Biden ne viendra pas à Davos. Il ne rencontrera pas Xi Jinping ni Poutine, absents eux aussi. La triste nouvelle que voilà!
Le raout de l’énigmatique professeur Schwab bat de l’aile. Forcé de choisir son camp dans le conflit aux portes de l’Europe, il se limitera cette année à compter les points marqués par Zelensky contre l’armée russe. Ensemble, les alliés des Etats-Unis redistribueront plus modestement les cartes au coin du feu. Fini, les grandes envolées sur l’avenir radieux de la planète une et indivisible. La guerre en Ukraine a tout chamboulé. Le monde est devenu soudainement compliqué.
Mais aussi terriblement simple. La réalité géopolitique dénude soudain l’empereur, elle le contraint à tomber le masque. Les programmes du Forum économique n’étaient que du vent. Ses thèmes de la poudre aux yeux. Davos n’a jamais anticipé les grands événements des dernières décennies. Nonobstant la publicité démesurée qui lui est offerte dans les médias dominants, surtout le service public qu’il manipule éhontément, le club d’influenceurs n’a pas pu éviter les krachs bancaires, ni les pandémies encore moins les guerres.
Davos n’est qu’un moulin à illusions, surtout une terrible machine à cash. 3000 participants à 30.000 francs le ticket depuis plus de 40 ans, l’affaire s’avère d’une redoutable efficacité pour ses organisateurs basés à Genève, d’autant qu’ils ne déboursent rien pour la sécurité. L’armée suisse est là pour dérouler le tapis rouge avec la bénédiction du Conseil fédéral.
Un journal dominical relaie les propos de Mark MacGann, ancien lobbyiste de l’entreprise de transport américaine Uber, reconverti en lanceur d’alerte. A la question de savoir s’il est vrai qu’il a payé en son temps 28.000 dollars pour une chambre d’hôtel à Davos, il répond: « Quand vous êtes assis sur 10 milliards de dollars de capital-risque, l’argent n’est pas un problème. Nous avions accès à tout. Qui se plaindrait d’avoir un hélicoptère au pied des montagnes? Mais nous pouvions faire du très bon travail à Davos, en obtenant des rencontres en tête-à-tête avec des décideurs. C’est génial pour les gens qui peuvent se permettre d’y aller. Ce n’est pas si bien, et pas si démocratique pour le reste du monde, qui ne peut pas s’asseoir avec le premier ministre d’Israël, le ministre de l’Economie français (ndlr: à l’époque Emmanuel Macron) ou le chancelier de l’Echiquier du Royaume-Uni comme nous l’avons fait ».
Le résultat se paie comptant aujourd’hui. Acculé par les syndicats qui dénoncent sa politique salariale digne d’un conte misérabiliste de Dickens, le transporteur à bas tarifs Uber doit faire amende honorable en adaptant sa conduite aux législations en place. Le groupe américain est au bord du gouffre. Ses généreux prébendes coûtent leur réputation à nombre de politiciens qui ont cru pouvoir faire carrière grâce aux applications informatiques sur le dos de la concurrence loyale et de l’équité sociale. Cette descente aux enfers, Davos ne l’avait pas prévue non plus. Retour sur terre, vite! Taxi!
PAR CHRISTIAN CAMPICHE / Source