Le commissaire divisionnaire Jean-François Gayraud arrive au jardin des Tuileries en costume cravate. Il travaille à deux pas, place Beauvau.
Cet ancien de la DST – il y a passé dix-sept ans, se spécialisant notamment dans l’intelligence économique – désormais en poste à l’Unité de coordination de la lutte antiterrorisme (Uclat), a toujours eu une double casquette : policier et docteur en droit, auteur d’ouvrages sur le crime qu’il aborde du point de vue géopolitique. Il revendique son adhésion à une disciplinecontroversée sur le plan académique, la criminologie.
Un temps pris dans la tourmente de l’affaire Clearstream 2, il est étiqueté comme « chiraquien » et donc villepiniste. Ses affinités politiques et son intérêt pour l’homme d’affaires Alexandre Djouhri l’ont mis en délicatesse professionnelle quand Nicolas Sarkozy et Bernard Squarcini ont pris les manettes de l’institution policière.
La jovialité de Jean-François Gayraud tranche avec le pessimisme de ses thèses. Dans son dernier livre, « Le Nouveau Capitalisme criminel » (éd. Odile Jacob), il dresse un sombre tableau des rapports entre finance et crime organisé.
« Le gendarme ne rattrapera jamais le voleur »
La dérégulation, « le pouvoir de chantage des établissements financiers » et l’impuissance des Etats à contrôler les flux de capitaux transnationaux lui font pressentir de grandes catastrophes.
Il voit dans la folle accélération des transactions financières la porte ouverte au blanchiment d’argent sale, à la tromperie sur la qualité des titres et aux prêts frauduleux. Et pour lui, « le gendarme ne rattrapera jamais le voleur ».
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