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Citoyenne modèle, je me suis confinée 6 semaines. J'ai rempli consciencieusement mes formulaires pour les rares sorties que je me suis autorisée, en général pour pourvoir au ravitaillement de la maisonnée. J'ai rangé l'appartement de fond en comble. Mon balcon n'a jamais été aussi fleuri. J'ai vu les 5 saisons de Black mirror et un nombre incalculable de films et séries. J'ai trouvé des masques (après une tentative avortée de fabrication maison !). J'ai même mitonné des petits plats pour mon fiston. J'appelle ma mère tous les jours. J'achète des produits bio aux producteurs locaux pour soutenir les petites entreprises. J'ai fait des dons pour des collectes alimentaires. Je ne compte plus les apéros en visio avec les copines et même une couscous party. Et nous avons solidairement applaudi tous les soirs à 20h.

Mais là, je dis STOP !

Cette situation est ubuesque. Se retrouver assignée à résidence, infantilisée, culpabilisée par des politiques sanitaires incohérentes et inconséquentes. Mon seuil de tolérance à l'incompétence, au mensonge et au mépris est atteint. Et plus le temps passe, plus je suis en colère. Alors, j'entame mon déconfinement personnel.

Cela a commencé par une matinée en bord de mer avec des amies, une petite ballade au soleil sur la colline et hier, j'ai sauté le pas. Au prétexte d'un apéro chez une amie pour me couvrir auprès de mon fils (merci N. ! On reconnait là les vraies copines), j'ai rejoint un Tinder boy chez lui pour un 5 à 7. 

Ce n'est pas le plus craquant de mon carnet de bal, nous avons même un petit passif (pas tout à fait digéré de mon côté...), mais à la guerre comme à la guerre (comme dirait notre Président) ! Je ne vais pas faire la fine bouche en cette période de disette. Entre ceux qui sont confinés avec leurs femmes (c'est peut être pire que d'être seule...), ceux qui flippent de choper le virus, ceux qui sont à des centaines de kilomètres et ceux qui en ont peut être profité pour me ghoster discrètement, mon champ des possibles est considérablement réduit. Et puis, je peux être honnête, il est quand même assez sexy et peut même être assez excitant. Suffisamment, en tous les cas, pour passer sur notre petit contentieux et proposer une rencontre clandestine dans sa garçonnière.

Et mon échappée coquine n'est même pas motivée uniquement par le sexe. Bon ok... 47 jours, c'est quand même super long ! Même avec mon ami Womenizer à portée de main, même avec ces ex-futurs-actuels amants qui m'écrivent, les échanges de sexpics...

J'ai l'impression d'avoir passé 7 semaines en mode hibernation. Une vraie petite marmotte, tapie dans son nid. Complètement engourdie. J'ai bien tenté quelques incursions sur Tinder et Gleeden, mais le cœur (et surtout l'esprit et le corps) n'y était pas. Je ne suis pas une grande adepte du virtuel... Cela peut m'amuser, mais quand je sais que cela va déboucher rapidement sur du réel... Comme une sorte d'amuse-bouche... Si c'est le menu entier, c'est un peu comme cuisiner en regardant Cyril Lignac. Ce que tu as dans ton assiette n'a rien à voir avec le chef d'oeuvre qu'il exhibe et il te manque toujours un ingrédient !

Bref, 7 semaines de confinement sans sexe, c'est certes long mais il suffit de pas trop y penser et de laisser couver la braise. Mais 7 semaines sans aucune vraie relation humaine, mis à part ton fils (que tu adores mais qui a passé l'âge des câlins), c'est invivable.

L'homme est un animal social, la femme aussi, et moi plus encore. Ce confinement me rend dingue. Parler à des gens, les sentir près de moi, se toucher, faire la bise, voir leurs corps se mouvoir et interagir avec moi. Tout ce que nos relations ont de charnel et de tactile me manque terriblement. J'ai envie de sexe mais aussi et surtout de chaleur humaine. J'ai l'impression de mourir intérieurement, de me dessécher affectivement. Cette absence, ce vide relationnel intersidéral, me mine. Je rêve de rires et de confidences en face-à-face en terrasse, des mains de mon coiffeur dans mes cheveux, du soleil et de la mer sur ma peau, de caresses et de regards sur mon corps. Et que l'on ne vienne pas me dire que mon épanouissement est en moi, que je dépend trop du regard des autres. Je m'en tape ! Je veux bien (temporairement) mettre un masque, me priver de cinéma ou de concerts, de voyages... Mais pas de relations humaines.

Je ne suis plus qu'une carcasse vide émotionnellement. Ce confinement et l'effacement de tout contact humain mettent à jour combien nos relations sociales, qu'elles soient amicales, professionnelles ou sexuelles nous nourrissent affectivement. Ce confinement nous conduit vers la mort (sociale et psychique) bien plus sûrement que le coronavirus.

Alors, hier, j'ai préféré braver la contamination (et la police !) et me sentir à nouveau terriblement vivante, réveiller ce corps engourdi. Et c'était si bon d'avoir un regard posé sur soi, d'y lire le désir, de plaisanter, de sentir des mains parcourir chaque centimètres de ma peau, de caresser un corps ferme et chaud, de s'abandonner au plaisir, de se blottir l'un contre l'autre (mais quelle idée aussi un lit une place dans une garçonnière...). 

Pour une fois, je ne m'interrogerai même pas sur ce qu'a bien pu représenter pour lui cette petite partie de jambes en l'air. Je m'en fiche ! Je ne suis même pas agacée de son absence de retour post-coïtum (si ce n'est un message laconique, le lendemain : "c'était trop bon..." puis plus rien... Cache ton enthousiasme !) alors que nous étions partis, avant le confinement, sur la base d'une relation suivie. On doit avoir un problème de communication... Il y a quoi qu'il ne comprend pas dans "suivie" ?

Bref, ce n'était définitivement pas le plan cul le plus époustouflant de ma vie mais très certainement un des plus vivifiants. Je me suis sentie si vibrante en rentrant, si détendue, l'esprit serein, apaisée. Si l'on doutait encore des bienfaits du sexe sur le psychisme... Plus efficace qu'un cocktail de Lexomil et un Prozac ! Car n'oublions pas, la production d'ocytocine, cette fameuse "hormone du bonheur" dont nous bombarde notre hypophyse au cours de l'acte sexuel, et en particulier lors de l’orgasme, est avant tout celle du lien social. Et ce n'est quand même pas un hasard de la nature si notre cerveau possède une petite zone spécialement conçue pour secréter une hormone qui favorise le lien social !

Alors, basta, le confinement ! Je libère mon hypophyse et je renoue avec une vie pleine d'émotions, de chaleur humaine... et de sexe ! 

Puisque nos autorités sanitaires et notre gouvernement ne sont pas fichus d'établir une stratégie claire et raisonnée du déconfinement, je partage avec vous ma stratégie toute personnelle pour survivre aux ravages collatéraux du coronavirus : let’s fuck and enjoy ! 

A défaut de consensus sur le traitement à l'hydro-chloroquine, dopons nous à l'ocytocine.








 
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