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L’arabe appartient à la famille des langues sémitiques, et plus précisément au rameau méridional de ces langues, comme par exemple l’éthiopien. Quant au rameau septentrional, il rassemblait l’assyrien, le babylonien, l’hébreu, l’araméen et le syriaque. Avant d’entrer dans le vif du sujet, il faut remarquer que le terme français « alphabet » rappelle les deux premières lettres de la langue arabe : alif et bā’. 

D’où vient cette proximité ? 
On considère que l'alphabet arabe est un dérivé de l'alphabet araméen dans sa variante nabatéenne dont l’écriture remonte au IVe siècle avant J. C. L’alphabet araméen lui-même descend du phénicien comme la plupart des systèmes d’écriture de la région. L'alphabet phénicien était essentiellement consonantique. Il fut inventé vers le XVe siècle avant J. C. et se répandit dans tout le Moyen-Orient. Les peuples qui l'adoptèrent le modifièrent en fonction de leurs besoins. Il donna ainsi naissance, entre autres, aux alphabets hébreu, syriaque et grec.

L'ordre alphabétique des alphabets issus du phénicien est souvent identique, mais on constate que l'ordre alphabétique actuel arabe est différent (alif, bā’, tā’, thā’, ǧīm, ḥā’, khā’, dāl…). Ce n’est pourtant pas le cas de l’ordre ancien. Au VIIe siècle, on ajouta des points sur ou sous certaines lettres afin de les différencier. C’est alors que l'ordre des lettres fut modifié.

C’est pourquoi l'alphabet arabe ne suit plus l'ordre traditionnel des autres alphabets sémitiques, appelé « ordre levantin ». En arabe cet ordre est appelé abǧad, du nom des quatre premières lettres.

Les plus anciennes inscriptions arabes datent seulement du Ier siècle de notre ère et doivent plutôt être définies comme « proto-arabes » puisque l’écriture arabe proprement dite n’est attestée que trois siècles plus tard. Dans un premier temps, les systèmes d’écritures utilisés par les Arabes furent ceux d’autres langues employées depuis la péninsule Arabique jusqu’au Nord de la Mésopotamie, comme le sud-arabique et le nabatéen.

L’épigraphie remontant à la période allant du IVe au VIe siècles après J.-C montre une évolution dans l’écriture arabe. Ces siècles constituent une étape de transition avant la version unifiée du Coran, véritable point de départ de l'alphabet arabe (milieu du septième siècle de notre ère).

L’écriture arabe présente des aspects très différents des graphies sud-arabiques, c’est pourquoi, la plupart des spécialistes émettent l’hypothèse d’une origine araméenne. Mais alorsque certains postulent un développement plutôt à partir de l’écriture nabatéenne, d’autres 2 chercheurs voient l’écriture syriaque comme une ancêtre de l’écriture arabe. 

Nous allons maintenant nous intéresser à chacune de ses deux hypothèses. L’origine nabatéenne fut initialement proposée par l’orientaliste allemand Theodor Nöldeke en 1865. Elle fut ensuite soutenue des chercheurs dont la méthode consiste à comparer entre elles les formes des lettres isolées. Les lettres auraient évolué à partir d’une écriture nabatéenne cursive. 

Les modifications concernant la façon de lier les lettres entre elles, la constitution d’une ligne de base pour l’écriture, ainsi que les variations de forme des lettres en fonction de leur position initiale, médiane ou finale auraient finalement donné naissance à l’alphabet arabe. 

Sans nier entièrement l’influence de l’écriture nabatéenne sur la forme des lettres arabes, les tenants de l’origine syriaque considèrent la structure de l’écriture comme un élément plus décisif. Dans l’écriture syriaque, les liaisons entre les lettres ou ligatures se font en bas et les lettres s’écrivent sur une ligne de base. L’écriture arabe possède ces deux caractéristiques. 

Les défenseurs de l’origine syriaque font également remarquer qu’en nabatéen, les lettres sont plus hautes que larges, alors qu’en syriaque, c’est plutôt la contraire. Toutefois, ces deux hypothèses ne sont pas si éloignées l’une de l’autre car nabatéen et syriaque dérivent tous deux de l’araméen. 

Pourquoi avoir préféré une écriture de type araméen aux écritures sud-arabiques, pourtant mieux adaptées à la transcription de la langue arabe ? Cela reste un mystère. Des écritures de type araméen ont été utilisées, bien avant l’avènement de l’islam, pour mettre par écrit des textes sacrés relevant du monothéisme abrahamique. Faut-il là voir un lien providentiel ?





 
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