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Philosophe, économiste, anthropologue, psychanalyste, historien, penseur politique, d’une vitalité étourdissante, Cornelius Castoriadis avait voulu s’exprimer avec nous de façon claire et concise sur ce qu’il appelait « la montée de l’insignifiance ». 

En voici la transcription dans la collection des TEXTES À L’APPUI qui sont proposés par le site "LÀ-BAS". L’analyse de Castoriadis, est un encouragement lucide pour celles et ceux qui n’ont pas renoncé.

Corneille, dissident essentiel
Oui, l’insignifiance a gagné encore plus de terrain depuis vingt ans. Mais pas question d’abdiquer pour autant. Castoriadis n’a pas sombré dans le renoncement esthète, ni dans le cynisme mitterrandien de l’époque. « Je suis un révolutionnaire favorable à des changements radicaux », disait-il quelques semaines avant sa mort. Il ne manquait jamais de citer son ancêtre Thucydide : « Il faut choisir, se reposer ou être libre », ou encore, du même, « un homme qui ne se mêle pas de politique mérite de passer, non pas pour un citoyen paisible, mais pour un citoyen inutile. » 

La diffusion de cet entretien a rencontré un grand succès. Castoriadis en était ravi, heureux de s’adresser au grand public. « Il y a des bouteilles à la mer qui arrivent à bon port », disait-il. 

Cornelius Castoriadis est mort un an plus tard, le 26 décembre 1997. Né en Grèce, il s’installe en 1945 à Paris. Il crée en 1949 la revue, aujourd’hui mythique, Socialisme ou Barbarie, "de gauche radicale antistalinienne", qui s’arrêtera en 1967. 

En 1968, avec Edgar Morin et Claude Lefort, il publie Mai 68 : la brèche. En 1975, il publie l’Institution imaginaire de la société, son ouvrage le plus important. En 1978, il entreprend la série des Carrefours du labyrinthe. C’est lors de la publication du quatrième volume de cette série, la Montée de l’insignifiance, (Seuil) qu’il nous a reçu en novembre 1996. Une dernière phrase notée avant de le quitter : « Je ne pense pas que l’on puisse faire marcher d’une manière libre, égalitaire et juste le système français capitaliste tel qu’il est. » 

« Énorme, hors norme, un titan de la pensée », dit son vieil ami Edgar Morin. Une pensée encyclopédique, une jubilation de vivre et de lutter, lutte charnelle, spirituelle, infinie, mais en mouvement et qui nous laisse du grain à moudre et du pain sur la planche…

Daniel Mermet






 
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