"Est-ce que vous me prêtez deux neurones d'intelligence ?" L'expression employée par Nicolas Sarkozy au JT de France 2 a-t-elle un sens sur le plan neuroscientifique ?
CERVEAU
Interrogé sur les affaires lors de son interview au journal télévisé de France 2, Nicolas Sarkozy, l'ancien chef de l'État a répliqué à deux reprises avec la même expression : "Est-ce que vous me prêtez deux neurones d'intelligence ?".
Cette interrogation en pose une autre sur le plan neuroscientifique : est-ce le nombre de neurones qui définit l'intelligence ? La réponse est en fait plus complexe qu'il n'y paraît.
Une expression partiellement vraie
Le nombre de neurones est effectivement lié à l'intelligence, mais seulement en partie.
En effet, plus le cerveau est gros, plus il héberge de neurones. "Une masse cérébrale importante permet un grand nombre de neurones et donc une capacité supérieure dans le traitement de l'information", explique Philippe Vernier, de l’unité de recherche Neurobiologie et Développement du CNRS. Comme c'est le cas en informatique avec le nombre de microprocesseurs.
Mais le nombre de neurones ne fait pas tout. Le nombre de connexions est aussi déterminant. Ainsi, les personnes "intelligentes" (c'est-à-dire définies comme telles d'après les tests de quotient intellectuel) se distingueraient aussi par un nombre important de connexions neuronales comme par la qualité de la gaine de myéline, cette couche de lipides qui entoure les neurones et accélère la propagation des informations.
GLIALES
De plus, d'autres cellules dans le cerveau pourraient être impliquées dans l'intelligence : il s'agit des cellules gliales, dont le rôle est d'entourer les neurones, de les nourrir et de les protéger. Ainsi, une étude datant de mars 2013 suggère que greffer des cellules gliales humaines (en bleues dans la photo ci-dessous) à des souris les rendrait plus intelligentes.
Et l'intelligence animale ?
Globalement, chez tous les vertébrés, la taille du cerveau est proportionnelle à celle du corps. Ce rapport d'échelle, appelé l'allométrie, serait la mesure des capacités cognitives de l'animal. Plus l'allométrie serait élevée, plus le vertébré serait intelligent.
ADAPTATION. Les requins, les dauphins, les perruches, les perroquets ont une allométrie élevée. La caille, le hérisson, la poule domestique, au contraire, ont des petits cerveaux par rapport à la taille de leurs corps. "Il ne faut pourtant pas dire que ces animaux sont bêtes. Chacun s'est parfaitement adapté à son milieu, ce qui est aussi une forme d'intelligence", insiste Philippe Vernier.
Lise Lourné
Sciencesetavenir