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Le pouvoir hilarant de quoi que ce soit n’est pas dans la chose en soi, il est dans l’esprit qui la contemple et en fait surgir l’aspect comique. Celui-ci n’a donc pas d’existence objective, il n’emprunte pas son effet au monde extérieur mais à une disposition intérieure à l’esprit.

L’homme rit de ce qui déçoit son idée de l’humain. Ainsi les fonctions grossières de notre nature, ramenées à leur trivialité sont risibles. De même le rire épingle les faiblesses de l’esprit : la niaiserie, la balourdise, l’absurdité ou les faiblesses du caractère : la vanité, l’orgueil, la couardise, l’avarice, les tartuferies ou bien encore les comiques de situation. 

Le rire sanctionne ce qui nous paraît inférieur à ce que nous devrions être. De là à voir en lui une ruse de la nature, il n’y a qu’un pas, franchi. Le rire aurait une fonction sociale. Il serait le moyen d’obtenir des hommes les conduites souhaitables car rien ne serait plus efficace que la crainte du ridicule ou la peur d’être un objet de risée.


Le rire peut aussi être l’écho de tout ce qui circule dans une société en matière de préjugés et de vulgarité. On pense bien sûr aux histoires belges, antisémites, ou aux blagues mettant en scène un arabe construit dans l’imaginaire raciste. D’abord remarquons que dans la mesure où on rit de l’humain, il y aura toujours quelqu’un pour se sentir visé, Le rire heurte les susceptibilités comme la conquête de la liberté heurte le goût de la servitude. Il est subversif par nature.



On peut se moquer de tout et rire de tout, d’un rire sain et libre, sans aigreur, sans tristesse, sans la moindre trace de méchanceté. Mais en fait, la prudence exige de faire attention. Il faut compter avec les susceptibilités humaines et le goût des idoles. Miséricorde pour la raideur pathétique. Quant à la raideur bien- pensante chacun est libre dans son fort intérieur d’en rire.

Texte tiré de : philolog.fr/peut-on-rire-de-tout/
 
Arlette Colin





 
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