Menu

News


Il y a près d’un demi-siècle, le grand journaliste politique et historien de la Ve République Pierre Viansson-Ponté écrivait : « L’État a ses chasses gardées, ses réseaux occultes qui évoquent facilement une mafia ». Jean-Jacques Rousseau nous a mis en garde : « Rien n’est plus dangereux, écrit-il dans du contrat social, que l’influence des intérêts privés dans les affaires publiques. »

Fascinées par le train de vie flamboyant des PDG du CAC 40, encouragées par l’exemple des gouvernants d’aujourd’hui qui ont fait fortune dans le privé, les élites politico-administratives sont engagées dans une course effrénée à l’argent. Si bien que, depuis plusieurs années, et singulièrement depuis l’élection d’Emmanuel Macron, les grands élus et les hauts fonctionnaires semblent avoir oublié leur mission : servir l’État et le peuple. Insatiables, ils veulent toujours plus de primes, d’indemnités, d’honoraires, de jetons de présence… Au risque de négliger l’intérêt général, au profit du leur. (Extrait du livre « Les voraces de l’Etat » de Vincent Jauvert)

Des ministres accumulent des fortunes dans leurs allers-retours entre le public et le privé et bénéficient de la suppression de l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF) décidée par le gouvernement auquel ils appartiennent. Des femmes et des hommes politiques qu’Emmanuel Macron récompense, en coulisses, avec des jobs rémunérés parfois plus de 200.000 euros par an ou (Promotion de la Légion d'honneur).

Des anciens ministres, et non des moindres, vendent leur carnet d’adresses au plus offrant et deviennent, à prix d’or, de vulgaires lobbyistes. D’autres rentabilisent leurs réseaux en montant des fonds d’investissement, parfois aux limites de la loi. D’autres siègent dans des conseils d’administration de grands groupes fan de toucher des dizaines de milliers d’euros, en dépit parfois de conflits d’intérêts. Des maires de grandes villes de province cherchent des emplois bien rémunérés à Paris, en délaissant sans états d’âme leur mandat de premier magistrat. Des hauts fonctionnaires, en catimini, cumulent leur salaire dans un emploi public avec des indemnités d’élus, percevant de la sorte plusieurs dizaines de milliers d’euros par an. De grands commis de l’État, ayant occupé des postes parmi les plus prestigieux de la République, pantouflent dans les entreprises qu’ils ont auparavant contrôlées.

Des hauts fonctionnaires de Bercy qui, après avoir gagné plus de 200.000 euros par an dans leur administration, se font recruter par de grands groupes privés pour révéler les fragilités de la loi fiscale... qu’ils ont parfois eux-mêmes rédigée ! Des membres de la Cour des comptes qui se répartissent les postes dans les établissements culturels les mieux rémunérés, qu’ils sont censés contrôler. D’autres qui deviennent consultants privés pour aider au démantèlement de... l’État. Des inspecteurs des Finances qui deviennent banquiers d’affaires et vendent, très cher, leurs conseils à leur ancienne administration... pour y retourner quelques années plus tard. Des énarques dont les erreurs de gestion coûtent des centaines de millions d’euros aux contribuables, qui ne sont jamais sanctionnés...

Des chefs de grands corps qui mènent des combats acharnés en coulisses contre des ministres de la République afin de conserver leurs pouvoirs et leur influence... et qui y parviennent. Des couples d’énarques, de plus en plus nombreux, au sein desquels les époux se font la courte échelle tout au long de leur carrière... avec succès.

La Macestronie peuplé de ces intouchables d’État. Ces élites administratives, inspecteurs des Finances, conseillers d’État ou ingénieurs du corps des Mines qui profitent de tout, sans prendre le moindre risque. Des avantages du public et de l’argent du privé. Des prébendes de l’Ancien Monde et des opportunités du Nouveau. Emmanuel Macron n’ignore rien de ces pratiques parfois scandaleuses. Rien non plus du poids considérable, excessif, de ces intouchables dans la vie publique et économique. Parce qu’il vient de ce monde, il serait le plus à même de le réduire. À moins qu’il ne soit, au contraire, le plus tenté de le perpétuer. (Extrait du livre « Macron et les intouchables » de Vincent Jauvert)


La Mafia d’État (Livre de Vincent Jauvert)
Vincent Jauvert explique que le titre « La Mafia de L’État » est à prendre dans son acception métaphorique et non criminelle. Il entend par mafia un groupe fermé, une caste qui défend ses intérêts. Il désigne le groupe de hauts fonctionnaires, notamment issus des grands corps de l’État, qui occupent des postes clés dans la politique, les affaires et l’administration, et qui s’entraident pour conserver ou accroître leur pouvoir et leurs revenus. Phénomène unique dans les démocraties occidentales, cette caste n’a jamais été aussi puissante et riche. Le livre raconte la mafia d’État de l’intérieur, ses parrains qui règnent depuis des décennies, les arrangements entre amis aux limites de la loi, les privilèges qu’elle a su conserver et multiplier. Le livre explique comment le clan manœuvre sous les lambris des ministères et dans les conseils d’administration des multinationales ; et pourquoi il s’enrichit par le démantèlement de l’État qu’il organise lui-même.




 
Top