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Trois semaines sans Internet et au retour, c’est l’Armaguédon ! La propagande de guerre bat son plein ; on passe un cran supplémentaire avec la suppression des médias russes RT et Sputnik dans l’UE. On saute du Covid à l’Ukraine sans coup férir et surtout dans l’impunité la plus totale à propos de cette calamiteuse affaire de vaccins ARNm de Pfizer & co ! 

Une chose dont l’Occident est passé maître, c’est bien l’enfumage médiatique. Personnellement, j’aimais bien les reportages de RT dans les manifs, sans interviews ni commentaires pour nous dire comment il faudrait penser. Une sorte de web cam mobile avec le son. De même que certains journalistes de Sputnik qui préparaient leurs interviews en lisant suffisamment en amont pour présenter un résultat qualitatif. Je suis par contre atterré par le niveau de bêtise des médias sur la guerre en Ukraine que je peux lire ici ou là sur Internet où cela confine à une pantalonnade généralisée. 

Mon sentiment est que l’oligarchie mondialiste ne semblait pas s’attendre à une réaction de cette ampleur de la part de la Russie et que c’est un peu de cet affolement qui transparaît dans leurs médias. Cela me rappelle un peu le début de la crise des gilets jaunes ou la classe médiatico-politique française partait un peu dans tous les sens, avant de resserrer les rangs ; à la différence ici que ce sont des gilets jaunes armés jusqu’aux dents. C’est un peu l’équivalent d’un gros coup de pied dans une fourmilière. Pourtant, ce n’est pas faute d’avoir prévenu. Cela fait vingt ans que la Russie demande l’arrêt de l’expansion de l’OTAN à l’est. Cela fait tout autant que la question ukrainienne est présentée comme un casus belli car considérée comme posant un risque existentiel pour la Russie. Et ce par des experts de tous côtés. Depuis quelques mois la Russie a singulièrement haussé le ton sur cette question et demandé des engagements probants aux membres de l’OTAN, avec pour seule réponse une fin de non recevoir. Le président Vladimir Poutine c’est même fendu d’un article pour expliquer pourquoi c’était important pour la Russie. Il n’y a pas eu de Maskirovka, tout était clair comme de l’eau de roche. Les experts occidentaux ont qualifié ce texte d’impérialiste et ils y ont à mon avis extrapolé le sentiment d’union entre Russes et russophones ukrainiens à l’ensemble de l’Ukraine. Je ne pense pourtant pas que ce soit l’esprit du texte ni le sentiment des Russes sur la question. Cette position a ensuite été dernièrement précisée lors de la reconnaissance des républiques populaires de Donetsk et Louhansk dans un discours encore plus significatif. Où on y apprend incidemment que Vladimir Poutine à son arrivée au pouvoir en Russie en 2000 aurait demandé au président Bill Clinton si l’Amérique accepterait la Russie dans l’OTAN ! On connaît la réponse des États-Unis par ses actions envers la Russie durant toutes ces années. L’hubris à l’état pur. L’explication que trouve Vladimir Poutine à ce refus occidental ne me semble que partiellement juste. Je le cite : 
« D’accord, vous ne voulez pas nous voir comme votre ami et allié, mais pourquoi faire de nous un ennemi ? Il n’y a qu’une seule réponse : il ne s’agit pas de notre régime politique, il ne s’agit de rien d’autre, ils n’ont tout simplement pas besoin d’un pays indépendant aussi grand que la Russie. C’est la réponse à toutes les questions. » 
Si il est vrai que la taille de la Russie fait qu’elle regorge des ressources et peu se suffire à elle même, voir alimenter en matières premières un bloc antagoniste à la thalassocratie anglo-saxonne – d’ailleurs à cet égard si on aligne États-Unis / Australie / Canada d’un côté et Russie / Chine de l’autre, les tailles sont sensiblement équivalentes et, par extrapolation simpliste, probablement les ressources en matières premières aussi -. Mais pour moi, la première réponse réside bien dans la nature du régime politique. En Occident l’oligarchie a perverti peu à peu, de manière subreptice, et ce depuis quelques décennies, toutes les structures de pouvoir. La politique aujourd’hui en Occident c’est d’abord et avant toute chose l’intérêt de cette oligarchie. C’est l’intérêt économique qui tient lieu de politique générale. Un régime qui fait passer l’intérêt politique général avant l’intérêt économique d’une petite caste est immédiatement qualifié d’autoritaire, de dictatorial etc. Il y a chez nous une liberté qui prime sur toutes les autres, c’est celle de l’argent. C’est pour cette raison que le cœur de la technostructure occidentale est constituée par son système financier. Si Vladimir Poutine avait laissé les oligarques installer le même régime en Russie, je pense que la Russie aurait pu rentrer dans l’OTAN et Vladimir Poutine devenir leur ami. Mais franchement en aurait-il eu envie pour la Russie, même contre moult récompenses ? 

D’ailleurs, dans cette réaction épidermique très révélatrice de la classe médiatico-politique de l’oligarchie, c’est bien le reproche qui est fait aux oligarques russes et c’est eux qui reçoivent les premières sanctions comme pour les inciter à renverser Vladimir Poutine. Et l’on se demande ouvertement dans les journaux, ici l’Express : mais pourquoi l’oligarchie russe n’est pas capable de faire comme chez nous, c’est à dire d’accaparer le pouvoir ? Cela fait déjà quelques années que la césure politique majeure s’établit entre les régimes oligarchiques où c’est l’économique qui tient lieu de politique et les autres, où l’économique reste subordonné au politique. Et franchement, pour ceux en Occident qui aimeraient subordonner l’économique au politique, et que l’on qualifie généralement de populistes, ce sont aussi des réponses qui les intéresseraient, pour des raisons inverses bien sûr. Personnellement, j’espère pour la Russie que la poursuite de cette conduite survivra au long exercice du pouvoir de Vladimir Poutine. 

Quoi qu’il en soit, c’est un moment charnière où la Russie a décidé de contre-attaquer. Je suis toujours étonné d’entendre mes congénères parler d’attaque de la Russie sur l’Ukraine comme s’ils découvraient qu’il y avait une guerre en Ukraine. Pour rappel, depuis le coup d’état pro-occidental du Maïdan, cela fait huit ans qu’il y a la guerre dans le Donbass contre les russophones, et déjà 14 000 morts. Les Russes et pro-russes ont tendance à expliquer ces réactions d’Occidentaux comme de la haine à leur encontre. Je ne le pense pas, c’est juste d’une part le résultat de l’ignorance dans laquelle ils ont été mis par les médias de l’oligarchie. Ignorance qui confine à l’aveuglement pour certains et qui doit sembler bien confortable, ce qui est une forme de couardise d’autre part. C’est ainsi, certains, et cela semble être malheureusement la majorité, préfèrent vivre avec de la merde dans les yeux plutôt que de les ouvrir. C’est aussi plus facile pour bêler en groupe. Car c’est là la grande force des médias : faire naître un sentiment d’appartenance sociale dans nos sociétés atomisées sous domination économique. Les réseaux sociaux en étant les derniers avatars explicites. 

Pas trop envie de battre en brèche toutes les âneries lues à la sortie de ma cure internétique de quelques semaines qui ne parlent de toute façon que d’infra tactique et sont sans intérêt. 

Je rappellerai juste à tous les stratèges que la doctrine d’intervention russe n’a rien à voir avec une blitzkrieg à l’allemande ou un Shock and awe à l’américaine. Il est donc inepte de commenter l’intervention russe depuis ces positions de référence. L’avancée russe semble assez conforme à sa doctrine d’intervention dite des « opérations en profondeur » avec des poussées jusqu’en limite logistique pour provoquer une désorganisation opérationnelle chez l’adversaire. Sauf dans la préparation d’artillerie qui est, en ce début d’intervention, bien plus faible que ce que décrit la doctrine. Par souci d’épargner les populations civiles russophones, on s’en doute. Je citerai simplement ce paragraphe du lien précédent parce qu’assez explicite : 
« D’un point de vue théorique, l’ennemi est vu comme un système, qui tire sa force de son organisation, et non comme une cible matérielle. Par ailleurs, les théoriciens militaires soviétiques considèrent qu’il n’est pas possible de détruire l’intégralité du dispositif militaire adverse. L’objectif des opérations en profondeur est donc de détruire la cohésion du système ennemi au niveau opératif, à l’articulation du stratégique et du tactique, et de créer ainsi un choc opérationnel : l’oudar. »
Question oudar, il me semble que le compte y est. Sinon, pour ceux qui ne mettent en avant que les échecs de l’armée russe, qu’ils expliquent l’évolution cartographique du conflit. Il y aura chez certains « stratèges » des réveils sans lendemain. Comme chez le « mentat »1 Michel Goya, que j’aimais bien lire par ailleurs, qui va nous expliquer en quoi l’intervention russe est si stupide.

Certaines manifestation de la psyché oligarchique par la bouche interposée de leurs médias confinent vraiment au ridicule. Voici les exemples qui m’ont le plus interpellés, ça défrise quand même pas mal.

Je mets Le Figaro parce que son propriétaire est au cœur de ce qu’il reste du complexe militaro industriel français et que de ce fait, c’est vraiment la honte d’en être réduit à diffuser ce genre « d’analyse ». Donc voilà, Volodymyr Zelensky a tombé le costard et enfilé sa tenue kaki ! Sinon il y a aussi la discussion bon chic bon genre sur l’élimination de Poutine sur LCI qui vaut quand même son pesant de cacahuètes. Et ça, par contre, pas de problème, ça va rester sur Youtube. Il me vient des images de David Pujadas avec sa petite frange bien proprette, en opération homo au Kremlin pour « éliminer Poutine« . Mais c’est peut-être Jean Dujardin qui va s’y coller.

samedi 12 mars 2022 


 
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