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Je suis très heureux de partager ici un texte passionnant du Dr Thierry Gourvénec, publié ce jour dans France Soir. L'auteur, pédopsychiatre, a réalisé il y a longtemps une étude sur la fameuse "rumeur d'Orléans" analysée par Edgar Morin à la fin des années '60. La question centrale étant : comment une collectivité peut-elle en venir à prêter foi à des informations fausses en basculant dans une sorte de délire collectif ?

C'est, ni plus, ni moins, ce qui est en train d'advenir actuellement avec la Covid.
Il y a eu, bien sûr, une alerte épidémique au mois de mars qui a conduit, à tort ou à raison, les autorités de nos pays à agir vigoureusement, même si de manière passablement incohérente. La force des images (hospitalisations et intubation) et de la peur collective ressentie à l'époque ayant en quelque sorte "engrammé" dans la perception collective une représentation qui en est venue à l'emporter diachroniquement sur le réel.

Des mois et des mois plus tard, alors que l'épidémie est éteinte (le virus circule encore à bas bruit mais il ne s'agit plus depuis longtemps d'une épidémie et non, il n'y a jamais eu de "deuxième vague" à l'horizon...), le même type de réponses hallucinées continue d'être imposé sans aucune base scientifique ni même aucune relation à la réalité !

L'imposition du port du masque, la course vers le vaccin pour un virus désormais bénin, l'état de terreur dans lequel reste une majorité de la population continuellement désinformée sur l'ampleur réelle du phénomène, laissent bien constater que nous avons basculé dans un délire collectif qui ne semble pas près de prendre fin (même si l'on peut raisonnablement conjecturer que la vente de milliards de doses de vaccin soit l'horizon souhaité par certains).

Les gens ont été tellement "brainwashed" que des informations pourtant définitives comme le fait que les pertes dues au Covid en font, en France, seulement le 9ème épisode épidémique le plus dommageable (en termes de mortalité) depuis l'après-guerre ou encore que malgré le nombre de "cas" annoncés de jour en jour, les hospitalisations et les décès sont aussi bas qu'il est possible de l'être ne franchissent simplement plus la barrière des esprits.

Il est donc précieux de pouvoir se tourner vers l'éclairage de penseurs comme le Dr Gourvénec. Qu'il soit chaleureusement remercié de l'autorisation donnée de publier son texte ici.

Quand, à l’échelle de la planète, on observe les décisions politiques prises en phase aiguë de pandémie de covid-19 et celles imposées dans ses suites actuelles, et qu’on les met en perspective, aussitôt une chose saute aux yeux : leur incohérence.

D’une ampleur telle que même favorable aux gouvernements au pouvoir il devient difficile, soumis à l’épreuve du constat de tant d’incohérences, de ne pas être envahi par la perplexité.

En France au printemps, en phase d’expansion de la pandémie, les tests et les masques étaient jugés inutiles, voire, pour ces derniers, nuisibles, quand ils ne nécessitaient pas des compétences si particulières pour les ajuster… qu’elles dépassaient celles d’une ministre. Par contre en été alors que la pandémie est terminée, le masque, aux mailles tissulaires de taille bien supérieure à celle du virus, n’est plus inefficace et inutile, mais devient au contraire et paradoxalement indispensable et obligatoire, y compris parfois en extérieur, et des amendes élevées sont même prévues pour les récalcitrants ou les allergiques. Les tests sont pratiqués en nombre croissant alors qu’ils sont désormais parfaitement inutiles (d’autant que le test PCR ne distingue pas les virus morts des virus vivants), et les résultats positifs qui ne sont même pas des malades sont égrainés comme l’étaient les morts pendant la phase aiguë, réactivant la peur déstructurante. Tout cela est absurde. Incohérent. Des décisions tellement absurdes et incohérentes qu’issues de ministres, forcément non-dénués d’intelligence, elles forcent aux questionnements les plus divers. Pour certains observateurs de plus en plus nombreux une réponse s’impose : il y a forcément anguille sous roche, autrement dit un complot inavouable contre les peuples, provenant de l’industrie pharmaceutique ou d’autres horizons. Tandis que pour d’autres, n’excluant pas forcément certains aspects de la précédente hypothèse, cette affaire traduit en priorité un phénomène rare mais néanmoins bien réel : un délire collectif. Au sens véritablement pathologique du terme.

C’est cette hypothèse que je vous propose d’explorer.
Pour qu’un délire collectif se déclenche il faut des conditions particulières. Tout d’abord l’existence d’une angoisse persistante ou d’une peur intense confinant à la panique est indispensable. Ce fut le cas ici au su de ce qui se passait à Wuhan : laboratoire P4, confinement généralisé immédiat, construction de deux hôpitaux dont le premier de 1000 lits en 10 jours, au nom halluciné : « L’hôpital de la montagne du dieu du feu ».

Mais cette angoisse doit détenir des caractéristiques particulières pour acquérir la capacité de faire délirer un nombre important de membres d’une collectivité. Être associée à un très intense sentiment partagé de culpabilité par exemple (tel qu’on a pu l’observer dans la rumeur délirante, dite d'Orléans, de 1969), ou encore renvoyer à des peurs archaïques (du genre de celle ayant tétanisé une population entière. A l’occasion d’une épidémie particulièrement meurtrière par exemple : la peste noire décima de 1346 à 1353 quasiment la moitié de la population de l’Europe), ou à des paniques très récentes concernant précisément des épidémies à coronavirus. Mais aussi des épidémies de grippe, aviaire ou non, ou d'Escherichia Coli Entéro-Hémorragique comme en 2011. Il est plus que probable que la mémoire consciente et inconsciente de ces diverses épidémies a joué un rôle dans l’appréhension et la gestion de la covid-19, en particulier chez les épidémiologistes et les infectiologues.

Une fois que le germe du délire a imperceptiblement envahi une part significative d’un groupe - dans le cas présent des dirigeants politiques et des responsables de média, puis les journalistes - il va acquérir rapidement la capacité de contaminer une proportion toujours plus grande de personnes.

Le délire fait tâche d’huile. Rapidement on va voir apparaître dans le groupe concerné des symptômes de délire : des troubles de la logique la plus élémentaire à l’origine d’incohérences et d’absurdités, des perturbations de capacités cognitives, une imprévisibilité des comportements et des décisions, la présence de nombreux paradoxes, de l’irrationalité, une atteinte au bon sens tandis que l’intelligence recule, la peur affectant la qualité des capacités de réflexion et de raisonnement dans le groupe, dont la taille s’accroit si la thématique du délire ne concerne pas que le groupe d’origine mais une population plus large. Ce qui est le cas dans une épidémie infectieuse.

Interview du Dr Gourvénec sur Le Média (1er juillet 2020) : lemediatv.fr/


 
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