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Il y a cinquante ans, le général de Gaulle, président de la France débarquait du navire de guerre Le Colbert, dans la baie de l’Anse-au-Foulon, près de la ville de Québec. Il choisit de remonter vers Montréal en remontant le chemin du Roy, tout le long duquel il fut acclamé par une foule de plus en plus nombreuse.

Le 24 juillet 1967, le général de Gaulle prononce un discours historique depuis le balcon de l’Hôtel de ville de Montréal. Il affirme :
« Ce soir ici, et tout le long de ma route, je me trouvais dans une atmosphère du même genre que celle de la Libération. Outre cela, j’ai constaté quel immense effort de progrès, de développement, et par conséquent d’affranchissement vous accomplissez ici et c’est à Montréal qu’il faut que je le dise, parce que, s’il y a au monde une ville exemplaire par ses réussites modernes, c’est la vôtre. Je dis c’est la vôtre et je me permets d’ajouter c’est la nôtre. »
Et le chef de la France Libre termine son discours en lançant le fameux « Vive le Québec libre ». Il regagnera ensuite la France par avion Pour la première fois, la question québécoise est posée à la face du monde. Ce discours permit de mettre la cause du Québec sur le devant de la scène internationale. Après deux siècles d’humiliation, depuis la conquête anglaise de 1760, le peuple français du Canada, les

Québécois, se voyait accorder, par le plus illustre des Français du XXème siècle, une reconnaissance de sa dignité et de son désir d’indépendance, c’est-à-dire le droit d’être maître chez soi. C’en était fini avec les années de grande noirceur, celles où les Français de cette partie de l’Amérique du nord étaient les « nègres blancs » d’Amérique.

Le sociologue Mathieu Bock-Côté notait dans Le Figaro du 24 juillet 2017 que l’appui de Charles de Gaulle à l’indépendance du Québec s’inscrivait clairement dans une vision globale de l’Histoire et du rôle de la France dans la construction d’un monde nouveau « fondé sur la reconnaissance des peuples et faisant la promotion du respect des petites nations ». Le fait est que, désormais, le Québec pout compter sur le soutien actif, résolu, permanent, de la France, du moins jusqu’à ces dernières années.

Québec Palestine, deux peuples amputés De nos jours où en est la question de l’indépendance ?

On se souvient que le référendum du 30 octobre 1995 sur l’indépendance du Québec échoua à une très courte majorité de moins de 1%, probablement en raison de trucages de l’appareil fédéraliste d’Ottawa et, comme le soulignait le Premier ministre québécois Jacques Parizeau, de l’argent « dépensé à profusion par le gouvernement fédérale, et des « votes ethniques », c’est à dire la minorité anglophone et le plus grand nombre des immigrés.

Depuis, le combat souverainiste est en sommeil, le Parti québécois qui a trop souvent confondu l’idéologie progressiste la plus sectaire et le combat patriotique a décliné, la volonté d’ancrer le souverainisme « à gauche » a provoqué le désarroi de nombreux électeurs…

À cela il faut ajouter la victoire électorale d’un Justin Trudeau, Premier ministre du Canada, ennemi acharné du souverainisme et chantre de cette mondialisation ultra-libérale qui ne laisse effectivement aucune place aux aspirations nationales des peuples.

Il faut bien constater que, jusqu’à présent, le rendez-vous avec l’Histoire a été manqué. Mais toute la question est de savoir s’il est possible d’ignorer continuellement le droit d’un peuple à être libre. Les Québécois et les Palestiniens seront-ils les derniers peuples du monde dont ce droit est bafoué, resteront-ils les éternels perdants, amputés de leur identité politique ?

Fort de sa civilisation de langue française, de ses réussites en matière culturelle et technologique, véritable puissance économique, le Québec est-il condamné à rester « le plus riche et, peut-être, le dernier des États colonisés » ? Se pourrait-il comme le craignait le grand poète Gaston Miron que cela – c’est-à-dire l’indépendance- n’arrive jamais ? Pourtant ajoutait-il le Québec ne peut survivre sans l’indépendance car « un peuple qui n’a pas d’expression politique souveraine est un peuple mutilé, amoindri, dépossédé de lui-même, infirme ». La nation québécoise a besoin, comme toutes les nations du monde, d’un État québécois souverain.

Renoncer à l’État souverain et à l’indépendance de la nation conduit à se condamner à ne plus avoir de visage particulier, tant il est vrai qu’une civilisation dont l’expression politique est amoindrie est inexorablement condamnée à s’effacer.

Le choix historique 
C’est avec son État souverain que la nation québécoise trouvera toute sa place dans le concert de l’humanité. Sinon le risque est grand que le Québec ne devienne une sorte de réserve francophone ou un « bantoustan ». Indépendance ou disparition tel est le choix historique qui ne dépend en réalité que des Québécois eux-mêmes.

À vrai dire, leur pays ne manque pas d’atout. Avec ses 8 millions d’habitants, ses 1 667 441km2 et un PIB de plus de 300 milliards de dollars des États-Unis, le Québec dispose d’immenses ressources.

En plus de ses importantes possibilités énergétiques (Hydro-Québec), ses richesses naturelles (produits forestiers) et minières, c’est un pays en pointe dans la haute et moyenne technologie - aérospatiale, matériel électronique et de communication, numérique, produits pharmaceutiques, produits chimiques, machinerie, etc.

Il est donc clair qu’un Québec libre, associé d’une manière ou de l’autre au Canada, membre de l’ALENA, serait viable, avec un potentiel comparable à celui de nombreux États développés de moyenne importance.

Comme l’écrit Zeina el Tibi dans son Québec, l’Amérique en français (2002 ) :
« La nation québécoise n’est pas seulement un passé, émouvant et glorieux, c’est surtout un avenir. Elle a su trouver sa place sur le nouveau Continent où elle apporte une contribution originale à la construction des Amériques et représente une authentique civilisation.
Elle a su s’affirmer comme une puissance économique et ultramoderne, un chef de file dans le domaine des nouvelles technologies, une civilisation vivante et riche, une société ouverte dotée d’une grande capacité d’intégration.
Le Québec incarne également sur la scène internationale un courant nécessaire visant à contester le danger de la disparition des identités culturelles dans une mondialisation débridée et sans règles.
Riche de son expérience et de son propre combat durant plus de deux siècles, fort de son modèle qui fait de lui une exception, il plaide avec conviction pour le respect du droit à la diversité des nations, c’est dire le respect de la dignité des peuples. »
Dr Charles Saint-Prot, Directeur général de l’OEG

Source : AL AYAM - Magazine Economique Hebdomadaire Libanais. Fondé en 1966 par Wafic El Tibi / Rédacteur en Chef : Marwan Walid El Tibi.

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