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Le Monde connaît une bascule des centres d’intérêts et de préoccupations américains qui se heurtent principalement aux deux blocs : Russie et Chine. Ce nouveau rapport de forces bouscule les équilibres existants entre les alliés traditionnels des Etats-Unis, entre les puissances moyennes autres mais aussi entre les pays seconds qui sont l’objet de mesures de séduction des super-puissances à la recherche de nouveaux soutiens. Bien évidemment les espaces géopolitiques, telle la Méditerranée sont également affectés.

Les Etats-Unis se portent comme un allié important, indispensable et naturel, mais la qualité d’une alliance repose sur le respect et la confiance, à défaut ce n’est plus une alliance mais une coalition comme une autre. Les rapports de force évoluent, les menaces changent, les alliances s’effritent, les intérêts communs se délitent. L’OTAN est sortie délibérément de sa sphère revendiquée de compétence en intervenant de plus en plus loin de l’Atlantique Nord pour la seule préservation des intérêts américains. La dérive de l’OTAN qui, de défensive, est devenue agressive, et de protectrice, insidieusement envahissante. 

En 1949, les Etats-Unis étaient face à une situation où les pays européens sont totalement délabrés et donc fragiles. Ils veulent à la fois favoriser l’émergence d’un espace prospère qui puisse constituer un partenaire dans le cadre du développement de leur économie mais souhaite également tuer dans l’œuf tout risque d’un renouveau de ces querelles entre Européens qui ont déjà été à l’origine de deux guerres mondiales. La chute du communisme soviétique aurait marqué la fin de l’époque où s’opposaient deux blocs et marque la victoire d’un système sur l’autre et donc l’avènement du système « libérale ». Les Etats-Unis ne considéraient plus la Russie comme une menace pertinente, tout au plus comme une nation dont il convient de contrôler les velléités expansionnistes. 

L’enthousiasme est de courte durée. Dès 1990, l’éclatement de l’ex-Yougoslavie engendre des conflits au sein de l’Europe. La guerre du Kosovo révèle au grand jour la domination trop forte, aux yeux des Européens, des Etats-Unis sur l’organisation militaire de l’OTAN. Pour autant, les Européens ont été incapables par eux-mêmes de traiter cette crise sur leur continent. Il a fallu l’intervention diplomatique des Etats-Unis en Bosnie pour négocier une paix. Sur le plan militaire, les Américains retirent de cette crise une perte de confiance envers l’OTAN en tant qu’institution militaire. De fait, celle-ci voit ses décisions d’engagements opérationnels, et notamment les frappes aériennes, régulièrement entravées par les contraintes dues à la recherche d’avals politiques préalables de chacun des alliés. L’OTAN a alors perdu beaucoup de sa justification. 

Dans ce contexte les Etats-Unis qui avaient déjà donné des signaux du transfert de leurs priorités du monde transatlantique et méditerranéen vers le Pacifique et l’Asie effectuent un retour fort vers le Proche et le Moyen-Orient. Cet intérêt est marqué par la guerre en Irak, les pressions sur l’Iran, les exigences vis-à-vis de la Syrie et de l’Autorité palestinienne. 

L’émergence de la Chine 
À l’automne 2013, le gouvernement chinois lance son grand projet les « Nouvelles routes de la soie ». Il s’agit de l’une des priorités de la diplomatie chinoise qui recouvre un projet gigantesque de constructions d’infrastructures portuaires, ferroviaires, terrestres dans le Bassin méditerranéen, visant à satisfaire l’approvisionnement en matières premières du pays mais aussi de placer le pays sur le devant de la scène internationale en proposant une véritable restructuration des relations et des gouvernances internationales tout autant que des nouvelles règles internationales, des standards techniques, des normes qui se substitueraient aux solutions jusque-là imposés par les occidentaux . D’ores et déjà, moins de dix ans plus tard la réalisation projetée est largement entamée en Asie, en Afrique, en Europe… Cette émergence de la Chine sur la scène internationale soulève de nombreuses questions sur la planète. Les différentes nations ne portent pas les mêmes analyses sur cette évolution, mais les Etats-Unis désignent rapidement ce pays comme l’ennemi. 

L’émergence de la Chine engendrerait un bouleversement des relations internationales. Ce bouleversement modifie probablement les priorités des uns et des autres. Si une alliance perd alors de sa raison d’être il convient de redéfinir sa mission pour que les différents partenaires s’y retrouvent. C’est pourquoi le président Emmanuel Macron avait parlé de « mort cérébrale » 

Robert Mugabe, l'Otan est une organisation terroriste 
L’ex- président zimbabwéen Robert Mugabe a qualifié l'Otan d’ une organisation "terroriste" menée par des "fous" en Europe, l'accusant d'essayer de tuer le leader libyen Muammar Kadhafi. "Il y a des fous en Europe. Des fous qui refusent et rejettent la vérité, des fous qui défient le droit international", a-t-il déclaré lors d'une cérémonie en hommage aux anciens combattants de la guerre d'indépendance du pays. "Regardez ce qu'ils font en Libye : c'est l'Otan contre le droit international. Voilà pourquoi je dis que l'Otan est devenue aussi une organisation terroriste. Puisqu'elle défie le droit international." Le président zimbabwéen Robert Mugabe a estimé lundi que l'Otan était une organisation "terroriste" menée par des "fous" en Europe, l'accusant d'essayer de tuer le leader libyen Muammar Kadhafi. "Il y a des fous en Europe. Des fous qui refusent et rejettent la vérité, des fous qui défient le droit international", a-t-il ajouté lors d'une cérémonie en hommage aux anciens combattants de la guerre d'indépendance du pays. "Regardez ce qu'ils font en Libye : c'est l'Otan contre le droit international. Voilà pourquoi je dis que l'Otan est devenue aussi une organisation terroriste. Puisqu'elle défie le droit international." 

OTAN 2030 : “Il faut stopper ce train fou avant qu’il ne soit trop tard!” 
Dans une lettre ouverte à Jens Stoltenberg, secrétaire général de l’OTAN, plusieurs haut gradés de l’Armée française regroupés au sein du Cercle de Réflexion Interarmées s’insurgent contre le projet OTAN 2030 qui affaiblit la souveraineté de la France . 
Le jeudi 18 février 2021 l’étude "OTAN 2030", produite à votre demande, vous a été présentée. Elle indique ce que doivent être les missions de l’OTAN pour les dix prochaines années. D’entrée, il apparaît que toute l’orientation de l’OTAN repose sur le paradigme d’une double menace, l’une russe, présentée comme à l’œuvre aujourd’hui, l’autre chinoise, potentielle et à venir. Deux lignes de force majeures se dégagent de cette étude. 

La première, c’est l’embrigadement des Européens contre une entreprise de domination planétaire de la Chine, en échange de la protection américaine de l’Europe contre la menace russe qui pèserait sur elle. 

La deuxième, c’est le contournement de la règle du consensus, de plusieurs manières: opérations en coalitions de volontaires; mise en œuvre des décisions ne requérant plus de consensus; et surtout la délégation d’autorité au SACEUR (Commandant Suprême des Forces Alliées en Europe, officier général américain) au motif de l’efficacité et de l’accélération de la prise de décision. 

la lecture de ce projet «OTAN 2030» fait clairement ressortir un monument de paisible mauvaise foi, de tranquille désinformation et d'instrumentalisation de cette "menace Russe", «menace» patiemment créée puis entretenue, de façon à «mettre au pas» les alliés européens derrière les États-Unis, en vue de la lutte qui s'annonce avec la Chine pour l’hégémonie mondiale. 

C’est pourquoi, Monsieur le Secrétaire général, avant toute autre considération sur l’avenir tel qu’il est proposé dans le projet OTAN 2030, il est important de faire le point sur les causes et la réalité de cette menace russe, par les quelques rappels historiques ci-dessous. 

En effet, l’histoire ne commence pas en 2014, et c’est faire preuve d'une inébranlable mauvaise foi historique concernant les relations euro et américano-russes, que de passer en une seule phrase (au tout début du paragraphe "Russie") directement du "partenariat constructif" lancé par l'Otan au début des années 90 à l'annexion de la Crimée par la Russie en 2014, comme s’il ne s’était rien passé entre 1991 et 2014, entre « la gentille Russie » de l’époque, et le méchant «Ours russe» d’aujourd’hui. 

C’est bien l’OTAN qui, dès les années 1990, s’est lancée à marche forcée dans son élargissement vers l’est, certes à la demande des pays concernés, mais malgré les assurances données à la Russie en 1991 lors de la signature du traité de Moscou, et qui d’année en année a rapproché ses armées des frontières de la Russie, profitant de la décomposition de l’ex URSS. 

C’est bien l’OTAN qui , sans aucun mandat de l’ONU, a bombardé la Serbie pendant 78 jours, avec plus de 58000 sorties aériennes, et ceci sur la base d’une vaste opération de manipulation et d’intoxication de certains services secrets de membres importants de l’Alliance, (le prétendu plan serbe « Potkova » et l’affaire de Racak ), initiant ainsi, contre toute légitimité internationale, la création d’un Kosovo indépendant en arrachant une partie de son territoire à un état souverain, au nom du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, humiliant ainsi la Russie à travers son allié serbe. 

Ce principe serait-il à géométrie variable, lorsqu’il s’agit de la Crimée composée à plus de 90% de Russes, et rejoignant la Russie sans un coup de feu? 

C’est bien l’OTAN qui en 2008, forte de sa dynamique «conquête de l’est», refusa la main tendue par la Russie pour un nouveau « Pacte de sécurité européen » qui visait à régler les conflits non résolus à l’est de l’Europe (Transnistrie, Abkhazie, Ossétie du Sud), en échange d’une certaine neutralité de la Géorgie, de l’Ukraine, de la Moldavie - c’est à dire de l’immédiat « hinterland » russe - vis-à-vis de l’OTAN. 

Et c’est toujours avec ce même esprit conquérant, perçu comme un réel étranglement par la Russie, qu’il a été choisi, en 2010, d’encourager les graves troubles de l’« Euromaïdan », véritable coup d’état qui a abouti à l’élimination du président ukrainien légalement élu, jugé trop pro-russe, en vue de continuer la politique de rapprochement de l’Ukraine avec l’OTAN. 

On connaît la suite, avec les sécessions de la Crimée et du Donbass. 

C’est bien l’OTAN qui au début des années 2000, après avoir associé la Russie à une défense anti-missiles de théâtre censée « protéger les États-Unis et ses alliés, dont la Russie » , d'une attaque de missiles tirés par des «États voyous» , notamment l'Iran et la Corée du Nord (sic), transforma de facto en 2010 lors du sommet de Lisbonne, ce système en une architecture globale de défense antimissile balistique en Europe (BMDE), non plus de théâtre, mais en un véritable bouclier tourné cette fois-ci contre la Russie et non pas la protégeant. 

C’est encore l’OTAN qui donna l’assurance à la Russie que les sites de lancement des missiles antimissiles balistiques (ABM) ainsi déployés devant sa porte ne pourraient jamais être retournés en sites offensifs contre son territoire tout proche, « oubliant de préciser » qu’en réalité ces lanceurs (MK 41) de missiles ABM pouvaient tout aussi bien servir à tirer des missiles offensifs Tomahawk contre son territoire (nucléaires ou conventionnels de portées supérieures à 2000 km selon les versions) en contradiction flagrante avec le traité INF toujours en vigueur à l’époque de leur déploiement; on dépassait là, et de loin la question de savoir si le 9M729 russe portait à 480 km ou à 520 ! 

La menace potentielle ainsi exercée sur la capacité de frappe en second de la Russie, base de sa dissuasion nucléaire, a sérieusement remis en cause l’équilibre stratégique américano-russe , poussant alors la Russie à suspendre toute coopération au sein du COR (Conseil OTAN-Russie) fin 2013, donc dès avant l’affaire de la Crimée de 2014, laquelle sera ensuite utilisée par l’OTAN pour justifier – a posteriori – la protection BMDE de l’Europe face à la nouvelle « menace russe » ! 

Alors oui, Monsieur le Secrétaire général, au terme de ces vingt années d’efforts soutenus de la part de l’OTAN pour recréer « l’ennemi russe», indispensable à la survie d’une organisation théoriquement purement défensive, oui, la Russie a fini par se raidir, et par chercher à l’Est la coopération que l’Ouest lui refusait. 

L’entreprise de séparation de la Russie d’avec l’Europe, patiemment menée au fil des années, par vos prédécesseurs et par vous-même sous l’autorité constante des États-Unis, est aujourd’hui en bonne voie, puisque la Russie, enfin redevenue « la menace russe » , justifie les exercices les plus provocateurs comme Defender 2020 reporté à 2021, de plus en plus proches de ses frontières, de même que les nouveaux concepts d’emploi mini-nucléaires les plus fous sur le théâtre européen sous l’autorité de…l’allié américain qui seul en possède la clef. 

Mais non, Monsieur le Secrétaire général, aujourd’hui, et malgré tous vos efforts, la Russie avec son budget militaire de 70 Md€ (à peine le double de celui de la France), ne constitue pas une menace pour l’OTAN avec ses 1000 Md€ , dont 250 pour l’ensemble des pays européens de l’Alliance! Mais là n’est pas votre souci car ce qui est visé désormais à travers ce nouveau concept OTAN 2030, est un projet beaucoup plus vaste: à savoir impliquer l’Alliance atlantique dans la lutte pour l’hégémonie mondiale qui s’annonce entre la Chine et les États-Unis. 

La vraie menace, elle réelle, est celle du terrorisme. L’étude y consacre bien un développement, mais sans jamais se départir du mot « terrorisme », ni en caractériser les sources, les ressorts, les fondements idéologiques et politiques. 

Autrement dit, on n’aurait comme menace, en l’occurrence, qu’un mode d’action, puisque telle est la nature du « terrorisme ». On élude donc une réalité dérangeante, celle de l’islamisme radical et de son messianisme qui n’a rien à envier à celui du communisme d’antan. Le problème est que ce même messianisme est alimenté par l’immense chaos généré par les initiatives américaines post Guerre Froide , et qu’il est même porté au plan idéologique tant par la Turquie d’Erdogan, membre de l’Otan, que par l’Arabie Saoudite, allié indéfectible des États-Unis. 

Comme on pouvait s’y attendre, il apparaît dès les premières lignes que ce document n'augure rien de bon pour l’indépendance stratégique de l’Europe, son but étant clairement de reprendre en mains les alliés européens qui auraient seulement pu imaginer avoir une once d'un début d'éveil à une autonomie européenne. 

Ce n’est pas tout, car non seulement vous projetez de transformer l’OTAN, initialement alliance défensive bâtie pour protéger l’Europe face à un ennemi qui n’existe plus, en une alliance offensive contre un ennemi qui n’existe pas pour l’Europe, (même si nous ne sommes pas dupes des ambitions territoriales de la Chine, de l’impact de sa puissance économique et du caractère totalitaire de son régime) , mais ce rapport va plus loin, carrément vers une organisation à vocation politique mondiale, ayant barre sur toute autre organisation internationale. 

Ainsi, selon ce rapport: :
- L’OTAN devrait instaurer une pratique de concertation entre Alliés avant les réunions d'autres organisations internationales (ONU, G20, etc..) , ce qui signifie en clair « venir prendre les instructions la veille» pour les imposer le lendemain massivement en plénière ! 
- L'OTAN doit avoir une forte dimension politique, qui soit à la mesure de son adaptation militaire. L’Organisation devrait envisager de renforcer les pouvoirs délégués au secrétaire général, pour que celui-ci puisse prendre des décisions concrètes concernant le personnel et certaines questions budgétaires. 
- L’OTAN devrait créer, au sein des structures existantes de l’Alliance, un mécanisme plus structuré pour la formation de coalitions. L'objectif serait que les Alliés puissent placer de nouvelles opérations sous la bannière OTAN même si tous ne souhaitaient pas participer à une éventuelle mission. 
- L’OTAN devrait réfléchir à l’opportunité de faire en sorte que le blocage d’un dossier par un unique pays ne soit possible qu’au niveau ministériel. 
- L’OTAN devrait approfondir les consultations et la coopération avec les partenaires de l’Indo-Pacifique : l’Australie, le Japon, la Nouvelle-Zélande et la République de Corée, 
- L’OTAN devrait commencer de réfléchir en interne, à la possibilité d’établir un partenariat avec l’Inde. 

Monsieur le Secrétaire général, 
C’est parce que cette organisation lorsqu’elle a perdu son ennemi, n’a eu de cesse que de se lancer à corps perdu dans la justification politique de la préservation de son outil militaire, en se reforgeant son nouvel ennemi russe, qu’elle tend aujourd’hui à devenir un danger pour l’Europe. 

Car, non contente d’avoir fait manquer à l’Europe l’occasion d’une véritable paix durable souhaitée par tous, y compris par la Russie, l’OTAN animée du seul souci de sa survie, et de sa justification par son extension, n’a fait que provoquer un vaste réarmement de part et d’autre des frontières de la Russie , de la Baltique à la Mer Noire, mettant en danger la paix dans cette Europe, qu’elle ne considère plus désormais que comme son futur champ de bataille, 

Et maintenant, à travers ce document OTAN 2030, et contre la logique la plus élémentaire qui veut que ce soit la mission qui justifie l’outil et non l’inverse - les Romains ne disaient-ils pas déjà « Cedant arma togae » ? - vous voudriez, pour l’avenir, justifier l’outil militaire de cette alliance en le transformant en un instrument politique, incontournable, de gestion de vastes coalitions internationales, au profit d’une véritable gouvernance planétaire, allant même jusqu’à passer outre les décisions de l’ONU et écrasant les souverainetés nationales! 

Alors non, Monsieur le Secrétaire général! Il faut stopper ce train fou, avant qu’il ne soit trop tard! La France, quant à elle, dans le droit fil des principes énoncés voici plus d’un demi-siècle par le général de Gaulle, ne saurait, sans faillir gravement, se prêter à cette entreprise d’une acceptation aventureuse de la tutelle américaine sur l’Europe. 

Pour le Cercle de Réflexion Interarmées, le Général de Brigade aérienne (2S) Grégoire Diamantidis / Source lettre : Capital 

Source : Divers articles sur la toile




 
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