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La France va être appelée à accueillir 24 031 nouveaux réfugiés et l’Allemagne 31 443 dans le nouveau plan de répartition que la Commission européenne devrait présenter devant le Parlement de Strasbourg, mercredi 9 septembre. 
Son président, Jean-Claude Juncker, entend que les pays membres se répartissent un nouveau contingent de quelque 120 000 personnes ayant fui les zones de guerre : 50 400 arrivées en Grèce, 15 000 en Italie et 54 000 en Hongrie. Soit 62 % des demandeurs d’asile qui ont atteint le territoire de l’Europe au cours des trois derniers mois, affirme un document lu par Le Monde.

Dans le projet élaboré par la Commission, des Etats qui ont, jusqu’ici, marqué de vives réticences sont également sollicités : on prévoit 14 931 réfugiés en Espagne, 9 287 en Pologne, 2 978 en République tchèque. Les Pays-Bas accueilleraient un contingent de 7 214 personnes, la Belgique 4 564, la Suède 4 469, la Roumanie 4 646, etc. Exemptés de la politique commune de migration, le Royaume-Uni, l’Irlande et le Danemark ne font pas partie des pays sollicités par la Commission, mais pourront accepter d’accueillir volontairement des migrants.


La clé pour le calcul – qui prend en compte le nombre d’habitants, le taux de chômage, le nombre de demandes d’asile enregistrées dans le pays et le produit intérieur brut – a visiblement subi quelques aménagements pour les pays qui traînent les pieds : la Lituanie ne devrait accueillir que 580 personnes, la Lettonie 526, l’Estonie 373. Ces pays baltes, qui soulignent qu’ils n’ont pas de tradition d’accueil, risquaient de rejoindre les pays d’Europe centrale et orientale qui critiquent le projet de la Commission. Or, s’il espère faire passer son initiative, M. Juncker aura besoin d’une majorité qualifiée.

Projet communautaire en péril
A la fin de la semaine dernière, la Pologne, la Hongrie, la République tchèque et la Slovaquie, réunies au sein du « groupe de Visegrad », avaient redit, à Prague, leur refus de tout « quota » fixé par Bruxelles. La Commission espère, sans en avoir la certitude, que la Hongrie va désormais se désolidariser de ses partenaires. Bruxelles compte aussi sur le basculement d’une partie de l’opinion publique après le choc engendré par la mort du petit Aylan Kurdi, en Turquie, qui pourrait amener certaines capitales à moins d’intransigeance.

Avant l’été, la Commission avait fait une première tentative pour imposer des quotas obligatoires à chaque pays pour l’accueil de 60 000 réfugiés. L’affaire avait créé une vive polémique, suscité de longs débats et s’était soldée par l’acceptation « volontaire » de nouveaux arrivants par les Etats, soit 32 000 « relocalisations » et 22 000 « réinstallations ». Le projet d’en accueillir 60 000 n’est donc à l’heure actuelle pas complètement réalisé. Ensemble, l’Allemagne et la France avaient fini par accepter « volontairement » le chiffre que Bruxelles voulait leur imposer (quelque 12 000 personnes pour la première, 9 000 pour la seconde).
A la fin de la semaine dernière, la Pologne, la Hongrie, la République tchèque et la Slovaquie, réunies au sein du « groupe de Visegrad », avaient redit, à Prague, leur refus de tout « quota » fixé par Bruxelles
Face aux nouveaux afflux de réfugiés, par la Méditerranée et surtout, désormais, par la route des Balkans, M. Juncker veut presser le pas. La Commission a renoncé à l’usage du terme « quota », qui heurte notamment Paris, mais insiste sur la nécessaire solidarité entre les Vingt-Huit dans une situation d’extrême urgence. Son « discours sur l’état de l’Union », prévu pour mercredi au Parlement européen, sera largement consacré à la crise des réfugiés, l’une des plus graves de l’histoire de l’UE. Il va y plaider pour un effort collectif, faute de quoi, dira-t-il, l’Europe sans frontières de Schengen et le projet communautaire dans son ensemble seront en péril.

Exigences
Même les capitales les plus favorables à l’accueil de nouveaux réfugiés formulent des exigences : elles réclament un équilibre entre l’effort fourni par les uns et les autres et exigent que les pays par lesquels entrent les demandeurs d’asile procèdent à un enregistrement rapide et systématique de ceux-ci. La Commission promettra donc de hâter l’installation de « hotspots », des centres de contrôle et d’enregistrement, dans les Etats concernés.

Elle dévoilera également son projet pour la mise en place d’une politique de retour rapide pour ceux qui ne peuvent prétendre à l’asile en Europe. A l’heure actuelle, 40 % d’entre eux seulement quittent le sol européen. L’agence Frontex pourrait se charger des retours collectifs et Bruxelles négociera de nouveaux accords avec les pays d’origine. Ceux-ci se verraient promettre, en échange de leur bonne collaboration, des aides financières, des échanges commerciaux accrus, des facilités pour leurs étudiants, etc.

Les pays de l’UE appelés à accueillir des réfugiés recevraient, eux, 6 000 euros par personne, prélevés sur le budget communautaire, tandis que la Grèce, l’Italie et la Hongrie se verraient attribuer 500 euros afin de couvrir les frais de voyage des personnes quittant leur sol.

Par Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)
Source : lemonde.fr





 
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