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“Voici mon nouveau pacte avec le monde : les grandes choses finissent, les petites choses perdurent. La société doit de nouveau être unifiée au lieu d’être si disloquée. Regardez la nature et vous verrez que la vie est simple. Nous devons retourner où nous étions au point où nous avons pris le mauvais virage. Nous devons retourner aux fondations principales de la vie, sans troubler l’eau. Dans quel monde vivons-nous quand un fou vous dit ce qu’il y a à faire…” “Nostalghia”, Andreï Tarkovsky, 1983.
Inégalité galopante, division exacerbée, exploitation sans fin des ressources humaines et naturelles, destruction environnementale exponentielle, oppression, répression, guerres sans fin, terrorisme piloté par les États, pauvreté matérielle, intellectuelle et culturelle, parodies et illusions démocratiques, cirque politique, gouvernance oligarchique, éradication des libertés au profit d’une illusoire sécurité, mensonges et falsifications en tout genre, contrôle et censure de l’information, assujettissement à la marchandise, à l’argent roi et autres turpitudes économico-sécuritaires, sont non seulement les fondations de notre société moderne, mais aussi sont devenus la norme et le standard si peu critiqué d’une organisation humaine qui, depuis quelques décennies ne fait plus que tourner de plus en plus rapidement autour du siphon du tout-à-l’égout du grand oubli. Comment en sommes-nous arrivés là ? Était-ce… Est-ce inéluctable ? Est-ce le résultat d’une évolution ? Où va la société humaine ? D’où vient-elle ? Y a t’il une solution ?…
Peut-on envisager la question de la société sans envisager la question du pouvoir ? Qui, dans un groupe volontairement organisé, associant des individus au sein même d’un groupe mais aussi au sein de différents groupes partageant les mêmes ressources, va prendre les décisions ?

L’histoire de l’humanité se confond en cela avec l’histoire du pouvoir politique. La question de la société peut sans aucun doute être ramenée à la question du pouvoir politique. Le pouvoir étant entendu comme la capacité individuelle et/ou collective à une action concertée. 

Aujourd’hui, la confusion a été organisée à dessein de façon à ce que la vaste majorité des gens confonde pouvoir politique, société et État. Ainsi pour la plupart des gens, l’idéologie en place a rendu ces trois termes quasiment synonymes. Or, il n’en est rien, en effet la société humaine date de plus d’un million d’années tandis que l’État, dans son organisation institutionnalisée, date d’environ 5000 ans. 

Pouvoir politique et dérive économique
La société primordiale indivisée s’est politiquement divisée établissant une entité de pouvoir hors du corps social. De là fut possible au cours des siècles au gré de l’accumulation de surplus et de richesses, la création d’une caste économique elle aussi séparée du corps social, la société passant d’égalitaire à inégalitaire politiquement et économiquement. Les deux corps séparés marchèrent longtemps en parallèle la main dans la main car ayant besoin l’un de l’autre. L’État-nation despotique et guerrier, machine de conquête et de destruction, de domination et d’assimilation forcée ne put parvenir au faîte de sa gloire qu’aidée par la manne financière résultant d’une accumulation toujours plus grande de richesses dans les mains du plus petit nombre. Jusqu’au XIXème siècle et la 1ère révolution industrielle, il y eut une sorte d’équilibre des pouvoirs politique et économique, tous deux aussi despotiques qu’inégalitaires, mais complémentaires par nécessité. Les décisions politiques impérialistes ne pouvaient le plus souvent être mises en application faute de soutien financier (ce qui endetta les États dès le début) et les velléités d’enrichissement ne pouvaient se concrétiser sans l’aval politique du pouvoir centralisé.

Au fil du temps, la caste dominante politiquement et économiquement au sein des États puis États-nations est parvenue à faire fusionner les intérêts, les nécessités économiques avec ceux du politique. D’assujetti et dépendant, l’économique est devenu depuis le XIXème siècle, le moteur entretenant le fossé des disparités de plus en plus large entre les possédants et les dépossédés.

De nos jours, la société capitaliste est devenue une société du despotisme de la marchandise, de la tyrannie de l’argent et de la dette par le biais de tous ceux que ces caractéristiques spécifiques contrôlent. Une caste de prédateurs socio-économiques a émergé de la croissance démesurée du règne de la marchandise, des services et de la spéculation, elle-même devenue un outil majeur de la toute-puissance despotique Étaticocapitaliste.

Le pouvoir économique a donc fini par acheter, par s’approprier le pouvoir politique. Il lui aura fallu deux grandes guerres mondiales, que ses cadres supérieurs ont volontairement fomentées, pour y parvenir. Les grands pouvoirs industriels et financiers furent derrière la première et la seconde guerre mondiales dont ils sortirent grandement consolidés. De fait, depuis les guerres napoléoniennes, aucune grande guerre n’a eu lieu sans l’aval et la complicité des milieux industriels et financiers, étroitement interconnectés et aux intérêts convergents. Pourquoi ? Parce que depuis la première révolution industrielle, les États sont sous la dépendance et donc sous la tutelle de la haute finance et de la grande industrie érigées en cartels inter-connectés et qui prêtent sans relâche aux États, contraints par leurs propres régulations, poussées par leurs contrôleurs financiers, à emprunter sur le marché privé de la finance et des banques. Ceci constitue le grand triomphe de l’idéologie de la marchandise reine et de la finance appelée “capitalisme”. Le capitalisme a non seulement enchaîné la masse prolétaire (est prolétaire dans le monde, toute personne n’ayant rien d’autre que sa force de travail à vendre pour vivre, ce qui correspond à environ 99,5% de la population mondiale, prolétariat qui est en lutte permanente avec la classe dominante, artificiellement créée ne l’oublions jamais…) à sa dictature de la dette et de la disparité grandissante, mais également le système de contrôle de la division politico-économique des sociétés : l’État.

Nous passerons sur les détails de cet asservissement total s’étant opéré progressivement, fort bien analysé par ailleurs, pour nous concentrer sur le résultat final, qui est la phase paroxystique du capitalisme : sa mutation en cours en une entité fasciste supranationale que l’élite impérialiste auto-proclamée a nommé à maintes reprises son “Nouvel Ordre Mondial”. Entité qui envisage la fusion de l’outil de contrôle appelé État et sa bureaucratie tentaculaire avec l’entité des cartels financiers et industriels transnationaux, pour former une gigantesque entité Étatico-industriofinancière représentant un fascisme trans et supra national.

Il aura fallu moins de deux cents ans à la phagocytose capitaliste pour arriver à son point de saturation final. Les crises économiques fabriquées depuis le XIXème siècle afin de siphonner toujours plus de capital vers le haut de la pyramide à des fins purement spéculatrices de contrôle ont été résolu par des guerres financées et préparées par les contrôleurs du système politico-économique. L’État est une machine de guerre et d’expansion perpétuelle. Il ne peut subsister que par la guerre et la création intermittente d’empires, qui dans l’ère moderne sont contrôlés par les entités de la haute finance. L’empire anglo-américain actuel est contrôlé depuis trois cités indépendantes : la City de Londres (et sa succursale de Wall Street) pour sa partie financière, le Vatican pour sa partie “spirituelle”et Washington DC pour sa partie militaire. Cycliquement, des crises économiques et/ou financières résultent, sont provoquées, par les mécanismes et les contrôleurs du système. À leur paroxysme, ces crises ont été résolues par de grandes guerres qui servent plusieurs objectifs en un : remettre les “compteurs économiques” quasiment à zéro, vendre les produits lucratifs nécessaires à la continuation du système : armes et munitions et fournir de grands chantiers de reconstruction après la dévastation, contrats de reconstruction qui tombent bien entendu dans l’escarcelle des suppôts et complices du système politico-économique en place. Ajoutons à cela un point de bonus : toute grande guerre permet l’élimination d’un grand nombre de prolétaires et permet des purges substantielles dans la contestation et la dissidence de tout poil.

Nous subissons depuis fin 2007, la dernière en date des grandes crises financières puis économiques, orchestrées depuis les bureaux feutrées des grandes banques et des cartels industriels. Où en sommes-nous ? Rien n’est résolu bien au contraire. Le transfert, le siphonnage des richesses du bas vers le haut de la pyramide s’est effectué et s’effectue toujours. La dictature de cette création humaine qu’on appelle la “loi des marchés”, création humaine et anti-naturelle par excellence, continue de générer de plus en plus de misère et de disparités, il y a plus de milliardaires que jamais en haut de la pyramide et il n’y a jamais eu autant de misère dans le bas que depuis l’ère de la 1ère révolution industrielle. Tout est marchandise, tout se vend et s’achète légalement ou illégalement, de la miche de pain à l’embryon humain en passant par la drogue, le MP3 d’une chanteuse à la mode et les esclaves pour alimenter les réseaux des industries du sexe et du trafic d’organes ; le tout chapeauté par une oligarchie dont la veulerie n’a d’égal que l’immoralité et la volonté de pouvoir absolu sur tout et en tout.

Aujourd’hui, tous les curseurs sont pointés sur la nécessité d’une troisième guerre mondiale pour remplir une fois de plus les fonctions mentionnées ci-dessus au sujet des grandes guerres. Mais il semble que l’empire soit pris à son propre piège. Depuis 1945, l’oligarchie s’est engagée dans une course au pouvoir, au contrôle politico-économique et à l’armement. La “guerre froide”, créée de toute pièce par cette même oligarchie et qui vit une période de tensions extrêmes entre deux mondes en apparence si différents et présentés de la sorte par l’ensemble de la propagande Étatiste mondiale, à savoir le monde occidental “démocratique” et “libéral”, dit “libre” et le monde marxo-communiste dit “totalitaire”, s’est terminée par l’effondrement de l’empire soviétique, empire préalablement financé et mis en place par les mêmes cartels industrio-financiers qui un peu plus tard mirent les régimes fascistes et national-socialistes au pouvoir en Europe occidentale, créant ainsi à terme les deux côtés d’une belligérance future dont ils tireront profit. 

La course mondiale à l’armement nucléaire, qui fut la grande caractéristique de cette crise induite et très lucrative pour le plus petit nombre de cette “guerre froide”, a vu le monde être régulé par une doctrine stratégique émanant du nucléaire : la dissuasion. Ainsi, il devint impossible d’utiliser l’armement créé sous peine d’annihilation réciproque.

Depuis 1945, le monde a vécu des crises et des conflits régionaux, luttes d’influence entre deux blocs politiques en apparence antagoniste, mais en réalité complémentaires, manœuvrés par les cartels de l’industrie et de la finance, des “frères ennemis” n’étant de fait que les deux faces de la même pièce capitaliste de contrôle, avec d’un côté le bloc de la soi-disante “démocratie” dans une société du spectacle grandissante et géré par le “libéralisme économique” et de l’autre, son alter-ego du goulag et de l’immobilisme Étatique s’abreuvant à la fontaine du capitalisme d’État, jamais remis en question. Dès 1917, le pouvoir financier des grands cartels occidentaux mettait Lénine et Trotsky au pouvoir en Russie, qu’il fit suivre de Staline et consorts, finançait également Mussolini en Italie, Hitler en Allemagne jusqu’à au moins 1944. Cette même haute finance largua en rase campagne le nationaliste Chiang Kaï Chek en Chine et finit par favoriser Mao Tsé Toung. 

L’après seconde guerre mondiale vit l’époque du démantèlement d’apparence des colonies européennes en Afrique pour les remplacer par des régimes marionnettes pseudo-indépendants, gérés de l’intérieur et de l’extérieur par des transnationales continuant de piller les ressources. Le temps arriva pour l’oligarchie industrio-financière de mettre toute une série de dictateurs marionnettes au pouvoir dans des pays clefs comme au Chili, en Argentine et au Brésil pour l’Amérique du sud, Israël, l’Égypte, l’Iran et l’Irak pour le Moyen-Orient, la Thaïlande, les Philippines et l’Indonésie pour l’Asie du sud-est, Japon et Corée du Sud étant des pays satellites de l’empire. Le bloc de l’Est fit de même avant de se désintégrer en 1991. La tentative de récupération totale de l’ex-empire soviétique par l’oligarchie et affiliés échoua. Le croquemitaine “communiste” ayant disparu, il fallait le remplacer car États et empire ne survivent que par la guerre perpétuelle, son remplaçant fut trouvé dans le “musulman” que les idéologues veulent être fondamentaliste, sectaire, sanguinaire et bien sûr terroriste. Depuis la guerre en Afghanistan contre l’URSS, l’empire avait créé une “base” (Al Qaïda en arabe) de “moudjahidines” pour combattre les soviétiques piégés en Afghanistan. La guerre terminée, ceux-ci furent en partie recyclés, toujours financés par la secte arabe du wahabbisme, dans le “terrorisme international” sponsorisé par l’empire et ses alliés moyenorientaux. De là ne suffisait-il plus que d’une opération faux-drapeau de grande envergure, un “nouveau Pearl Harbor” comme mentionné par le grand think-tank nouveau-con va t’en guerre du PNAC en 1999, pour déclencher une guerre “mondiale contre le terrorisme” (qui ne peut exister qu’avec la complicité des États) perpétuelle. 

Et le 11 septembre 2001… se produisit effectivement un “nouveau Pearl Harbor”. Depuis, le monde est en guerre perpétuelle, il est entré dans la fiction de la “guerre contre le terrorisme”, l’empire anglo-américano-christo-sioniste envahit, renverse et mène des guerres directes ou par procuration, tour à tour sont attaqués l’Afghanistan (qui n’a historiquement jamais succombé à aucune puissance coloniale, pas même le grand empire britannique du XIXème siècle…), l’Irak, le Soudan, la Somalie, la Libye, sont fomentées les révolutions colorées du “printemps arabe” de 2011, l’Égypte tombe, puis la Syrie est attaquée par procuration au moyen d’une armée mercenaire “djihadistes” recrutée, financée, entraînée et transportée au travers des frontières par les forces de l’empire et leurs alliés locaux que sont la Turquie, la Jordanie, Israël, le Qatar et l’Arabie Saoudite. S’ensuit un nouveau conflit par procuration au Yémen. De ce chaos de terrain surgit l’épitomé de la haine fabriquée : Al Qaïda en Irak et au Levant (AQIL), qui deviendra l’État Islamique en Irak et au Levant (EIIL) puis finalement l’État Islamique (EI) ou Daesh de son acronyme arabe. Le parfait croquemitaine constitué d’une armée de désœuvrés musulmans radicalisés en provenance d’Europe et de pays pauvres et déstabilisés au préalable, recrues formées par les forces spéciales des armées américaine, britannique, française, financés par le fric pétrolier du Qatar, de l’Arabie Saoudite et de leurs régimes théocratiques sectaires, logistiquement aidés dans des camps et bases para-militaires en Turquie, en Jordanie et en Libye (post 2011) et médicalement traités dans les hôpitaux de campagne israéliens sur les plateaux du Golan annexés (comme l’est aussi le reste de la Palestine).

Dans ce contexte de tensions internationales permanentes, de l’implication des grandes puissances sur le terrain au Proche-Orient, vient se greffer une nouvelle crise financière et économique de grande ampleur en septembre 2007 et dont les effets drastiques ressentis en 2008 perdurent jusqu’à aujourd’hui.

Texte extrait de "Manifeste pour la société des sociétés" par Résistance 71 (PDF)


 
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