Les coordonnées révélant où les avions à réaction et les chars américains ont tiré près de 10 000 obus à l'UA en Irak pendant la guerre de 2003 ont été obtenues par le groupe pacifiste néerlandais Pax . C'est la première fois que des coordonnées de tir américaines à l'UA sont publiées, malgré les demandes précédentes du Programme des Nations Unies pour l'environnement et du gouvernement irakien.
Selon le rapport de PAX, qui doit être publié cette semaine, les données montrent que de nombreux obus à l'UA ont été tirés dans ou à proximité de zones peuplées d'Irak, notamment As Samawah, Nasiriyah et Bassorah. Au moins 1 500 obus ont également visé des soldats, selon le groupe.
Cela est en contradiction avec les conseils juridiques de l'US Air Force en 1975 suggérant que les armes à l'uranium appauvri ne devraient être utilisées que contre des cibles difficiles comme les chars et les véhicules blindés, indique le rapport. Ce conseil, conçu pour se conformer au droit international en minimisant les morts et les blessés parmi les populations urbaines et les troupes, a été largement ignoré par les forces américaines, fait-il valoir.
Une note de six pages du major James Miles et Will Carroll de la division du droit international du bureau du juge-avocat général de l'USAF a conclu en mars 1975 que les armes à l'UA étaient légales. Mais il a recommandé d'imposer des restrictions sur la façon dont ils étaient utilisés.
"L'utilisation de cette munition uniquement contre le personnel est interdite si des armes alternatives sont disponibles", indique le mémo. C'était pour des raisons juridiques "liées aux interdictions contre les souffrances inutiles et le poison".
Le mémo soulignait également que les armes à l'uranium appauvri étaient « incendiaires » et pouvaient avoir des impacts aveugles dans les zones urbaines. "Ils peuvent provoquer des incendies qui se propagent, entraînant ainsi des risques potentiels de blessures disproportionnées aux civils ou de dommages aux biens civils", a-t-il déclaré. "Des précautions pour éviter ou minimiser ces risques doivent être prises lors de l'utilisation de cette arme ou d'autres armes disponibles doivent être utilisées."
PAX estime qu'il y a plus de 300 sites en Irak contaminés par l'uranium appauvri , dont le nettoyage coûtera au moins 30 millions de dollars. L'uranium appauvri est un métal lourd chimiquement toxique et radioactif qui attire les concepteurs d'armes car il est extrêmement dur et peut percer les armures.
L'auteur du rapport PAX, Wim Zwijnenburg, a déclaré que l'US Air Force connaissait les dommages pouvant être causés par les armes à l'uranium appauvri et n'aurait pas dû les utiliser dans des zones peuplées. "L'utilisation de l'UA contre ces cibles remet en question l'adhésion des forces de la coalition à leurs propres principes et directives", a-t-il soutenu. "Ils devraient être tenus responsables des conséquences."
Les forces américaines ont donné les coordonnées GPS des obus à l'UA, ainsi qu'une liste des cibles et le nombre de tirs, au ministère néerlandais de la Défense, qui s'inquiétait des zones dans lesquelles ses troupes étaient stationnées l'année dernière.
Le ministère de la Défense néerlandais a ensuite communiqué les données à PAX en réponse à une demande en vertu de la loi sur la liberté d'information. La publication de l'information a été une "première étape utile vers une plus grande transparence", a déclaré PAX, mais les coordonnées de tir pour la plupart des obus à l'UA restent inconnues.
On estime que plus de 300 000 obus à l'UA ont été tirés pendant la guerre en Irak de 2003, la grande majorité par les forces américaines. Une petite fraction provenait de chars britanniques, dont les coordonnées ont été fournies au Programme des Nations Unies pour l'environnement. On pense que 782 414 autres obus à l'UA ont été tirés lors du conflit précédent en 1991, principalement par les forces américaines.
Le membre du Congrès démocrate, Jim McDermott , exhorte maintenant le département américain de la Défense à publier toutes ses coordonnées de tir à l'UA. "Ces armes ont eu de terribles conséquences sur la santé des civils irakiens", a-t-il déclaré. "Le moins que les États-Unis puissent faire est de fournir les données de ciblage spécifiques afin que le gouvernement irakien puisse commencer le processus complexe de nettoyage."
Le département américain de la Défense n'a pas répondu à une demande de commentaire. Une source militaire a été "étonnée" que le gouvernement néerlandais ait publié des données de ciblage sensibles.
