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L’image de la phtisie a été romantique pendant le XVIIIe siècle, lorsque la maladie n’était pas encore trop répandue, et jusqu’au milieu du XIXe siècle, où elle est devenue une épidémie. Cette image n’était pas seulement véhiculée par les écrivains et les peintres, mais aussi par les médecins. 

Avec la propagation massive de la maladie, plus particulièrement dans les classes laborieuses, l’image de la phtisie a changé, bien que les deux images (maladie romantique et maladie du prolétariat) aient cohabité un certain temps. Le terme de « tuberculose » n’est d’ailleurs apparu qu’au XIXe siècle (après 1830 plus précisément). 

La tuberculose est une infection des poumons et d’autres organes. Elle est due à une bactérie qui détruit les tissus et crée des cavités. La maladie serait aussi vieille que l’humanité ; elle est connue et décrite depuis l’Antiquité. L’épidémie a atteint son apogée au XIXe siècle, où elle a été responsable de près d’un quart des décès des adultes en Europe. On compte dans le monde une nouvelle infection par le bacille tuberculeux chaque seconde. Un tiers de la population mondiale est actuellement infecté. De 5 à 10 % des sujets infectés développent la maladie ou deviennent contagieux au cours de leur existence

Vers 1820, on pensait qu’elle était héréditaire, qu’elle frappait les êtres sensibles et fragiles et « consumait les êtres brûlants de passion ». C’est dans les années 1830, sous la Monarchie de Juillet, que l’on a remarqué que la maladie était plus fréquente dans les couches sociales les plus pauvres. De la fin des années 1860, la probabilité de contagion était évoquée. Aux alentours de 1900, par contre, la tuberculose était considérée comme un fléau national et reconnue comme étant très contagieuse.

Au début du XIXe siècle, la tuberculose s’est répandue en masse en Angleterre et en particulier à Londres, à cause de l’industrialisation et ses conséquences (mauvaises conditions d’habitation, carences alimentaires, travail long et difficile). Puis elle a atteint les grandes villes du continent. Les personnes âgées de 20 à 40 ans, économiquement productives, étaient particulièrement touchées. 

Le diagnostic précoce de la maladie était primordial pour lutter contre la tuberculose. Une campagne d’information et de prévention a également été nécessaire. Des tracts ont été distribués et des affiches interdisant de cracher ont été accrochées dans les bâtiments publics et les transports en commun. L’information est passée non seulement au moyen de brochures et de livres, mais aussi par l’intermédiaire de films et de pièces de théâtre. La propreté, l’aération et l’ensoleillement ont aussi eu un rôle important dans la prévention et la lutte contre la tuberculose. Les symptômes de la maladie sont assez discrets et peuvent être confondus avec les symptômes d’autres maladies, ce qui empêche souvent la détection à un stade primaire. 

La tuberculose pulmonaire est la seule forme de tuberculose qui soit contagieuse. Elle représente 90 % des tuberculoses. Elle se traduit par une exsudation dans les alvéoles pulmonaires et dans l’espace pleural. Les bronches sont ensuite atteintes. En 1882, le chercheur allemand Robert Koch a isolé le bacille responsable de la maladie, Mycobacterium tuberculosis. 

La personne malade n’est pas physiquement enlaidie. Ce serait même l’inverse : la maladie peut lui apporter une certaine beauté, un certain charme. Par exemple, elle devient pâle, s’amincit, son regard devient brillant et ses gestes, traduisant sa faiblesse, peuvent montrer une certaine grâce. L’aspect fragile, lascif, tout comme celui, passionné, de ses yeux à l’éclat fiévreux, contribuent à l’attrait que donne la consomption. Bien que cette apparence ne traduise pas la réalité, ni la gravité de la maladie, elle a influencé les artistes de l’époque, qui ont fait de la femme phtisique une véritable icône.

Ainsi, les symptômes de la tuberculose sont proches de ceux du « Mal de vivre », très répandu au XIXe siècle et qui constitue caractéristique du romantisme, et de ceux de la dépression, dont le « Mal de vivre » est proche. Les symptômes du « Mal de vivre » ou le « Mal du siècle » sont : Désillusion, Insatisfaction, Pessimisme, Mélancolie (spleen), Désespoir… Par ses symptômes, la tuberculose s’inscrit donc dans le mouvement romantique.

Quelques artistes du XIXe siècle victimes de la tuberculose : Frédéric Chopin, compositeur et pianiste franco-polonais mort en 1849. Friedrich Von Schiller, poète et écrivain romantique allemand disparu en 1805. Aussi, des héroïnes romantiques atteintes de tuberculose, comme Marguerite Gautier, La Dame aux camélias d’Alexandre Dumas fils (1848), Madame de Beaumont issue des Mémoires d’Outre-tombe de François-René de Chateaubriand (1848) et Fantine, l’un des personnages les plus misérables parmi Les Misérables de Victor Hugo (1862). Puis, dans un genre plus réaliste, Francine, dans les Scènes de la vie de bohème de Henry Murger (1851). 

Les Misérables, Victor Hugo, 1862
Les Misérables, roman de Victor Hugo paru en 1862, est l’une des œuvres les plus populaires de la littérature française. « Le destin tragique de Fantine ouvre le roman (tome 1) ». La maladie est symboliquement associée à la maternité : « Fantine avait nourri sa fille ; cela lui avait fatigué la poitrine et elle toussait un peu ». « La phtisie sociale s’appelle misère »

Adaptation : Arlette Colin





 
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