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Dans le cadre de l’émission «faites entrer l’invité» animée de manière professionnelle par Fatiha Elaouni et diffusée le 7 mai 2020 sur Radio 2M (Casablanca), Mohamed Basri, ambassadeur, directeur des affaires consulaires et sociales (DACS) au ministère des affaires étrangères, de la coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger, a été invité pour faire le point sur le dossier des Marocains bloqués à l’étranger «MBE». 

Il s’agit ici, non pas de ceux qui résident normalement dans les pays de séjour, mais de ceux en consultation médicale, en visite familiale, en mission professionnelle ou tout simplement en séjour touristique. Ne sont donc pas compris ici les étudiants marocains à l’étranger, alors que plus le temps passe, avec l’arrêt des études dans de nombreux pays au moins jusqu’à l’automne prochain, il faudra désormais les prendre en compte dans le cadre des rapatriements. 
Au cours de cet entretien, aucune annonce concrète n’a été faite par l’invité. Sur l’essentiel, on a eu droit à des circonvolutions diplomatiques, à des formules pure langue de bois, cherchant plus à gagner du temps, à pousser l’horizon encore plus loin, à cacher le soleil avec un tamis, à rechercher l’absolution du département auquel il appartient, à justifier les non-décisions et l’absence de prise réelle de responsabilité. 
Les observations et remarques critiques qui suivront ne visent pas, cela va de soi, mais c’est mieux en le disant, la personne (voir même toutes les personnes citées) en question. Dans le cadre du débat public démocratique, elles concernent les idées développées par un responsable au ministère des affaires étrangères, de la coopération africaine et -ne l’oublions pas- des Marocains résidant à l’étranger. Relevons aussi que cette intervention a été «validée» en quelque sorte à posteriori, puisqu’une synthèse avec de large extraits, a été publiée sur le site officiel du département, ce qui donne encore plus d’importance à sa discussion . 

Notre remarque est valable également pour nos observations sur le «live» du directeur général des relations bilatérales et régionales au ministère des affaires étrangères, de la coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger que nous formulerons dans nos développements. 

Une présentation tronquée 
Dès sa première prise de parole, le directeur de la DACS, qui a eu au moins le mérite de s’exprimer publiquement, ayant été chargé de la mission d’aller au charbon, faute de la présence de la ministre déléguée, voire du ministre lui-même, qui ont préféré visiblement ne pas s’exposer médiatiquement et de sortir sains et saufs de l’exercice, fait de la thématique générale de l’entretien, une présentation tronquée en parlant des «27821 citoyens marocains qui sont bloqués à l’étranger, suite à la décision des autorités des pays où ils se trouvent de fermer les frontières». 

Il est exact de dire que les pays où il y’a le plus de citoyens marocains en déplacement temporaire, ou ressortissants marocains en voyage, ont fermé leurs frontières à cause de la pandémie mondiale du coronavirus 19. Mais on constate que ces mêmes pays ont rapatrié leurs ressortissants qui étaient en déplacement provisoire à l’étranger, y compris ceux qui étaient en tourisme ou en voyages professionnels au Maroc, suite à des vols spéciaux en accord avec les autorités marocaines qui leur ont accordé des dérogations. Ainsi, à ce jour, le Maroc a permis le retour de quelques 84449 touristes de nationalités très différentes bloqués dans le Royaume à bord de 532 vols de rapatriements dédiés, arrivés sans passagers suite à la fermeture des frontières marocaines . 

Par contre, au même moment, le Maroc n’a rien fait pour rapatrier ses ressortissants en séjour temporaire à l’extérieur des frontières nationales (en n’oubliant pas aussi les travailleurs saisonniers dont le contrat est arrivé à échéance). Par conséquent, si ces nationaux marocains restent bloqués à ce jour à l’étranger, fatigués qu’ils sont moralement, physiquement et psychiquement avec selon des témoignages médicaux une dégradation pour certains de l’équilibre mental, la responsabilité fondamentale du blocage incombe en dernier ressort aux autorités marocaines concernées et non pas à la décision des autorités des pays où ils se trouvent. C’est infantiliser la population concernée et l’opinion publique nationale en général, que de se limiter à l’explication fournie par le haut responsable. 

Non convainquant 
Tentant de justifier l’absence de ces rapatriements par le Maroc, l’intervenant s’est donné à une tentative d’explication qui n’est nullement convaincante : «Il faut que l’on puisse réunir toutes les conditions pour réussir ce rapatriement. Le rapatriement n’est pas une opération technique. Le rapatriement ne se résume pas à la réquisition ou à l’affrètement d’un avion et à l’obtention d’une autorisation de survol et d’atterrissage. Le rapatriement est une opération sérieuse qui nécessite une mobilisation, une implication de tous les départements et toutes ses phases doivent être réussies. Il y a une simultanéité d’actions dans ce rapatriement. Il faut que toutes les conditions soient réunies et qu’au moment où il est amorcé et organisé, ce rapatriement doit être réussi». 

Si on ne peut être que d’accord sur la nécessité du professionnalisme et de prendre toutes les dispositions adéquates dans le cadre d’un travail collectif de tous les intervenants, des clarifications indispensables font défaut. Il s’agit d’expliquer avec transparence, pourquoi les autorités marocaines invoquent encore une fois et encore la question du temps, et combien de temps il faut objectivement attendre, sachant qu’il doit y avoir au même moment une feuille de route tracée et bien précise avec tous les moyens d’exécution requis, avec en premier lieu, la volonté politique d’assurer ces rapatriements en période de crise, en s’entourant de toutes les précautions sanitaires requises . 

Il s’agit au même moment de prendre en considération le fait que les personnes concernées elles-mêmes ont déclaré à maintes reprises dans les multiples vidéos, les lettres ouvertes, les cris de détresse, les très nombreux témoignages poignants sur les réseaux sociaux, les pétitions, conjurations et supplications, leur disponibilité à être soumises à l’isolement le temps qu’il faut ( au moins 14 jours) à l’arrivée au Maroc. 

Le problème du retour au Maroc des «MBE» reste entier
Bien entendu, il ne s’agit pas d’être injuste en ne reconnaissant pas les efforts entrepris. Un certain nombre de mesures ont été prises par les ambassades et les consulats du Maroc pour alléger les souffrances des personnes bloquées à l’étranger : interventions pour l’augmentation de la dotation en devises (20.000 dirhams en plus pour ceux qui disposent de moyens financiers), aide à l’hébergement et à la restauration, à l’achat de médicaments pour les personnes ayant des maladies chroniques lourdes, aide à la prolongation des visas de séjour par les autorités des pays concernés, soutien pour des consultations voire même des opérations médicales, aide directe (panier) à certaines familles nécessiteuses qui hébergent des «MBE » etc. .
Mais deux mois après la fermeture des frontières marocaines, force est de constater que la question la plus importante pour ces personnes, celle de pouvoir rentrer au Maroc auprès de leurs familles, n’a pas été résolue, même partiellement . 

Si le processus avait commencé dès le début, comme ont fait pratiquement tous les autres pays qui ont rapatrié leurs ressortissants, on ne serait pas arrivé à la situation lamentable et dramatique présente . 

Interrogé par Radio 2M sur le fait de savoir pourquoi de nombreux pays ont réussi justement le rapatriement de leurs ressortissants en voyage à l’étranger (Algérie, Tunisie, Egypte, Jordanie, Sénégal, France, Espagne, Belgique, Canada, États Unis d’Amérique...et même la Mauritanie et le Soudan...), y compris à partir du Maroc, alors que notre pays ne l’a pas fait, le responsable de la DACS a botté en touche en mettant en avant la notion d’exercice de la souveraineté et la nécessaire intervention de toute une série de départements ministériels, au-delà de celui des affaires étrangères : 
«La gestion des rapatriements, a-t-il affirmé, renvoie à des décisions souveraines . Chaque pays a sa propre approche et stratégie. Nous respectons les décisions qui sont prises par les autres pays, mais nous avons notre propre approche, notre propre stratégie qui a été annoncée dès le début de manière claire et cohérente et nous allons continuer les actions pour faire réussir toutes les phases non seulement celle des rapatriements, mais pour que notre pays puisse sortir de cette conjoncture avec un minimum de préjudices» . 
Au-delà de cette déclaration emphatique, qu’elle est cette vision globale et cohérente par rapport aux rapatriements des citoyens marocains bloqués hors des frontières nationales, quel est le plan d’action y afférent, son étalement dans le temps et les moyens conçus pour l’appliquer ? Aucun élément concret sur la question n’a été fourni. Aucune visibilité. Le dossier reste entouré d’un épais brouillard et d’une incompréhensible opacité. Tout ce que l’on retient, c’est que l’opération est très délicate et «sérieuse », qu’elle demande beaucoup de temps, que l’on doit réunir toutes les conditions pour sa réussite, mais sans nullement décliner ce qui a déjà été fait et tout ce qui reste à entreprendre pour la faire réussir avec un agenda précis et des engagements fermes à tenir coûte que coûte . 

Le déficit flagrant de communication et le «live » Swinga-Yazough 
Jusqu’à présent, seules quelques bribes d’information, éléments de clarification et pistes de réponse ont été livrés mi-avril 2020 sur.. un live Instagram avec Mustapha Swinga, un youtubeur, par Fouad Yazough, ambassadeur, directeur général des relations bilatérales et régionales au ministère des affaires étrangères, de la coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger, jouant en quelque sorte un rôle de coordination entre les directions du ministère et dans les circonstances suivantes, un suivi au niveau de la cellule centrale de crise Corona-19 au sein du ministère des Affaires étrangères. 

Dans ce live informatif édité sur YouTube, plusieurs points clés sur le (non) rapatriement ont été avancés. À partir de l’audition attentive de la vidéo y afférent que nous publions à la fin de la présente contribution au débat, nous retiendrons trois des points clés : 

1 - Le premier point clé que nous mettrons en relief est le suivant. Aucun délai n’a été fixé pour le rapatriement à la date de la diffusion du live (13 avril 2020), signifiant au même moment qu’en raison du fait qu’on est en présence «non pas d’une situation normale avec une expérience acquise, mais d’une situation exceptionnelle nécessitant des moyens exceptionnels», le gouvernement n’a pas finalement de solution pour rapatrier les Marocains bloqués à l’étranger et ne peut (ou plutôt ne veut pas) prendre d’engagement. D’où cette adresse ou invitation aux Marocains bloqués à l’étranger : 
«nous demandons à nos compatriotes d’être compréhensifs », car ils sont «victimes d’une situation exceptionnelle» et inédite et «il n’y’a pas de recette magique». 
Cette démarche consistant à ne pas donner de date pour le retour, a été confirmée quelques jours plus tard par le ministre des affaires étrangères lui-même. Ainsi, dans une déclaration faite le 23 avril 2020 à la MAP à la suite de son audition par la commission parlementaire des affaires étrangères, de la défense nationale, des affaires islamiques et des MRE, le ministre Bourita déclarait : 
«Le droit au retour est un droit naturel et indiscutable. Or ce qui est évident, n’est pas nécessairement approprié dans ce contexte exceptionnel», en ajoutant «l’essentiel n’est pas le timing , mais l’impact d’une telle démarche sans surenchère et sans précipitation». 
L’approche du directeur général des relations bilatérales et régionales au ministère des affaires étrangères, en termes d’appel à toujours plus de patience, a déjà été suivie par le chef du gouvernement, Saâd Eddine Elothmani, lors de son grand oral consacré le 13 avril 2020 (même jour que le live Fouad Yazough) à la crise du coronavirus au sein de la Chambre des représentants. Il a demandé en effet : 
«un peu plus de patience aux concernés», en lançant à nouveau «soyez patients», faisant écho aux nombreux appels aux rapatriements formulés avec insistance par les intéressés. 
Deux jours plus tard, cet appel a constitué également la seule proposition «concrète» de la ministre déléguée auprès du ministre des affaires étrangères, de la coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger, chargée des Marocains résidant à l ‘étranger, Nezha El Ouafi, lors de son audition publique le 15 avril 2020 par la Commission de la Chambre des représentants relative aux affaires étrangères, à la défense nationale, aux affaires islamiques et aux Marocains résidant à l’étranger. Elle a demandé en effet à son tour aux Marocains privés de fait de leur patrie de 
«s’armer de patience»!!! et d’ajouter par ailleurs : «les Marocains bloqués à l’étranger doivent faire preuve de patience. À la fin de la crise, ils seront honorés d’avoir fait des sacrifices» (!!!) 
Quels programme d’action et engagements précis avec quel objectif !!! De quoi garantir une place au paradis pour elles et ceux qui vivent pratiquement l’enfer maintenant ! 

De plus, nous devons relever l’élément suivant : être «compréhensifs» et «patients», avoir «un peu plus de patience», mais jusqu’à quand ? Les souffrances diverses ont dépassé les bornes et la situation est devenue cauchemardesque selon de multiples témoignages provenant de citoyens marocains bloqués dans divers pays, montrant que la peine de l’éloignement des «MBE» de leur patrie et de leurs proches, est doublée d’une situation humanitaire et sociale critique, malgré quelques aides accordés par le réseau consulaire marocain à certains d’entre eux, notamment la prise en charge des frais de soins pour des malades ayant des pathologies chroniques ou d’hébergement de 5700 Marocains bloqués à l’étranger, soit 25% d’entre eux. 

Par ailleurs, si certains rétorqueront à propos des rapatriements effectués par divers pays, que «comparaison n’est pas raison», et que le directeur général lui-même estime dans ce live qu’on ne peut comparer des politiques différentes de pays différents, une exigence est à prendre en compte. De notre point de vue, l’observation comparative s’impose comme le rappelle le passage suivant d’une des lettres au Souverain adressée par des Marocains bloqués à l’étranger : «chaque jour, nous voyons des citoyens du monde rentrer dans leur pays. Ceci alimente notre détresse alors que le Maroc se félicite d’organiser le départ des étrangers bloqués dans le Royaume ». 

2 - Le deuxième point clé que nous mettrons en exergue est qu’il s’agit d’une équation sanitaire, le Maroc ayant adopté une démarche préventive et de protection de la population .En d’autres termes, les raisons du non-rapatriement sont d’abord sanitaires, la priorité des autorités marocaines étant de tenir compte de la situation sociale et médicale du pays afin de limiter le risque de contagion et de ne pas engorger les structures sanitaires, en raison du déficit et des dysfonctionnements en ce domaine : «un rapatriement aujourd’hui pourrait constituer un danger aussi bien pour ceux qui veulent revenir au pays que pour ceux qui sont restés. 

Notre système sanitaire est-il capable d’absorber un éventuel afflux massif ?». 

Mais par rapport à cet élément, relevons-en ce qui nous concerne ce qui suit. Si la décision de maintenir à l’étranger les Marocains de passage, aussi aberrante soit elle, pouvait s’expliquer par le risque d’importer le virus au Maroc, n’est-elle pas aujourd’hui dépassée avec la prolifération de foyers épidémiques locaux, industriels ou familiaux !? Dans de nombreux pays, qui ont également le plus grand souci de la protection sanitaire de leur population, devant la nouveauté du virus, le maintien de grandes inconnues ainsi que d’incertitudes dans le monde au plan médical relatif à ce virus, l’absence d’un mode d’emploi validé, de recettes expérimentées et l’absence d’expériences probantes en ce domaine, les gouvernements (ainsi que les scientifiques) ont fait preuve d’humilité et de modestie. Ils ont rectifié leur point de vue et reconnu certaines erreurs en tirant au fur et à mesure des données nouvelles, des enseignements pratiques avec les accommodements et les adaptations nécessaires . 

En ce domaine, il ne saurait y avoir de dogmatisme, d’inflexibilité en restant hermétique à toute réactivité, en gardant par ailleurs par le gouvernement un silence assourdissant, voire même un silence arrogant, en dépit des multiples appels de détresse. Dans ce dossier des citoyens marocains bloqués à l’étranger et celui des citoyens marocains résidant à l’étranger bloqués au Maroc, le discours de vérité doit primer. La nécessité du parler vrai, d’une communication transparente, fluide, franche et directe s’impose. Il s’agit aussi d’avoir une attitude pragmatique, avec des aménagements nécessaires, des réponses adaptées aux nouvelles situations, aux cas auxquels on n’avait pas pensé ou réfléchi suffisamment auparavant. 

Par ailleurs, si on adopte une démarche réellement globale, il s’agit de trouver un équilibre entre l’exigence de sécurité sanitaire d’un côté et une harmonie et exigence sociale de l’autre, le dossier du rapatriement des Marocains coincés à l’étranger, n’étant pas un pur problème technique, mais à très fort contenu humain, qu’il s’agit de traiter de façon professionnelle et humaine. 

3 - Le troisième point clé se décline comme suit. Quand le rapatriement interviendra, il sera progressif: «Quand nous pourrons rapatrier les Marocains bloqués à l’étranger, nous devrons commencer par les cas les plus fragiles, ceux qui sont dans des situations critiques. Tout devra se faire d’une manière progressive » . 

Dès lors, en revenant à l’intervention du directeur de la DACS, posons-nous la question suivante: 
le non-rapatriement est-il un «exercice de souveraineté» comme il le soutient, ou bien est-il au contraire selon nous l’expression d’un «abandon de souveraineté» et d’une fuite des responsabilités ? 
Les citoyens marocains coincés à l’étranger font en effet l’objet pour l’essentiel (en dehors de certaines formes d’aide matérielle par les ambassades et consulats marocains et la mise en place de cellules de crise) d’un oubli et d’un mépris voire même d’un rejet par le gouvernement qui, faute de s’expliquer et de rendre des comptes, n’a même pas cherché à expliquer sa politique en la matière aux personnes directement concernées, à leurs familles au Maroc, à l’opinion publique marocaine en général et aux acteurs parlementaires qui l’ont interpellé, toutes tendances politiques confondues, tant ce dossier est très sensible, qui renvoie par ailleurs à toute une série de cas urgents , qui ne peuvent attendre encore plus. 

Le Maroc constitue en effet sur ce point précis, une exception incompréhensible et choquante à plus d’un titre, alors que son image à l’échelle internationale est perçue par contre favorablement sur bien des aspects, compte-tenu de tout ce qui a été décidé au plus haut niveau de l’Etat au bon moment et mis à exécution dans le cadre de la lutte contre la pandémie . 

L’argument spécieux de l’égalité de traitement des citoyens 
Interrogé sur le fait de savoir si au Maroc on pouvait au moins commencer le rapatriement avec des pays très proches comme l’Espagne, le responsable de la DACS a invoqué là aussi, un «argument» spécieux, à savoir le nécessaire respect du principe de l’égalité des citoyens : 
«Tout est possible mais il faut le faire au moment opportun (sous-entendant que les circonstances ne sont pas encore propices). Il ne faut pas chercher des solutions de facilité. On doit garantir à tous les citoyens l’égalité de traitement aussi bien pour ceux qui se trouvent à 15 km ou bien à 6000 kms. Il faut qu’ils puissent bénéficier de l’égalité de traitement qui est un principe cardinal du droit. En d’autres termes, lorsqu’on commence l’opération, on ne doit pas la limiter à certaines catégories de citoyens, à écarter d’autres. Lorsqu’une opération commence, il faut qu’elle le soit pour tout le monde et ce n’est qu’à ce moment-là, que des priorités peuvent être décidées au niveau des premiers vols» (handicapés, malades, enfants , femmes enceintes , personnes âgées ...) 
Autrement dit, dans l’esprit de ce haut responsable, l’égalité de traitement en matière de rapatriement revient à dire : tout au même moment, ou rien ! On ne peut et on ne doit nullement agir partiellement, ce qui signifierait que la solution ne peut être progressive, ce qui est en totale contradiction avec le live du directeur général. Cette manière de voir, qui ne tient pas compte notamment de toute une série de cas très urgents, consiste à complexifier le problème, à le décliner comme «très difficile» pour montrer que sa résolution est pratiquement impossible, demande beaucoup de temps et d’intervenants au même moment. Elle justifie le fait que l’on ne peut avoir de visibilité et de prise de décisions concrètes en conséquence . 

Par ailleurs, les «priorités» envisagées, sont bien tardives. Elles ne peuvent être prises en compte qu’à la dernière minute, une fois que la décision de réouvrir les frontières aura été prise ...! Ajoutons une chose : ce qui est présenté comme un effort colossal à consentir dans un futur nullement précisé , ne dépasse pas l’usage habituel pour chaque vol, de commencer l’embarquement par les femmes enceintes, les bébés et leurs accompagnants , les personnes âgées ou malades... 

Le cas spécifique des Marocains bloqués dans les 2 villes marocaines occupées par l’Espagne, Sebta et Melilla. 
Dès lors, commencer à titre d’exemple par les quelques 450 Marocains bloqués dans les deux villes marocaines de Sebta (150 nationaux marocains en dehors des 144 mineurs qui renvoient à une toute autre problématique qui ne doit pas être ramenée à la «réadmission ») et Melilla occupées par l’Espagne, dont le rapatriement ne nécessite ni bateau ni avion, mais le simple passage à pied (ou dans les voitures pour ceux qui en ont) d’un poste de contrôle à quelques centaines, voire dizaines de mètres (avec une mise en quarantaine par la suite bien entendu), serait-ce une violation du «principe d’égalité de traitement» et une simple «solution de facilité» !? Dès lors, si certains cas sont faciles à résoudre, pourquoi les compliquer pour qu’il n’y’ait pas de commencement du processus de retour organisé !? 

Quel est alors le moment opportun pour réaliser le rapatriement ? Est-ce réaliser l’égalité de traitement entre citoyens que de laisser, en cette grande période d’inquiétude et de mal être profond, dans divers pays du monde, dans la souffrance physique, matérielle et psychologique, avec en plus la période sacrée du mois de ramadan, un grand nombre de citoyens marocains coupés de leur patrie et de leurs familles !? Leur seul tort ayant été de se trouver d’un coup, sans aucune information préalable, en dehors des frontières nationales à des fins touristiques (avec de gros contingents en France, en Turquie et en Espagne) ou pour des raisons médicales, familiales ou professionnelles, au moment où la fermeture immédiate de ces frontières a été décidée par le Maroc le 15 mars 2020, juste deux jours après la détection du premier contaminé 

Invoquant l’impératif de l’égalité de traitement entre citoyens, pourquoi oublier l’initiative royale louable de rapatriement début février 2020 (avec une équipe de médecins qualifiés à bord d’un avion spécial pour effectuer les analyses) de 167 ressortissants marocains, essentiellement des étudiants se trouvant principalement dans la province chinoise de Wuhan, épicentre de l’épidémie et mise en quarantaine par les autorités chinoises à cause du coronavirus 19 , ressortissants rapatriés qui ont été pris en charge médicalement et mis en quarantaine pendant 20 jours, soit à l’hôpital militaire Sidi Saïd de Meknès , soit à l’hôpital militaire Mohamed V de Rabat !? 

Si «la gestion du dossier des rapatriement n’est pas sectorielle », mais renvoie à toute une série de départements ministériels qui doivent y collaborer, où est alors la vision globale , cohérente et intégrée en la matière , avec un calendrier et un agenda le moins approximatif, pour ne pas dire qui soit précis !? 

Aucun engagement temporel du gouvernement 
Par ailleurs et sur l’essentiel de l’intervention radiophonique du directeur de la DACS, aucun délai concret réel n’a été donné pour résoudre le problème, sauf à évoquer l’échéance du 20 mai et sans même préciser qu’il pourrait y avoir une prolongation du statut exceptionnel actuel si la situation épidémiologique l’exige : «ce n’est qu’à partir du 20 mai 2020 qui verra la levée de l’état d’urgence sanitaire et la fin du confinement obligatoire, que des mesures vont être annoncées », a ajouté le directeur de la DACS, aucune précision n’ayant été donnée à ce niveau. 

Quelques heures plus tard, dans le cadre de l’entretien diffusé jeudi soir 7 avril 2020 à l’échelle de chaînes nationales de TV, le chef du gouvernement s’est défilé de ses responsabilités en se résignant officiellement et publiquement à abandonner ces Marocains jusqu’à la réouverture officielle des frontières. Il a en effet clairement annoncé que «le rapatriement ne peut se réaliser que lorsque les frontières du Maroc seront réouvertes » (!!!), plongeant la population concernée dans le désespoir en restant dans l’incertitude totale, ce qui alimente sa colère qui risque , elle, de ne pas rester confinée . Apres le confinement douloureux notamment en France auquel ont été soumis également les citoyens marocains bloqués à l’étranger, des manifestations pacifiques et sit-in ont eu lieu notamment le 11 mai 2020 devant l’ambassade à Paris , certains consulats du Maroc en France (Paris, Lille, Montpellier, Dijon, Toulouse en Algérie (Alger, Oran, Sidi Bêlabesj, en Espagne (Algésiras) , Allemagne (Düsseldorf), Turquie ( Istamboul)... pour protester contre l’autisme des autorités marocaines et exiger que leur doléance fondamentale soit satisfaite. L’attentisme exaspérant et méprisant doit cesser. 

Le problème reste effectivement posé entièrement et avec acuité : quand et à quelles conditions ce rapatriement pourra-t-il se faire? Pure mystère !!! Le gouvernement ne cesse toujours de «penser», de «réfléchir » , «d’élaborer des scénarios» dont on ne connaît pourtant ni les tenants ni les aboutissants . En clair, n’est-ce pas là une reconnaissance par le gouvernement de son incapacité à résoudre le problème , de son impuissance , paraissant comme tétanisé ? 

Le constat qu’il donne est que la question le dépasse et qu’il ne peut rien faire. Auquel cas, qu’il le dise ouvertement et demande un arbitrage royal s’il estime que d’autres sphères gèrent de fait le dossier ou s’opposent à sa volonté de résoudre réellement ce problème qui constitue un raté énorme, «une tache noire » selon la journaliste Fatiha Elaouni (mais expression récusée sans argumentation par le directeur de la DACS), ternissant l’image de réussite du Maroc dans bien des aspects de sa lutte contre la pandémie , par le biais de mesures préventives et d’accompagnement hardies. 

Par ailleurs, la réussite du rapatriement ne peut-elle se réaliser que lorsque les choses reviennent à la norme et que tous les pays qui sont concernés par le rapatriement des Marocains auront rétabli notamment les liaisons aériennes (et maritimes éventuellement) ? Dans ce cas, poussons le raisonnement jusqu’au bout : les citoyens marocains bloqués à l’étranger, auront-ils encore besoin d’une autorisation gouvernementale pour regagner leur patrie !? 

Pour faire le point de la situation, relevons aussi que des affirmations et/ou prédictions avancées par certains médias électroniques se sont avérées erronées. Ainsi, contrairement à l’interprétation donnée par Atlas Info.fr du 23 avril 2020, les prémisses d’un rapatriement des Marocains bloqués à l’étranger, ne se sont nullement dessinées. De même, l’éventualité suggérée sous forme d’interrogation par Bladi.net du 24 avril 2020 ne s’est nullement vérifiée. Il n’y’a eu nul «retour imminent» des Marocains bloqués à l’étranger et aucune «lueur d’espoir» en ce domaine. Enfin, à l’inverse de l’affirmation du «Courrier de l’Atlas » du 21 avril 2020, on n’est pas allé vers la fin du calvaire, bien au contraire . 

Ne pas oublier les binationaux et les Marocains résidant à l ‘étranger bloqués au Maroc 
Le contenu de l’émission de Radio 2M a «zappé» par ailleurs le dossier des Marocains résidant à l’étranger bloqués au Maroc ainsi que celui d’une partie des binationaux qui sont dans la même situation. Ces problèmes n’ont nullement été évoqués , alors qu’ils doivent être résolus également . 

Rappelons d’abord que lors de l’institution de la fermeture des frontières au Maroc et de l’Etat d’urgence sanitaire, les autorités marocaines ont considéré que les personnes qui avaient la nationalité marocaine (et les binationaux) ne pouvaient quitter le territoire, sachant qu’un binational au Maroc est d’abord marocain, conformément à la convention de La Haye, et c’est la souveraineté marocaine qui s’applique à lui. De ce fait, les personnes dans ce cas, devaient être soumis aux règles de confinement en vigueur dans tout le Maroc, empêchant tout déplacement. 

Cependant, dans les faits, en matière de rapatriement, aucune difficulté particulière n’a été signalée pour les binationaux détenteurs également de la nationalité américaine, canadienne et celle d’un certain nombre de pays européens. Le problème s’est posé uniquement pour les maroco-néérlandais et les maroco-belges et toute une polémique d’ordre politique et une querelle diplomatique se sont créés là-dessus. 

Lors du débat parlementaire en Belgique en particulier, de vives critiques ont été adressées au ministre belge des affaires étrangères non seulement en raison de l’absence de mesures prises suffisamment rapidement par les autorités belges pour pouvoir rapatrier les Belgo-Marocains, mais surtout, par une attitude fataliste et un désintérêt pour les binationaux au Maroc, pour avoir considéré ces derniers comme des sous-citoyens ou des sous-nationaux belges, ayant pâti d’une discrimination à leur égard par l’Etat belge, notamment pour avoir accepté des critères sélectifs imposés par Rabat pour la détermination de la liste de ceux qui pouvaient être rapatriés vers la Belgique, dans un cadre humanitaire . 

Ces critères entraient dans la démarche humanitaire retenue par les deux gouvernements renvoyant à trois éléments humanitaires : 
  • raisons médicales impérieuses (risque grave pour la santé )couvertes par un certificat médical marocain ou belge ; 
  • raisons sociales sérieuses comme la séparation de la famille (parents et enfants, surtout si mineurs) du fait des événements (par exemple les enfants ou les parents en visite chez d’autres membres de la famille au Maroc et empêchés de rentrer à cause de la pandémie ; 
  • raisons économiques comme le risque de perte d’emploi ou de faillite d’entreprise du fait d’une absence prolongée. 
Ces critères, bien qu’humanitaires, ont mis de côté de nombreux binationaux et n’ont pas suffi à calmer l’ardeur de beaucoup de parlementaires de diverses tendances qui estimaient que le gouvernement belge n’avait pas à se soumettre à des critères aussi humanistes et ouverts soient-ils, mais à défendre politiquement le retour de tous les binationaux et sans conditions . 

Au cours et en marge du débat parlementaire à Bruxelles, le gouvernement belge s’est défendu en avançant qu’il n’avait jamais pratiqué de discrimination et que l’origine du problème provenait de Rabat , qui avait une conception particulière de la bicitoyenneté, en interdisant pratiquement aux Belgo-Marocains de rejoindre la Belgique durant cette période exceptionnelle . 

Dans un contexte différent, le gouvernement néerlandais a critiqué également la position marocaine s’opposant pendant longtemps au départ des binationaux maroco-néerlandais et pour n’avoir pas été souple en ne permettant pas de choisir des villes de départ autres que Casablanca (Al-Hoceima, Nador, Tanger...). 

Sur fond de contentieux entre les deux gouvernements lié selon nous au «Hirak du Rif », mais aussi à la volonté officielle des Pays-Bas d’imposer ses normes dans ses rapports au Maroc avec les binationaux, ce qui constitue en effet un empiétement inacceptable dans la souveraineté du Maroc, le ministre des Affaires étrangères, de la coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger, a saisi l’occasion du débat parlementaire en commission à huit clos à Rabat le 13 avril 2020 pour contre-attaquer . 

Il a affirmé en premier lieu, que ce sont les gouvernements néerlandais et belges qui ont établi les listes des rapatriés en ne choisissant que les citoyens de souche, et en second lieu, en visant les Pays-Bas mais sans nommer le pays, il a rejeté le «chantage» et «l’opportunisme politique» d’un État européen sur le dossier du rapatriement des Marocains détenteurs de la double nationalité, en pleine crise de propagation du coronavirus... » 

Par la suite, si une partie des binationaux a fait l’objet dernièrement de l’organisation de vols de Casablanca en direction d’Amsterdam et de Bruxelles (ces derniers ayant été préparés de manière chaotique et nullement professionnelle par l’ambassade belge à Rabat selon divers communiqués de la plateforme «Belgo-Marocains bloqués au Maroc», les MRE résidant légalement notamment en Belgique et aux Pays-Bas (ainsi qu’en Espagne, en Italie, en France ... ), sont toujours bloqués au Maroc. On ne peut même pas évoquer à leur sujet l’argument sanitaire pour le Maroc, puisque les concerné(e)s ont à quitter le Maroc et que les pays d’immigration acceptent leur venue dans le cadre de vols spéciaux ! 

Est-ce cela l’égalité de traitement entre citoyens, le refus de ne pas être sélectif pour ne pas tomber dans la pratique de discrimination alors que parmi ces Marocains résidant légalement à l’étranger, il y a des personnes âgées avec des maladies et pathologies lourdes qui doivent impérativement assurer un suivi médical dans les pays de résidence, des personnes qui risquent de perdre leur emploi, des pères ou mères coupés de leur conjoint ou enfants se trouvant dans leur pays de vie ... 

Rappels constitutionnels en la matière 
Sur ce point et en rappelant que l’Etat d’urgence sanitaire ne signifie nullement que le fonctionnement normal de la constitution soit suspendu, les responsables marocains de ce type de blocage au Maroc des Marocains résidant à l’étranger, font fi notamment du préambule de la Constitution qui énonce dès le départ que le Royaume du Maroc «développe une société solidaire où tous jouissent de la sécurité , de la liberté, de l’égalité des chances, du respect de leur dignité et de la justice sociale dans le cadre du principe de corrélation entre les droits et les devoirs de la citoyenneté» 

Ils font fi également de l’article 24 de la Constitution qui dispose qu’ «(...) est garantie pour tous , la liberté de circulation et de s’établir sur le territoire national, D’EN SORTIR ET D’Y RETOURNER, conformément à la loi ». 

En nous plaçant même dans la logique dominante qui conçoit l’émigration dans une optique rentière et financière pour l’Etat, en empêchant les Marocains résidant à l’étranger de rejoindre les pays d’immigration, n’y’a t’-il pas le «risque » de recevoir moins de devises !? Les responsables de ce blocage ont-ils pensé à cette contradiction en prenant cette mesure !? 

Le ministre des affaires étrangères, de la coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger, s’en lave là aussi les mains, dans la mesure où, dans une déclaration publique faite le 11 mai 2020 expressément au site «good.ma» (nous précisons bien que , dans un article en arabe signé par Omar Elmazine/ Good), le site parle d’une DÉCLARATION du ministre des affaires étrangères à «Good »), il a refilé au ministre de la Santé et à lui seul (!!!) la « patate chaude » de la responsabilité de cette affaire de «blocage» des Marocains en voyage à l’étranger (mais en omettant celle des MRE bloqués au Maroc). L’idée principale à retenir est la suivante. La décision du retour des Marocains bloqués à l’étranger, qui ne peuvent être abandonnés par l’Etat, est entre les mains du ministre de la santé . C’est lui qui peut donner le feu vert et arrêter le timing de cette opération qui est liée à la situation sanitaire et épidémiologique du pays.

Curieuse manière de concevoir la solidarité gouvernementale, de ne pas assumer sa part de responsabilité en la matière et de chercher au contraire à sortir sain et sauf de l’ornière en chargeant le ministre de la Santé . En guise de réponse de la bergère au berger, le même site , «good.ma », a publié le lendemain la «riposte» d’un haut cadre du ministère de la Santé (qui a gardé l’anonymat), affirmant que son département a procédé à tous les préparatifs nécessaires et qu’il n’attendait que l’arrivée des Marocains bloqués à l’étranger, à rapatrier par le ministère des affaires étrangères ...!!! 

Par ailleurs, la disposition suivante de l’article 16 de la Constitution avancée de 2011 concerne l’engagement du Royaume du Maroc à l’égard des citoyennes et des citoyens marocains résidant à l’étranger : «Il veille au renforcement de leur contribution au développement de leur Patrie, le Maroc et au resserrement des liens d’amitié et de coopération avec les gouvernements et les sociétés des pays où ils RÉSIDENT, ou dont ils sont AUSSI CITOYENS ». 

Pour l’avenir immédiat 
Au total, faute de volonté politique, le gouvernement ayant montré son incapacité à résoudre la question des citoyens marocains bloqués à l’étranger et celle des Marocains résidant à l’étranger bloqués au Maroc, seule une initiative au plus haut niveau de l’Etat peut rendre leur dignité à tous ces compatriotes dont la citoyenneté marocaine a été méprisée et pratiquement rejetée . 

Bien entendu, un mouvement de solidarité s’est créé au Maroc, ici ou là, avec des interpellations parlementaires du gouvernement, des prises de position médiatiques, des initiatives au niveau d’un certain nombre d’ONG, mais globalement, peu de choses a été fait. De notre point de vue, la marocanité et la citoyenneté de nos compatriotes ont été piétinées et humiliées, ici et là-bas, et nous ne comprenons nullement le silence injustifiable en la matière, des dirigeants d’instances constitutionnelles comme le Conseil national des droits de l’Homme (CNDH) et surtout de ceux du Conseil de la communauté marocaine à l’étranger (CCME). 

Nous devons collectivement des excuses à tous nos compatriotes qui sont encore bloqués à l’extérieur et aux citoyens MRE encore coincés à l’intérieur même du Maroc, alors que ces derniers sont légalement résidant à l’étranger. Pardon à toutes et à tous ! 

Le corollaire de cette prédisposition pour le gouvernement est un devoir d’explication et d’action immédiate mais aussi, en même temps, un devoir de réparation . Le devoir d’explication et d’action doit se réaliser dans l’esprit des développements précédents relatifs aux liens entre le coronavirus 19 et la mobilité internationale par rapport au Maroc avec les mesures urgentes qui s’imposent. 

Le deuxième impératif renvoie à notre sens pour le gouvernement à un devoir de réparation à l’égard de la communauté des citoyens marocains établis à l’étranger pour deux raisons. : 
  • La première renvoie non seulement au contentieux lié à la non-exécution des décisions royales progressistes énoncées dans le discours royal fondateur du 6 novembre 2005 relatives à la députation des citoyens MRE, mais aussi à la non-opérationnalisation dans cet esprit de l’article 17 de la Constitution avancée de 2011. 
  • Le second motif de cette réparation est justement le déni pratiquement de citoyenneté en direction des MRE dans le cadre des mesures gouvernementales prises liées à sa stratégie anti-coronavirus 19. L’épisode corona va laisser très certainement des traces et beaucoup de compatriotes auront une attitude négative par rapport au Maroc, estimant qu’ils ont été méprisés et malmenés par le Maroc . Le rétablissement de la confiance en direction des citoyens MRE est absolument indispensable, quelques initiatives ( très isolées il est vrai) ayant même prôné l’abandon ou le reniement de leur citoyenneté marocaine, chose qui pourrait se comprendre, mais nullement être justifié et encore moins accepté , dans la mesure où il s’agit d’un renoncement et d’une démission du combat citoyen à mener . Le recouvrement par les MRE de leur citoyenneté intégrale, sans amputation aucune , avec l’effectivité de leur droit à la représentation parlementaire à l’horizon des élections législatives 2021, est une urgence absolue. 
Dans le même esprit, il nous paraît de la plus haute importance d’envisager de manière participative l’élaboration d’une charte nationale des droits et devoirs des citoyens marocains établis à l’étranger par rapport au Maroc, déterminant au même moment la nature des relations des citoyens MRE avec l’Etat et la société marocaine , d’autant plus que l’on pâtit jusqu’à présent de l’absence cruelle d’une stratégie nationale globale, cohérente et intégrée en matière de citoyens MRE, en dépit du rappel solennel à l’ordre aux instances concernées , par le discours du Trône 2015. 

De notre point de vue également, la Commission spéciale pour le modèle du développement ( CSMD) du Maroc, qui compte selon certaines informations respecter l’échéance de fin juin 2020 pour la remise de son rapport au Souverain, devrait accorder toute sa place au dossier stratégique de la communauté des citoyens marocains établis à l’étranger , y compris dans sa dimension politique, en tirant également toutes les leçons, dans le domaine migratoire , liée à l’expérience marocaine de lutte contre la pandémie du coronavirus, en matière notamment de droit des binationaux et des Marocains résidant à l’étranger , de rejoindre les pays de résidence. 
Pour élargir le débat, la CSMD devrait également accorder tout l’intérêt au statut , au rôle et à la place des immigrés et réfugiés au Maroc dans le nouveau modèle de développement du Maroc 

ICI le lien vidéo émission Radio 2M 


ICI lien vidéo du live Swinga avec Fouad Yazough (Ambassadeur Directeur Général)


Rabat, le 13 mai 2020 
Abdelkrim Belguendouz 
Universitaire à Rabat, chercheur en migration 


 
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