Menu

News

Nous reprenons, ici, l’intégralité de l’interview du Dr Charles Saint-Prot, Directeur général de l’Observatoire d’Etudes Géopolitiques Paris (OEG), réalisée par le journal Maroc Hebdo.



Quelle lecture pouvez-vous faire des déclarations de Abdelkader Messahel accusant le Maroc de tous les maux?
CSP : Tout d’abord on peut se demander si ce ministre n’a pas perdu la tête. En effet, sa diatribe contre le Maroc est contraire à toutes les règles de courtoisie de la vie internationale et des relations entre les États. À vrai dire, M. Messahel avilit son pays en se comportant comme le représentant d’un État voyou. L’inimitié qui peut exister entre deux pays a des limites et les insultes gratuites proférées par le ministre des Affaires étrangères algérien dépassent évidemment les bornes et montrent que cet homme politique n’a pas sa place dans un gouvernement. L’usage voudrait que ce ministre soit démis de ses fonctions.

Pour lui, le Maroc ne fait rien en Afrique à part le blanchiment de l’argent de la drogue à travers les banques marocaines…
Ces allégations sont pathétiques de la part du ministre d’un pays qui n’a aucune politique étrangère digne de ce nom et qui continue à fonctionner sur les vieux clichés de la guerre froide et selon une vision surannée qui a échoué sur tous les points. L’Algérie n’a plus aucune présence en Afrique parce que les Africains ont compris depuis longtemps que le régime algérien ne peut rien leur apporter et qu’il a voulu les prendre en otages dans le jeu trouble qu’il joue contre le Maroc. En fait, en Afrique, Alger n’a pour amis que les vieux régimes totalitaires et corrompus qui on fait faillite et ont conduit leur peuple à la ruine.

Mais, M. Messahel considère que le Maroc n’est pas un partenaire fiable des pays africains.
C’est précisément le contraire. C’est Alger le semeur de troubles qui n’a aucune crédibilité sur le continent. En revanche, le Maroc a une politique active en Afrique, aussi bien pour ce qui concerne la coopération économique et technique, les relations humaines, la coopération universitaire, la lutte contre le terrorisme et pour la stabilité régionale, le combat contre les groupes extrémistes radicaux et la promotion de l’Islam du juste milieu. Le Roi Mohammed VI est certainement le chef d’État le plus respecté et aimé des Africains.

Pour quelle raison à votre avis le chef de la diplomatie algérienne s’est laissé aller de la sorte?
Je pense que ce manque de maîtrise peut s’expliquer par le fait que le système algérien est aux abois. Le régime est à bout de souffle, profondément méprisé par un peuple qu’il a ruiné et exploité. La chute des cours du pétrole a précipité la crise et les Algériens s’aperçoivent que leurs dirigeants sont non seulement corrompus mais encore qu’ils n’ont pas su mettre à profit les richesses en hydrocarbure pour construire les bases d’un développement reposant sur la diversification. La situation est aujourd’hui inquiétante parce que c’est la ruine qui menace ce pauvre pays où le taux de chômage et l’inflation ne cessent d’augmenter…

La crise politique et économique algérienne serait donc pour quelque chose dans cette sortie?
Il est évident que l’Algérie est en crise. Dans ce contexte, le régime crée un climat détestable dans la région pour tenter d’exporter la crise. Les dirigeants algériens veulent détourner l’attention et faire oublier qu’ils sont incapables de proposer des solutions à leur peuple. Ils mènent donc une politique de fuite en avant irresponsable et dangereuse. On le voit bien avec la recrudescence des actions de propagande contre le Maroc, notamment au sujet du Sahara marocain.

Propos recueillis par Noureddine Jouhari




 
Top