Robin Williams - commençait à soigner ses patients en utilisant le rire et l'humour comme des instruments thérapeutiques. Aujourd'hui, dans des hôpitaux un peu partout à travers le monde, les patients peuvent bénéficier de la présence de clowns thérapeutiques ou de clowns professionnels11,12. Au Canada, l'organisme Dr Clown13 visite ainsi chaque semaine des hôpitaux et des centres hospitaliers de soins de longue durée (CHSLD) de Montréal, Québec et Toronto. Les clowns-docteurs cherchent entre autres à diminuer la crainte de l'hospitalisation ressentie par les jeunes patients et la solitude vécue par les personnes âgées. En 2008, DrClown a ainsi réalisé plus de 30 000 interventions, qu'il nomme joliment « prescriptions de tendresse ». 

Aussi, dans certains hôpitaux, des médecins se déguisent et s'amusent avec de faux instruments de travail - par exemple, un stéthoscope qui laisse échapper des bulles de savon - afin de créer une plus grande complicité avec les patients, en particulier les enfants. Des hôpitaux disposent aussi d'une salle de rire pour les adultes, où ils peuvent visionner des films drôles, lire des livres et des bandes dessinées ou écouter des enregistrements humoristiques. Des programmes qui se servent de l'humour et du rire s'adressent également aux professionnels de la santé afin de les aider à affronter les exigences de leurs fonctions. 

Comment rigoler ? 
Bref, rire et développer son sens de l'humour, c'est bon pour la santé physique, mentale et émotive. Mais comment y parvenir si on n'est pas, au départ, d'un naturel « guilleret »? On peut, bien sûr, suivre une psychothérapie ou s'initier aux approches de développement personnel pour avoir davantage d'humour afin de mieux affronter la vie et les événements « malheureux ». Une façon plus directe est de participer à un Club de rire. 

Les Clubs de rire ont été créés en Inde par le Dr Madan Kataria en 199514. On en compte aujourd'hui au-delà de 6 000, répartis dans plus de 60 pays. Dans un Club de rire, chacun expérimente le rire en groupe, sur une base régulière, pour son plus grand bien. Toutes sortes d'exercices visent à stimuler sa propre capacité à rire, à relaxer et à se libérer de ses inhibitions. Le tout permettrait de cultiver sa santé et d'adopter une attitude plus positive et plus joyeuse envers la vie. Des instructeurs enseignent la technique aux personnes qui veulent mettre un club sur pied. Les séances de rire se déroulent en groupe, le plus souvent le matin, pour commencer la journée du bon pied. On retrouve une liste des clubs à travers le monde sur le site Laughter Yoga du Dr Kataria et un répertoire pour l'Europe francophone sur le site Club de Rire (voir les Sites d'intérêt). 

À l'action 
Si vous voulez mettre plus d'humour dans votre vie, il existe mille et un trucs (voir Livres, etc., les Sites d'intérêt et En pratique). Vous pourriez, par exemple, mettre des poissons rouges dans le réservoir de la distributrice d'eau du bureau, noter les meilleures histoires drôles que vous entendez ou prendre l'habitude d'exagérer délibérément pour remettre les choses en perspective. Le DrPatch Adams aurait dit que l'humour étant la solution parfaite à tous les maux, il faudrait interdire de pratique tous les médecins sérieux... 




 
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