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De même, en l’état actuel des choses, si la Nouvelle Politique Migratoire du Maroc dispose effectivement de la Stratégie Nationale d’Immigration et d’asile, l’inquiétant est que «l’offre» stratégique réelle et crédible relative à la communauté marocaine établie à l’étranger est inexistante, ou plus exactement se présente de la manière la plus confuse et trompeuse. L’absence claire de vision est elle-même une forme de vision, non reconnue et courageusement assumée, donnant lieu à des interprétations les plus opposées les unes aux autres. 

Or nous sommes à un stade de nécessaire (re)définition des liens avec le pays d’origine. La question incontournable actuellement est celle de savoir quelles sont les perspectives d’avenir de cette communauté qui exprime à des degrés divers sa double appartenance de façons multiples et variées. Mais du côté marocain, la nature et le sens à imprimer à ces liens ne sont pas du tout clairs et s’expriment même, comme nous l’avons relevé plus haut, de manière foncièrement contradictoire aux niveaux le plus officiel et institutionnel. 

Voilà pourquoi, encore une fois et encore, il est capital à notre sens que la place et le statut de la communauté marocaine à l’étranger par rapport au pays d’origine, fasse partie de la nécessaire réflexion sur le nouveau modèle de développement du Maroc. Pourtant et sans viser nullement la confection technique du nouveau site du ministère chargé des MRE et des affaires de la migration ou le professionnalisme de ses concepteurs, la faille se situe ailleurs. Elle est du domaine politique. Il s’agit de la persistance du déni de l’absence de vision stratégique réelle concernant les Marocains résidant à l’étranger qui est maintenue froidement dans le nouveau site électronique officiel du département, qui publie depuis janvier 2019 le texte en français d’une soi-disant stratégie nationale globale, cohérente et intégrée au profit des Marocains établis à l’étranger. 

6.1- Un travestissement de la réalité 
Un texte qui n’est que l’original de la traduction de la prétendue stratégie au profit des Marocains résidant à l’étranger publiée en arabe dans la version précédente du site du ministère en 2016. Du pareil au même ! C’est un simple bricolage plutôt qu’un réel référentiel stratégique ! Une pure supercherie sémantique ! Une indigence théorique, politique et de contenu, criant et déconcertant ! On ne peut accepter ce genre de travestissement de la réalité, d’escroquerie intellectuelle, de mensonge patent érigé en politique gouvernementale officielle ! Ce ne sont pas nos propos qui sont excessifs, c’est la situation que nous dénonçons et sur laquelle on ne peut se taire, qui constitue une outrance. 

De quoi s’agit-il ? Le texte en question constitue à peine un programme d’action pour le ministère lui-même, a fortiori une vision d’ensemble impliquant de multiples acteurs, tant publics que privés. De plus, une réelle stratégie nationale pour un secteur multisectoriel et multiministériel par excellence, doit être le produit d’un débat nourri et approfondi élargi à tous les intervenants institutionnels ainsi qu’aux intéressés eux-mêmes à travers leur tissu associatif, c’est-à-dire la société civile MRE, ce qui n’est nullement le cas. D’amples explications et arguments critiques sont fournis dans notre livre intitulé «Politiques migratoires marocaines en débat. Défis internes et enjeux externes (2013-2018)» (Juillet 2018). Pour ne pas avoir à y revenir ici, prière de se référer notamment aux pages 534 à 556 et 669 à 698. 

6.2- Mensonges à répétition 
Dans la même démarche trompeuse et mystificatrice, voir même dans le cadre d’une véritable imposture que d’aucuns ont essayé de crédibiliser auparavant à travers le projet Sharaka financé par l’Union européenne, une activité récente à Agadir de la Direction de la Coopération, des études et de la coordination intersectorielle relevant du ministère chargé des MRE et des affaires de la migration, parle de la territorialisation de la Stratégie Nationale pour les MRE (SNMRE) ( !!!) dans la région de Souss Massa, alors que cette stratégie nationale est toujours absente. 

La déconstruction de cette approche et de ce type d’analyse est à remonter en amont, au projet Sharaka, déployé de 2014 à 2017, dans le cadre du Partenariat Union européenne-Maroc pour la mobilité, signé en juin 2013 par le Maroc, l’UE et 9 États membres de l’UE. Exécuté par Expertise France, le projet Sharaka s’est appuyé sur des financements de l’UE, de la France et des Pays-Bas, avec comme objectif la mise en œuvre de la politique migratoire marocaine avec l’appui à ses deux stratégies : la SNIA et la SNMRE, alors que cette dernière n’existe pas !!! 

Le 18 décembre 2017, un autre programme d’appui aux politiques migratoires du Maroc, doté de 390 millions de dirhams pour une durée de 4 ans a été enclenché avec l’objectif officiel d’améliorer la gouvernance de la migration au Maroc par l’appui aux stratégies nationales d’immigration et d’asile (SNIA) et pour les Marocains résidant à l’étranger (SNMRE), alors que le constat est toujours le même, avec l’absence de cette stratégie nationale globale, cohérente et intégrée pour le domaine MRE !! 

En revenant à la décision d’exécution de la Commission européenne relative au programme d’action annuelle - partie 3 en faveur du Maroc à financer sur le budget général de l’Union, le document de 105 pages : C (2016)8836 final), les développements suivants (voir pages 3 et 7) attirent l’attention : «l’objectif du présent programme est de renforcer la coopération UE-Maroc en matière de programme par un appui budgétaire aux deux stratégies migratoires marocaines. Il vise à consolider les acquis des nombreux appuis de l’UE aux différents volets de ces stratégies par une approche plus intégrée. Le Conseil de gouvernement a adopté en juillet 2015 la stratégie nationale au profit des Marocains résidant à l’étranger ( !!!) qui permet de commencer à formaliser une expérience de plus d’une décennie de politique de soutien aux mobilisations des MRE. En effet, le Maroc fait figure de modèle pour le maintien et le renforcement des liens avec sa diaspora ». 

La même démarche confuse se retrouve dans le programme de coopération maroco-belge d’appui à la gestion de la migration pour les années 2016-2020 mis en œuvre en partenariat avec l’Agence belge de développement «Enabel» comportant deux composantes essentielles. Si le Projet d’appui à la Stratégie Nationale d’Immigration et d’asile «Amiddu» ne pose pas d’interrogation particulière, compte tenu de l’existence de la «SNIA», par contre, le Projet d’appui à la Stratégie Nationale en faveur des MRE «Maghrib Belgium Impulse» est très problématique, dans la mesure où on ne dispose pas encore d’une véritable Stratégie Nationale globale, cohérente et intégrée relative aux MRE 

Or ceci n’a pas empêché l’organisation à Rabat, le 22 mars 2019 par le ministère chargé des MRE et des affaires de la migration, du Premier Forum maroco-belge sur la migration au cours duquel les deux programmes précités ont été présentés, accréditant la thèse de l’existence réelle de la Stratégie Nationale en faveur des MRE !!! Un des documents constitutifs du dossier du Forum précise le contexte dans les termes suivants : «le Maroc accorde une attention particulière aux Marocains résidant à l’étranger (MRE) et déploie des efforts importants pour renforcer ses liens avec sa diaspora. Dans ce cadre, le gouvernement marocain a mis en œuvre une politique globale et intégrée en leur faveur, décrite dans la Stratégie Nationale pour les Marocains résidant à l’étranger ». 

L’habitude a été ainsi prise, à chaque événement organisé par le département et touchant la communauté marocaine résidant à l’étranger, de le présenter comme entrant dans le cadre de la Stratégie Nationale en faveur des MRE qui existerait réellement. 

C’est le cas de la tenue de la deuxième édition de l’Université de printemps des jeunes MRE à Béni Mellal du 10 au 14 avril 2019, organisée par le ministère délégué chargé des Marocains résidant à l’étranger et des Affaires de la migration, en partenariat avec le Conseil de la Région de Béni Mellal-Khénifra et l’Universié Sultan Moulay Slimane, sous le thème « le Maroc pluriel, terre du vivre-ensemble ». 

Dans le communiqué paru dans divers médias, on peut lire notamment ce qui suit : « Ce programme s’inscrit dans le cadre de la stratégie du ministère en faveur des Marocains résidant à l’étranger. Cette stratégie a pour objet le renforcement des liens des Marocains du monde avec leur pays d’origine, le Maroc. Sa mise en œuvre s’articule autour de trois axes stratégiques : (1)la préservation de l’identité des Marocains du monde,(2) la protection de leurs droits et acquis, et (3) le renforcement de leur contribution au développement de leur pays ». 

La même approche sous-tend également l’opération 
«Caravane du Guichet unique mobile» entreprise en mai-juin 2019, consistant dans le contact direct entrepris par des représentants de diverses administrations marocaines avec des MRE dans certains pays d’immigration, avec l’objectif d’inter-agir avec eux sur les diverses questions les concernant au niveau juridique et administratif, de les conseiller sur différents problèmes auxquels ils font face au quotidien, et de les sensibiliser aux différents services en relation avec l’opération transit annelle «Marhaba» et les programmes d’accompagnement durant la période estivale 2019. 

Ces administrations sont les suivantes : outre les consulats concernés, il y’a les ministères respectifs de l’Intérieur, de la Justice, de l’Equipement, du Transport, de la Logistique et de l’Eau (Département du Transport). 

Sont également représentés le ministère de l’Aménagement du territoire national, de l’Urbanisme, de l’Habitat et de la Politique de la ville, le Conseil supérieur de l’autorité judiciaire ainsi que l’Agence nationale de la conservation foncière et de la cartographie, la Direction générale des douanes et des impôts indirects, la Direction générale des impôts (DGI), la Caisse nationale de la sécurité sociale (CNSS), l’Institut Royal de la Culture Amazighe et enfin la Caisse interprofessionnelle marocaine des retraites. 

Sous le titre «la caravane du Guichet unique mobile fait escale en Italie », un article de la «tutelle », inséré dans «Libération» du 3 juin 2019 est significatif à cet égard : «Le ministère délégué auprès du ministre des Affaires étrangères et de la coopération internationale, chargé des Marocains résidant à l’étranger et des affaires de la migration a mis en œuvre une stratégie nationale, s’articulant autour de trois axes principaux, à savoir la préservation de l’identité marocaine démarre, monde, la protection de leurs droits et intérêts et le renforcement de leur contribution au développement de leur pays d’origine, le Maroc. Du coup, il est logique que l’accompagnement administratif et juridique des Marocains du monde constitue l’un des axes essentiels de la mise en œuvre de cette stratégie, à travers l’organisation de rencontres de sensibilisation et de communication aussi bien dans les pays d’accueil qu’au Maroc, ainsi qu’une présence permanente du ministère dans les médias et les réseaux sociaux pour promouvoir les programmes destinés aux Marocains du monde ». 

Toujours sur inspiration de la «tutelle », un article ayant le même titre, inséré dans «Al Bayane» du 4 au 9 juin 2019, inscrit également cette action dans le cadre de la Stratégie Nationale relative aux MRE et précise au niveau de ses modalités en galvaudant la notion de stratégie : «les différentes rencontres programmées dans le cadre du «Guichet unique mobile au service des Marocains du Monde » seront accompagnés et encadrés selon un concept novateur et stratégique ( !!!), adoptant une approche participative, à travers la mobilisation d’un ensemble de départements et institutions publiques concernés par les affaires des Marocains du monde ». 

Dés lors, on ne peut que déplorer l’obstination de certains à opter délibérément pour une logique de déni et de pratique de la politique de l’autruche, avec un partenariat euro-marocain (et avec d’autres institutions) dévoyé au plan migratoire, alors qu’il est encensé à outrance par la partie européenne en particulier qui s’auto-congratule et s’enorgueillit au même moment, au mépris de l’avenir de toute une communauté. 

De même, au niveau national, avec certaines actions menées et fortement médiatisées, il s’agit plus d’activisme et de gesticulation que d’actions entrant réellement dans le cadre d’une stratégie nationale globale, cohérente et intégrée en matière de citoyens MRE. Quel gâchis de temps, de moyens ainsi que d’espérances et sans reddition des comptes par des responsables marocains de la gestion du dossier migratoire qui excellent dans l’accumulation de non dits et de mensonges. Ce «laisser-faire» et cette désinvolture qui perdurent, sont plus que nuisibles. Une action ne peut être pertinente si elle est pervertie par l’improvisation et le mensonge. Ceci ayant une origine «technocratique», le «politique» va-t-il assumer ses responsabilités en la matière !? C’est le politique en effet qui donne le la et la mesure, non pas l’administratif ! Dés lors, ne cédons ni à la négligence et paresse bureaucratiques, ni à une quelconque forme de démission politique ! 

7- Encore une fois et encore, respecter le pluralisme … (7/8) 
Au total, les responsables ont bien fait de ressusciter et réanimer l’Observatoire National de la Migration en le sortant le 17 Janvier 2019 de sa très longue léthargie. Son réel démarrage devrait se faire sur des bases objectives et transparentes, à la hauteur des enjeux et défis qui se posent pour le continent africain dans son ensemble, et pour le Maroc en particulier, aussi bien à l’échelle interne dans le cadre de l’expression d’un nouveau modèle de développement national multidimensionnel, en prenant en considération les deux grands volets du dossier migratoire (immigration étrangère au Maroc et Marocains résidant à l’étranger) qu’entre l’Afrique et le reste du monde, l’Europe en particulier. 

L’alternative à envisager sérieusement et sans gaspiller plus de temps encore, doit nécessairement prendre en considération notamment les différentes approches analytiques en présence, et le pluralisme intellectuel existant, qui supposent, indépendamment des diverses sensibilités en présence, l’entière mobilisation et l’inclusion sans exclusive de toutes les compétences existantes dans le domaine de la recherche multidimensionnelle en migration, aussi bien à l’intérieur même du Maroc que parmi la communauté marocaine résidant à l’étranger et ce, au niveau de toutes les disciplines concernées, sans, répétons le à nouveau, ni sectarisme, ni ostracisme, ni attitude discriminatoire ou une forme quelconque de dogmatisme, d’argument d’autorité ou de volonté de mise à l’écart. 

7.1- Une responsabilité morale 
Sur ce plan, et en relation avec le comportement à l’égard des chercheurs en migration, insistons sur un point très important. De notre point de vue, le ministre délégué auprès du ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale, chargé des Marocains résidant à l’étranger et des affaires de la migration, qui a une vocation horizontale sur le dossier migratoire, dirige le département chargé de concevoir, de coordonner et d’appliquer la politique gouvernementale en la matière a, selon nous, en plus de ses prérogatives au plan politique, une responsabilité déontologique, éthique et morale toute particulière. Il s’agit, dans le respect de la pluralité des approches, de consolider les réseaux existants de chercheurs, d’académiciens et d’experts nationaux, l’objectif ultime étant d’optimiser le soutien et l’appui à la réalisation des missions de l’OAM. 

Dans cette optique, le ministre ne peut être que l’un des artisans de l’exercice effectif du pluralisme intellectuel dans le domaine de la recherche migratoire menée par des organismes publics marocains, voir compte tenu de son ouverture d’esprit, le garant d’une pratique d’ouverture réelle sur toutes les potentialités et compétences marocaines d’ici et d’ailleurs en matière de recherche sur les migrations internationales concernant le Maroc. 

Parallèlement à cela et compte tenu du fait que la recherche universitaire reste très peu sollicitée par les pouvoirs publics marocains, le moment est plus qu’opportun d’organiser réellement le partenariat scientifique entre ce ministère et le collectif des chercheurs marocains en migration, après l’expérience fructueuse de coopération à l’occasion des deux événements mondiaux dans le domaine migratoire, abrités par Marrakech en décembre 2018. 

En dépit d’un programme d’appui aux politiques migratoires du Maroc mis en place le 18 décembre 2017 par l’UE pour soutenir le Maroc dans la mise en œuvre de ses politiques et stratégies(au pluriel selon les partenaires concernés) en matière de migration, aucune implication significative des chercheurs marocains en la matière n’a été opérée. Pourtant, un des axes du programme y afférent, consiste en «le renforcement des connaissances et des outils de production de connaissance sur les questions migratoires ». 

7.2- Prenons le département au mot 
Dés lors, nous prendrons au mot une des recommandations émises en conclusion au Rapport 2018 relatif à la SNIA élaboré par le MCMREAM que nous avons déjà cité : «Aussi, est-il nécessaire d’investir davantage dans la recherche et les études en favorisant le partenariat avec le monde académique afin de permettre d’adapter les politiques publiques au contexte migratoire marocain ». L’heure par conséquent est de passer aux actes. 

De plus, la réelle prise en compte de la communauté marocaine établie hors des frontières nationales (et plus globalement des émigrés africains en dehors du continent africain) dans les réflexions et les préoccupations d’étude, d’analyse, de recherche, de collecte minutieuse et précise de l’information au plan quantitatif et qualitatif et de son échange entre les chercheurs et experts, les pays membres de l’Union Africaine et les Communautés économiques africaines pour développer des collaborations scientifiques et opérationnelles, devrait faire partie intégrante du cahier de charge du futur Observatoire Africain sur la Migration. 

S’agissant de l’existence même de l’Observatoire Africain des Migrations, qui est par conviction profonde un projet progressiste au service des migrant(e)s africain(e)s et de l’Afrique, les chercheurs marocains, tout en gardant leur indépendance d’esprit et la vigilance requise, ne peuvent que se l’approprier, l’appuyer, s’engager même à l’opérationnaliser aux côtés des autres chercheurs africains, en faire le plaidoyer au sein des fora, conférences et autres manifestations aux niveaux national, régional et international et contribuer par leur apport intellectuel, leurs critiques constructives et leurs propositions, à son approfondissement. 

7.3- L’Envoyé spécial pour la migration 
Relevons par ailleurs qu’une deuxième proposition centrale issue de l’Agenda Africain sur la Migration et de son argumentaire, est dans le circuit pour exécution par l’UA. Il s’agit de la création d’un poste d’Envoyé spécial pour la Migration, au niveau des structures de l’Union Africaine et qui sera basé au siège de la Commission de l’Union Africaine à Addis Abeba. Son rôle est d’être principalement chargé de coordonner les politiques de l’Union et de ses organes dans ce domaine et de collaborer avec les États membres et au sein de l’Union Africaine pour mettre en œuvre l’Agenda Africain sur la Migration. 

En d’autres termes et de notre point de vue, l’Envoyé(e) Spécial(e) se doit d’être la cheville ouvrière, la dynamo de l’Afrique sur toutes les questions relatives au dossier migratoire, constituant également le(la) porte parole du continent en la matière avec les organismes et les instances internationales concernés. Il (elle) doit faire preuve d’une très grande mobilité, être un(e) «african trotter » infatigable, sillonner le continent, être présent(e) là où il le faut, dans toutes les enceintes et capitales, pour faire bouger les lignes et entraîner avec lui (ou elle) tous les milieux concernés. 

L’Envoyé(e) Spécial(e) pour la Migration et l’Observatoire Africain des Migrations auront un rôle complémentaire, comme ceci ressort de l’analyse de l’Agenda Africain des 

Migrations. Le premier (ou la première) contribuera à la réalisation des objectifs du second et celui-ci, grâce aux études et statistiques élaborées, aidera l’Envoyé(e) spécial(e) pour la Migration à mener sa mission multiforme en connaissance de cause. 

Sa tâche est par conséquent très lourde, mais il (elle) dispose déjà d’un très grand atout. Le cap est déjà tracé par l’Agenda Africain sur la Migration, préparé méthodiquement avec en plus une démarche dynamique, inclusive et participative notamment au plus haut niveau des chefs d’Etat africains, faisant de cette feuille de route afro-africaine un outil recueillant une très large adhésion au niveau du continent. Pour faciliter encore plus la mission et lui donner toutes les chances de réussite, le Roi Mohammed VI, pour des raisons de cohérence, de facilitation de la communication pour l’exécution de l’Agenda, a proposé en tant que Leader de l’UA dans le domaine migratoire, que le premier envoyé spécial de l’Union Africaine pour les Migrations soit de nationalité marocaine. 

On ne se hasardera pas à décrire son profil requis. Mais procédons par élimination. On imagine mal la proposition et nomination de quelqu’un parmi les responsables d’institutions nationales consultatives dédiées au champ migratoire qui n’aurait pas réussi dans sa mission, même si par ailleurs, au niveau des droits de l’Homme, dont la responsabilité a été cumulée d’avril 2011 à fin 2018, on peut estimer que certaines réalisations ont été accomplies dans ce dernier domaine. 

S’agissant des politiques qui ont dirigé le département chargé des divers aspects migratoires, on ne peut dire que durant les gouvernements Benkirane I et II, qu’un profil sorte objectivement du lot. Reste une autre éventualité. La mission étant au cœur d’une forme bien particulière de diplomatie, celle de diplomatie liée aux migrations ou diplomatie migratoire, on peut penser que l’Envoyé Spécial serait en fin de compte un(e) très proche du dossier qui l’a suivi ces toutes dernières années, le maîtrise parfaitement, voir s’y est fortement impliqué(e), soit au département des affaires étrangères et de la coopération internationale, soit au Cabinet Royal. Précisons que les aspects plus opérationnels liés aux migrations sont plutôt du ressort de l’Observatoire Africain des Migrations. 

Abdelkrim Belguendouz 
Universitaire à Rabat, chercheur en migration 

Demain : Stratégie nationale MRE et observatoire MRE (8/10). 




 
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