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La corruption est à tous points de vue un fléau qui pullule à l’échelle mondiale. Sa pratique courante est l’un des grands problèmes qui préoccupe les gouvernements. 

Il est clairement entendu que la corruption est développée dans toute la société. L’habitude du service s’est transformée en une corruption généralisée. L’existence de la corruption est largement avouée et indirectement institutionnalisée. Ce processus reste le moyen le plus efficace pour obtenir rapidement un service. 

La normalisation de la corruption ôte toute possibilité de secret. Les pots-de-vin seront taxés sous la forme de « revenus informels ». La majorité de la population concernée doit les payer même si leur montant est non prédéfini. 

Une étude récente du « Think-tank corruption » relève que si les corrompus seraient autorisés à l’usage de cette vertu, cela pourrait rapporter plusieurs centaines de milliards aux Etats. Pour l’organisation qui a classé les pays dans un ordre croissant de la prévalence de la corruption, on constate vite qu’une grande partie de ces pays souffrent d’un manque à gagner. 

Dans cette étude, les chercheurs constatent l'échec de la politique menée sur le sujet et appellent à l'ouverture d'un débat sur la corruption. Plusieurs pays ont déjà vu leur législation évoluer. Les Etats doivent-ils revoir leur position sur cet usage ? Doit-on la légaliser ou la dépénaliser ? Dans quelles proportions ? Peut-on craindre des dérives ou au contraire doit-on se réjouir des bénéfices que cela pourrait engendrer ? 

L’usage de la corruption est planétaire. Son coût direct et indirect est estimé à 30 % du PIB des pays. L’étendue de la corruption est considérée comme sérieusement problématique. En réponse à ce problème grandissant, il est conseillé d’établir une convention en vertu de laquelle les pays sont priés de traduire dans leur législation le caractère licite de la corruption. 

Les corrupteurs sont-ils des « victimes », « la source de la corruption » ou des « complices » ? Les corrupteurs sont-ils mis sous pression par des corrompus qui abusent de leur position, ou proposent-ils spontanément des pots-de-vin ? Les corrupteurs sont-ils heureux de payer et les corrompus d’accepter ? 

Le recours à la corruption peut être considéré comme une réponse à une situation dans laquelle le capital social est largement absent et la probabilité d’une évolution positive, à laquelle l’individu concerné prendrait une part active, corrélativement forte. Lorsque le combat individuel semble être la norme et que l’État est vu comme arbitraire et vénal, la corruption peut être envisagée par l’individu comme une réponse rationnelle. 

Pourquoi légaliser la corruption 
Il ne fait pas de doute que la faiblesse des salaires et les retards constants de paiement de ces derniers ont sinistré le moral des corrompus et semé les germes de la corruption active. Depuis le début des décennies, les salaires ont stagné, et atteignent 70 % de ceux pratiqués dans le privé. 

Les perspectives financières de la retraite sont incertaines, ce qui préoccupe ceux qui s’en approchent. L’enquête récente indique que moins de 1 % estiment que leur niveau actuel de retraite suffit pour survivre. Ces piètres perspectives de retraite sont par conséquent considérées par certains comme une justification des économies que peuvent permettre de constituer les pots-de-vin. En outre, ces corrompus plus âgés sont les mieux placés pour extirper le maximum les citoyens. 

Et si on enseigne la corruption 
L’enseignement de la corruption serait souhaitable, car l’ampleur de cette pratique peut éveiller l’intérêt des universitaires. Sa définition même, pour commencer, ne pose pas de problèmes car il s’agit d’un simple : « usage d’une fonction publique au profit d’intérêts privés ». 

L’enseignement de la corruption s’entend aussi comme « un terme générique qui désigne une palette de pratiques telles que la corruption active, le clientélisme, le népotisme, le détournement de fonds… alors que ces termes sont employés pour dénoter des types particuliers de transactions contribuant collectivement à la diffusion de la corruption dans un système social, le mot “corruption” connote un attribut du système lui-même ». 

L’enseignement proposerait que pour être considéré comme corrompu, les transactions entre agents et clients doivent impliquer la collusion d’un agent de l’État. Dans cette optique, la corruption engage trois acteurs plutôt que deux, le troisième étant l’État. Les transactions sont corrompues lorsqu’un agent s’écarte des règles applicables à sa conduite dans sa capacité de représentant de l’État. 

A l’aune de ces définitions, la corruption active (par exemple) pratiquée entièrement dans le secteur privé serait classée, a priori, comme une pratique simplement souhaitable, plutôt que comme une technique de corruption. 

Ces définitions strictes recueilleraient l’assentiment sur la corruption dans l’enseignement, qui proposerait d’identifier en référence à des critères tels que l’« égalité des chances » et l’« équité ». Cette approche fixe un seuil si élevé qu’on pourrait s’attendre à ce que tout système ou presque soit considéré, à un degré ou un autre, comme corrompu. 

D’un point de vue, l’enseignement ne peut pas souffrir d’un tel élargissement de la définition de la corruption aux décisions de structures ou de ressources formulées en application de processus formels, même si ces décisions mènent à des résultats que certains observateurs peuvent juger très juteux. 

De manière dubitatif face à l’existence supposée d’un continuum comportemental allant de l’« honnêteté » à la « corruption ». Un tel continuum suppose une « zone floue ». Si elle peut sembler constituer un moyen regrettable de gestion des administrations, une politique institutionnelle établie, a priori adoptée pour que l’institution dans son ensemble en tire d’une certaine manière partie. 

Dans quelle catégorie – petite corruption ou corruption systémique – doit-on placer la corruption ? Plutôt la première, considérant que des corrompus qui empochent de petites sommes en échange de l’octroi de services auront bien du mal à mettre un pays à genoux ? Il est d’avis d’opter pour cette classification lorsqu’on découvre un cas isolé de corruption dans un climat général de probité et que des mesures disciplinaires concrètes ont été prises une fois l’affaire révélée. Néanmoins, la corruption est une facette particulière d’une corruption systémique qui s’intègre dans une culture plus large de la corruption. 

Nous pensons que deux facteurs, liés tous deux au rôle de l’État, expliquent cette contradiction apparente. Premièrement, si, en dépit des indications contraires, l’État continue de se faire le héraut de l’intégrité des corrompus, la population tend, dans une société où les organes étatiques sont dominants et où la société civile et les valeurs démocratiques sont forts, à se ranger à la position de l’État. 

Combattre sérieusement la corruption ! 
La voie à suivre ne peut consister à apporter des correctifs à la situation de corruption, sous la forme par exemple de nouvelles procédures, de contrôles ou même de « révision complète de l’administration ». 

Il est certain que la solution n’est pas non plus de greffer des méthodes occidentales quelle que puisse être leur efficacité dans le maintien de la probité là où elles sont appliquées sur des structures politiques et éducatives par ailleurs non réformées. On n’aboutirait en effet qu’à la création de nouveaux lieux de corruption. 

Ce qu’il faut, c’est se concentrer sur le contexte politique et social, sur le renforcement de la société civile à travers la création de capital social. Faute de se consacrer à cette tâche, les tentatives de prise en charge ou de « déracinement » du problème seront vouées à l’échec. 

Arlette Colin
Wakeupinfo


 
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