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Dans une petite ruelle de la zone industrielle de Waterglade à une heure à l’est de Londres, entre un immense entrepôt et une entreprise d’engins de chantier hydrauliques, un camion réfrigéré s’est arrêté un peu après 1 heure du matin le mercredi 23 octobre. Sur le pare-brise, une inscription : « The ultimate dream ».

A l’arrière du poids lourd, dans la remorque, trente-neuf corps gisaient morts, dont celui d’un adolescent. Des victimes de trafic humain, dont l’identité et l’itinéraire ne sont pas connus pour l’instant. Peu après l’arrêt du camion, quelqu’un a appelé le service des ambulances de l’est de l’Angleterre. En découvrant la scène, les ambulanciers ont immédiatement alerté la police. Il était 1 h 40 du matin.

Le chauffeur du camion, un Nord-Irlandais de 25 ans, est arrêté pour suspicion de meurtre. Sur sa page Facebook, des photos le montrent dans la même cabine, avec les mêmes décorations. Un blason y est peint, avec le nom du pays en dessous : « Ireland. » 

« Ce qu’on a vu à travers ces trafiquants est le pire de l’humanité », a condamné, à la Chambre des communes, Priti Patel, la ministre britannique de l’intérieur. Le premier ministre, Boris Johnson, s’est lui dit « horrifié ».

Les enquêteurs de la police de l’Essex ont retracé les mouvements du camion. La remorque, qui est enregistrée en Bulgarie, était arrivée du port belge de Zeebruges. Elle a débarqué au port de Purfleet, dans l’Essex, et a été déchargée à minuit et demi. Le parquet fédéral belge a ouvert une enquête, a annoncé son porte-parole, Eric Van Duyse. « Il semble que le conteneur soit effectivement passé par la Belgique » avant d’être « embarqué à Zeebruges », a-t-il précisé, tout en disant ignorer « combien de temps il est resté en Belgique ».

La cabine du camion qui tirait le chargement est arrivée d’Irlande du Nord. La police avait tout d’abord affirmé qu’elle avait traversé la mer d’Irlande le 19 octobre et était arrivée via le port d’Holyhead, au Pays de Galles, mais elle l’a démenti dans un second temps.

Les autorités bulgares ont confirmé que le camion était enregistré à Varna, dans l’est du pays, et appartenait à une entreprise détenue par un Irlandais. Le véhicule « n’est plus entré sur le territoire de notre pays depuis [l’immatriculation]. Il n’y a pas de lien avec nous, seulement les plaques d’immatriculation », a déclaré le premier ministre, Boïko Borissov, à la télévision locale. Pour Dimitar Dimitrov, directeur exécutif de la chambre des transporteurs routiers bulgares, il est courant que des ressortissants enregistrent des entreprises en Bulgarie pour « profiter de la fiscalité favorable ».

Illustration macabre du trafic d’êtres humains
Toute la journée, dans leurs tenues de protection blanches, les enquêteurs se sont activés à l’arrière du camion, les trente-neuf cadavres encore à l’intérieur. En fin d’après-midi, ils ont fini par le déplacer dans un endroit tenu secret, à l’abri des caméras venues du monde entier, afin « de préserver la dignité des victimes », a expliqué Pippa Mills, de la police de l’Essex.

En 2000, une tragédie similaire avait eu lieu, quand cinquante-huit Chinois avaient été retrouvés morts à l’arrière d’un camion en arrivant au port de Douvres, en provenance de Zeebruges. Le chauffeur du camion avait été condamné à quatorze ans de prison et neuf Chinois avaient été condamnés pour trafic humain aux Pays-Bas.

En 2015, les corps décomposés de soixante et onze migrants avaient été retrouvés à l’arrière d’un camion en Autriche.



 
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