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«Eden», sur Arte, suit le parcours de différents demandeurs d'asile sur le continent européen. Une série chorale tournée notamment dans un véritable camp de réfugiés.

Une plage en Grèce. Des touristes qui voient débarquer un canot pneumatique avec à son bord plusieurs dizaines de migrants. À peine leurs pieds touchent le sable, qu'ils se mettent à courir vers la liberté. Le regard médusé des vacanciers cristallise l'effarement et l'incompréhension d'une grande partie de nos sociétés occidentales aujourd'hui. « Eden », série en six volets diffusée sur Arte à partir de ce jeudi, à 20h55, aborde un sujet d'actualité brûlant : l'accueil des migrants en Europe.

C'est Dominik Moll, cinéaste notamment de « Harry, un ami qui vous veut du bien », qui réalise la série. « Dans mes films je n'avais jamais abordé un sujet sociétal d'une telle importance, avoue-t-il. Donc ça m'a attiré et fait un peu peur en même temps. Je me suis dit qu'il ne fallait pas se louper ! » Cette production franco-allemande repose sur un récit pluriel où différents destins se croisent.

Une partie de l'action se déroule à Athènes, dans un camp d’accueil géré par une entreprise privée. Sylvie Testud incarne Hélène, patronne de l'entreprise qui veut prouver qu'un accompagnement et une intégration des demandeurs d'asile sont possibles, tout en constituant une opération rentable financièrement. Les scènes qui s'y déroulent ont été tournées dans un véritable camp de réfugiés en Grèce.



«Nous n'arrivions pas en terrain conquis»
« La production grecque a effectué un énorme travail de préparation avec les autorités et les associations locales pour nous permettre de filmer dans ce camp en activité », souligne le producteur français Jimmy Desmarais. « Nous même, on a essayé de faire très attention sur place, précise Dominik Moll. Nous n'arrivions pas en terrain conquis, nous n'étions pas chez nous et il fallait respecter ça. Au final, ça s'est très bien passé, alors qu'on vient d'apprendre qu'une autre équipe de tournage qui n'avait pas fait cette préparation, s'est faite virer récemment du même camp par les autorités grecques ! »

Dans ce camp à l'écran, vivent Amare et son grand frère, deux réfugiés nigérians. L'aîné rêve de vivre en Angleterre, mais sa demande de visa étant repoussée, il va prendre son destin entre ses mains en s'échappant du camp avec son cadet. Le plus jeune acteur, Joshua Edoze, est peut-être le meilleur de la série. Il communique dans son regard une détresse qui vous serre le cœur.

En Allemagne, on retrouve une des familles présentes sur la plage de la première séquence. Les parents ont depuis fait le choix d’accueillir un étudiant syrien, Bassam, dans leur foyer. Leur fils ado a dû mal à accepter la présence de ce nouveau venu.

En France enfin, un médecin syrien et sa femme obtiennent l'asile, mais sont rattrapés par leur passé. Dans la capitale, l'homme croise un de ses compatriotes, Fares, incarné par Jalal Altawil. Ce comédien a lui même connu les prisons syriennes à deux reprises et a fui le régime de Bachar al-Assad illégalement. « Dans Eden, quand mon personnage décrit sa cellule syrienne, en fait ce sont mes propres souvenirs », nous a-t-il confié les larmes aux yeux.
Délicatesse et justesse

Afin de renforcer l'authenticité du récit, la plupart des acteurs ont la même nationalité que leur personnage, à l'exception de Diamand Abou Abboud qui est libanaise alors qu'elle incarne une femme syrienne. « Mais les autres Syriens l'ont aidé à gommer son accent libanais », souligne Dominik Moll.

Grâce à ces différents portraits, « Eden » aborde le sujet des migrants avec délicatesse et justesse. On ne trouvera pas dans cette série de grandes réponses, mais quelques éclairages et de multiples éléments de réflexion. C'est déjà beaucoup.


 
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