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Toute intervention des pouvoirs publiques en lien avec le Trentenaire de la Marche sera interprétée comme une tentative de récupération politique. 

La récente mésaventure du ministre de la Ville aux Minguettes ne doit rien au hasard. Les Marcheurs historiques, notamment Toumi Djaïdja, Djamel Atallah et le père Christian Delorme, oubliés depuis trois décennies, ont créé l’Association des Marcheurs de 1983 pour l’Egalité et la Mémoire » pour défendre la paternité de leur acte historique. Ils s’estiment gardiens d’un devoir moral à l’égard des nouvelles générations face à des associations comme AcLeFeu qui, à travers son initiative de caravane pour l’égalité, tente de capter l’héritage.

Dans le climat délétère actuel, l’exaspération des quartiers des cités atteint le seuil de la révolte. Seul un signal fort, un plan pluriannuel, qui dessine une perspective et la jalonne de balises concrètes, avec un discours fondateur d’une nouvelle politique urbaine de droit commun, qui décloisonne les banlieues, peuvent calmer les esprits.

La notion d’intégration est devenue, dans les banlieues et les quartiers populaires, synonyme de marginalisation et d’exclusion sociale. Elle est perçue comme une fabrique de citoyens de seconde zone. Cette notion coloniale, élaborée au XIXe siècle dans un schéma de pacification des indigènes, déclinée dans le processus insertion-intégration-assimilation, est totalement obsolète.

Toutes les politiques dites d’intégration, depuis la Seconde guerre mondiale, se sont soldées par des échecs. Ces politiques se sont traduites par des modélisations technocratiques abstraites de zonage, de siglage, de ciblage, qui ont profondément déchiré le tissu urbain et généré de véritables ghettos.

Le métissage culturel et la mixité sociale sont des réalités partout présentes dans la vie quotidienne. La mentalité française a définitivement intériorisé le fait diversitaire. Aucun regard ne s’offusque désormais, dans la rue, de l’interculturalité réalisée. Avec la Révolution numérique, les banlieues et les quartiers populaires ont profondément changé en quelques années. Ils ne sont plus à la remorque de la société. Souvent, ils en sont les précurseurs. Malgré leur situation socio-économique chaotique, ils sont devenus des laboratoires d’innovation et de créativité, et des pépinières de talents dans tous les domaines. Les quartiers ont besoin d’un discours politique qui reconnaisse et valorise leur apport au monde en devenir.

Le concept de « vivre-ensemble » est entré dans le langage courant. L’expression complémentaire « faire-ensemble », qui désigne sa mise en pratique, apparaît de plus en plus dans les initiatives citoyennes. Les concepts ne sont pas anodins. Ils deviennent, par la volonté politique, des outils de transformation du réel. La politique de changement à l’égard des quartiers devrait, en conséquence, bannir définitivement la notion coloniale d’intégration et la remplacer par le « vivre-ensemble ». 

(c) Mustapha Saha


 
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