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Soren Kierkegaard (1813-1855) est un philosophe danois considéré comme le fondateur de l'existentialisme contemporain. A la question « Pourquoi croire en Dieu ? », Soren Kierkegaard répondrait que l’homme ne peut être lui-même que devant Dieu. Quel est alors ce grand saut dans l’existence qui caractérise la foi ? Si la philosophie ne suffit pas à nous aider, l’excellent Vincent Delecroix nous éclaire.



Le texte du jour
« J’allai dans la vie, favorisé de toute manière sous le rapport de l’esprit et de la vie matérielle ; tout était donné et tout fut fait pour développer mon esprit et l’enrichir le plus possible. Bien qu’avec une sympathie et une prédilection marquées pour la souffrance et ce qui d’une manière ou d’une autre gémit et pâtit, je peux dire qu’en un sens j’affrontai hardiment la vie, dressé dans une fierté presque téméraire ; à aucun moment de ma vie, je n’ai perdu cette foi : ce que l’on veut, on le peut, sauf une chose, mais tout le reste absolument, sauf une chose : la suppression de la mélancolie au pouvoir de laquelle je me trouvais.

(…) J’avais une écharde dans la chair, les talents de l’esprit, surtout l’imagination et la dialectique, une éducation chrétienne vraiment rare, et une attitude tout particulièrement dialectique à l’égard du christianisme ; j’avais appris dès l’enfance à obéir d’une obéissance absolue ; j’étais muni d’une foi presque téméraire en ma capacité de pouvoir toutes choses, sauf une, devenir un oiseau libre, ne fût-ce qu’un seul jour entier, ou rompre les chaînes de la mélancolie où une autre puissance me retenait ; enfin j’étais pour moi-même un pénitent. Il me semble maintenant qu’une autre puissance a pris soin dès le premier moment de ce sursis, semblable en cela au pêcheur disant au poisson : laissons-le, il est encore trop tôt de le pêcher. Et, fait curieux qui remonte aussi très loin dans mon souvenir sans que je puisse aucunement en indiquer la date ni dire comment l’idée m’en est venue : constamment, c'est-à-dire chaque jour, j’ai demandé à Dieu de me donner le zèle et la patience nécessaires pour accomplir la tâche qu’il m’assignerait lui-même. »

Kierkegaard, Point de vue explicatif sur mon œuvre (1848), extrait de Kierkegaard par lui-même de Marguerite Grimault, Editions Seghers, 1963, p.126.

Extraits
Léon Morin prêtre, film de Jean-Pierre Melville (1961)
Hamlet de Shakespeare, Acte 2, scène 2 (comédien : William Mesguish)

Références musicales
Leonard Cohen, You want it darker
Niel Wilhelm Gade, Nouvelles aquarelles pour piano op 57: nocturne
Niel Wilhelm Gade, Dans les Highlands

Lectures cette semaine par Ivan Morane



 
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