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Un système de fourniture d’énergie à base de fusion froide qui fonctionne, vendu d’ici un an à un prix abordable, avec un coût de fonctionnement proche de zéro. Utopie ou réalité ?

La fusion froide a généralement mauvaise presse par chez nous, il suffit d’en lire l’introduction sur Wikipédia dont le deuxième paragraphe dit comme suit:
« L’expression fusion froide n’est pas admise par la majorité de la communauté scientifique, parce que l’expérience de Pons et Fleischman est difficilement reproductible et a déclenché une polémique mondiale sur la vérification effectuée par les comités de lecture. Le principe même de la fusion froide reste controversé, certains n’hésitant pas à assimiler ces expériences à celles de l’alchimie et des tentatives de transmutation du plomb en or ; les processus physiques reconnus permettant d’aboutir de façon avérée à des réactions de fusion nucléaire, utilisables pour la production d’énergie, nécessitent en effet des pressions et des températures extrêmement élevées. » (1)
Pour autant, des conférences sont régulièrement organisées sur ce thème et de nombreux chercheurs développent des théories et des prototypes. La recherche avance, plusieurs équipes ayant constaté des développements de chaleur « inexplicables » mais apparemment difficilement reproductibles. Pourtant, au moins un système est d’ores en déjà en phase de test, d’où dépendra son industrialisation: le E-Cat.

Le E-Cat est issu des travaux de Andrea Rossi, pionnier de la recherche en fusion froide sur la ligne dite LENR, pour Low Energy Nuclear Reaction. Le principe est décrit dans un article placé sur le site ArXiv en avril de cette année (2). Andrea Rossi explique un peu plus ce processus lors d’un rare entretien publié cette semaine (le 5 octobre) sur le site ExperimentalMaths (3): « Ma théorie est qu’un proton issu d’un atome d’hydrogène s’insère, par effet de tunnel quantique, dans un noyau de Li-7 (un noyau de Lithium de poids atomique 7), formant ainsi un noyau de Be-8 (un noyau de Béryllium de poids atomique 8), qui alors se désintègre en quelques secondes en deux particules alpha (noyau d’hélium), accompagné d’une décharge énergétique significative. »

Ce qu’il faut comprendre, c’est que si ce processus fonctionne réellement, c’est la porte ouverte à une énergie « nucléaire » propre car sans radiations, infinie car le carburant principal est l’hydrogène, et quasi gratuite du fait que les autres matériaux sont très abondants (le nickel notamment). Rossi est en train de tester une version industrielle dont le prix tournerait autour de 5000 USD, pour un budget de consommables de quelques dizaines de dollars… par an. Si ce système fonctionne, et le verdict tombera en février 2016, une version grand public, capable de fournir l’eau chaude sanitaire et le chauffage pour une maison, sera développée pour un prix entre 500 et 1000 dollars, et un budget de fonctionnement de 20 dollars par an.

Lard ou cochon? Un brevet a été déposé et accepté par le US Patent Office sous le n° US 9,115,913 B1, accessible sur le site du Journal of Nuclear Physics (4). En janvier 2014, une société nommée Industrial Heat a été créée par des investisseurs pour l’acquisition des droits sur le E-Cat (5). Le fait que la technologie soit actuellement en phase de test semble démontrer que cette acquisition n’est pas simplement une manœuvre du lobby énergétique pour mettre le E-Cat définitivement sous le tapis.

Avant de conclure ce rachat, Industrial Heat a fait procéder à un test du prototype par un panel de scientifiques européens, dont le compte-rendu est également public et disponible sur le site ArXiv (6). Le test a conclu que le système développait effectivement une quantité d’énergie d’un ordre de magnitude (x10) au-dessus de ce que l’on pourrait attendre d’une réaction chimique classique avec ces ingrédients. Dont acte. En espérant que Andrea Rossi ne se retrouve pas « suicidé » si le système s’avère fonctionnel…

Vincent Verschoore

Notes:








 
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