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Petite comédie (dramatique) qui ne paie pas de mine, La Crise possède de belles qualités. Alors oui l'histoire est très simpliste et il ne se passe pas grand-chose mais tout réside dans les dialogues.

En effet ces derniers sont très inspiré et jouent sur le fait que les gens ne s'écoutent pas parler. Ils sont souvent remplis de reproches mais sont aussi drôle et abordent des sujets intéressant comme le racisme, l'amour ou encore la médecine chinoise. Ils offrent de belles scènes avec notamment une scène finale très touchante et des scènes loufoques. Le film transmet de l'émotion et fait sourire.


La scène culte de Maria Pacôme dans "La Crise" de Coline Serreau (1992)

La mère : Alors écoute Victor, tu arrêtes. Tu arrêtes tout de suite. Tu te tais et tu m'écoutes. D'accord ? Alors écoute bien : tes problèmes de boulot, tes problèmes avec ta femme, tes problèmes de fric, tes problèmes en général et en particulier, moi ta mère, je m'en fous comme de l'an quarante, tu m'entends ? Je m'en fous, mais alors je m'en fous, je peux pas te dire à quel point je m'en fous. Je n'en ai vraiment rien, rien, rien à foutre.

Victor : Mais merde c'est pas croyable : ma propre mère se fout de mes problèmes ?

La mère : Je vais te dire encore mieux : non seulement je me fous de tes problèmes, mais je me fous également des problèmes de ta soeur, je m'en fous totalement… Attends, y'a encore plus rigolo : je me fous royalement des problèmes de ton père

Victor : Mais je rêve ! Ma parole je… je rêve !

La mère : Non, non mon lapin, tu ne rêves pas. Pendant trente ans je vous ai torchés, nourris, couchés, levés, consolés, tous les trois. J'ai repassé vos chemises, lavé vos slips, surveillé vos études. Je me suis fait des monceaux de bile, je n'ai vécu que pour vous, qu'à travers vous. J'ai écouté toutes vos histoires, vos problèmes et vos chagrins, sans jamais vous emmerder avec les miens. Alors maintenant, je prends ma retraite. Toi, il te reste une longue vie devant toi pour résoudre ta crise ; moi il me reste très peu de temps pour résoudre la mienne. Alors tu permettras que pour une fois je m'occupe de mes affaires avant les tiennes.

Victor : Tu vas détruire toute une famille, qu'est-ce que je dis, deux familles, pour une vulgaire histoire de cul ?

La mère : Ah d'accord, alors quand il s'agit de ton cul c'est de l'amour, mais quand il s'agit du mien, c'est vulgaire, c'est ça?

Lisa : Oui c'est vulgaire, c'est dégueulasse !

Victor : Mais enfin maman, c'est une passade, il a dix ans de moins que toi, ça ne peut pas durer !

La mère : Mais mon petit chéri ça durera ce que ça durera, ça m'est bien égal, même si ça ne devait durer qu'une heure je referais tout pareil… de toute façon j'ai jamais vu que la durée fasse tellement de bien aux histoires d'amour.

Lisa : Ce n'est pas une histoire d'amour, tout ce qui t'intéresse c'est de t'envoyer en l'air !

La mère : Mais bien sûr que ça m'intéresse de m'envoyer en l'air, ça t'intéresse pas toi ? Et même si c'était qu'une belle histoire de cul, j'ai pas le droit d'en avoir une belle histoire de cul, moi ? Et… ils sont insensés tous les deux, comment ils croient qu'ils sont venus sur cette terre ? Vous croyez que je vous ai fait avec mes oreilles ? Je vous ai faits avec mon cul mes petits poussins… même qu'à l'époque c'était drôlement chouette le cul avec votre père, mais voilà, qu'est-ce que vous voulez, maintenant il se passe plus rien entre nous… alors ça vous fait peut-être pas plaisir de l'entendre, mais votre mère, elle a un cul. Qui va très bien. Il va mieux que jamais même. Et puis, y'a autre chose que vous voulez pas entendre : Je suis amoureuse. Je suis heureuse… Je nage dans le bonheur.


 
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