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Une vidéo a été tournée à Versailles le 9 mars 2014, lors d’une grande soirée payée 634 000 euros par la filiale néerlandaise Renault-Nissan BV et organisée le soir des 60 ans de Carlos Ghosn. Non, vous ne rêvez pas...634.000€ pour une fête d'anniversaire, payée par Renault-Nissan. ça a dû lui faire bizarre de se retrouver d'un coup dans une cellule de 6,48 m2 seul et en silence total toute la journée.


La description de la vie carcérale au Japon contraste singulièrement avec celle des détenus en France. Dans la prison de Carlos Ghosn, un quotidien de silence et de solitude. Le dirigeant français est incarcéré dans un centre de détention de Tokyo, où il découvre un système carcéral japonais particulièrement sévère.

Ça commence par un interrogatoire. Plusieurs gardiens. Une pluie de questions. « Êtes-vous homosexuel ? ». « Est-ce que quelque chose vous inquiète ? ». « Avez-vous fait modifier votre pénis ? ». Il y a quelques années, un yakuza, tout juste emprisonné, serait tombé gravement malade suite à l'infection de petites perles incrustées dans sa verge, pour célébrer sa virilité. « Alors depuis, ils font très attention », souffle un jeune Européen, qui a récemment passé plusieurs mois dans une cellule du centre de détention de Kosuge, au nord de Tokyo, dans l'un des deux étages « VIP », où Carlos Ghosn est désormais incarcéré. « Le traitement est le même pour tout le monde », explique-t-il. Les gardiens ne font aucune différence.

A l'entrée, on note méticuleusement chacun de vos biens. « Ils ont retrouvé au fond de ma poche un bouton de chemise décousu et l'ont placé dans une petite pochette plastique portant mon numéro de matricule », se souvient un photoreporter français, incarcéré, au printemps dernier dans un centre d'une ville du sud du pays, pour une garde à vue de douze jours.

A Kosuge, les détenus ont le droit de garder leurs habits civils mais doivent abandonner leurs lacets, leurs ceintures, les vêtements jugés non conformes et leurs chaussettes. Trop dangereux en cas de déprime. « Mais on peut garder les socquettes japonaises qui montent jusqu'à la rotule ».

L'interdiction totale de parler
Après ce premier triage, c'est le choc de la cellule. 6,48 m2. Dans le centre de détention de Tokyo, tous les VIP sont seuls. Au sol trois tatamis, et au fond, sous une lucarne donnant sur un couloir de ronde, un bout de lino avec des wc et un lavabo. Une petite étagère pour ranger son bol et son assiette réglementaire. Un futon roulé que l'on ne peut déplier que le soir, à l'heure officielle du coucher. « On passe l'essentiel de la journée assis devant une table basse au milieu de la cellule ».

A part les deux tranches quotidiennes d'exercices de quinze minutes rythmés par des ordres donnés sur la radio interne, il est interdit de se lever pour marcher ou regarder par les grilles qui donnent sur le couloir et les autres cellules. « Un maton arrive immédiatement pour vous engueuler. » Et puis, il y a le silence. Complet. L'interdiction totale de parler, de chantonner, d'interpeller un autre détenu que l'on ne croisera de toute façon jamais.

Si ! Le matin, vous avez le droit à un cri. Le hurlement de votre numéro lors de l'inspection par les matons. Ils aboient « Bângo » devant votre cellule et vous répondez en japonais votre matricule. « « On ne prononce jamais votre nom », raconte le prisonnier. C'est la norme partout dans le système carcéral japonais.

« La télé est réservée aux condamnés à mort »
Il y a parfois un murmure. Un son étouffé d'une vidéo venue d'une cellule voisine. « A Kosuge, la télé c'est mauvais signe. C'est réservé aux condamnés à mort », souffle le jeune Européen. Beaucoup sont emprisonnés dans cette prison, au milieu des autres détenus, dans l'attente de leur ultime recours devant la Cour suprême située à Tokyo. En cas de rejet de leur appel, on les descend dans la salle des pendaisons. Le 6 juillet dernier, au petit matin, c'est là que Shoko Asahara, le leader de la secte Aum Shinrikyo, a été exécuté . On ne l'avait prévenu que quelques heures avant.

Pour se divertir, les personnes en garde à vue, comme Carlos Ghosn , ou dans l'attente de leur procès n'ont le droit qu'à un programme radio imposé en fin d'après-midi. Il y a les livres ou des journaux auxquels on peut s'abonner. « C'est ce qui occupe avec les repas toujours composés de viande, de riz, de soupe et de légumes ». A 8 heures, 11 h 50 et 16 h 20. « Et les rares sorties de cellule ! ». Quelques minutes, seul, chaque jour, pour respirer et se couper les ongles, dans une minuscule cour sur le toit entourée de murs mais laissant apercevoir le ciel. « Le plus dur, c'est cette oppression permanente, l'impossibilité de voir la vie extérieure », explique le Français, détenu dans le centre de détention du sud.

Une laisse tenue par un policier
Les gardés à vue auront parfois « la chance » de sortir pour aller chez le procureur à Tokyo, menotté et attaché à une laisse, courant autour du corps, que tient en permanence un policier. Mais la plupart des auditions pour Carlos Ghosn auront lieu à Kosuge, dans des salles aménagées. Lui sort aussi de sa cellule pour rencontrer brièvement, dans un parloir divisé en deux par une vitre, des diplomates français ou brésilien et son nouvel avocat, Motonari Otsuru. Les visites ou les lettres de proches lui sont interdites. « C'est partout comme ça tant que vous n'avouez pas », grince l'ancien détenu européen.

Après ces rares « respirations », retour cellule. On s'assoit. Encore. L'ordre de dormir tombe à 21 heures. Pour tous. Sous le drap du futon, sur le dos ou le côté. Le visage doit rester visible. Au plafond, un néon ne s'éteint jamais.




 
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