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On parle d’elle à tort et à travers depuis une dizaine de jours, mais la pleine lune de ce soir sera tout simplement aussi belle que les autres de l’année : admirez-la après le coucher du Soleil pour vous en convaincre.

À l’œil nu, la pleine lune ressemble à une petite bille posée sur l’horizon lors de son lever, même quand elle atteint son diamètre apparent théorique le plus grand depuis des années comme ce lundi 14 novembre 2016. Pour que notre satellite naturel semble plus impressionnant, il convient d’utiliser des jumelles, une lunette ou un télescope pour grossir l’image. Photographiquement, on peut utiliser un puissant téléobjectif pour accentuer le diamètre apparent lunaire par rapport aux éléments de la ligne d’horizon. Sur l’image du haut prise lors du lever de la pleine lune du mois d’octobre et qui montre assez fidèlement ce que l’on pouvait admirer à l’œil nu, la petite dimension apparente du disque lunaire est évidente ; il faut avoir recours à un puissant téléobjectif pour obtenir le cadrage bien plus serré qui apparaît sur l’écran de contrôle du boîtier photographique et sur l’image du bas. © Guillaume Cannat

Avez-vous vu la Lune hier soir ou ce matin à l’aube ? Sa face éblouissante éclairait joyeusement les nuages qui défilaient autour d’elle, mais elle était d’une dimension apparente habituelle et ne semblait pas sur le point de devenir une méga-super-Lune comme on peut le lire en boucle sur la Toile. Et ce soir, si la météo est favorable, vous pourrez faire la même constatation avec la pleine lune qui se hissera au-dessus de l’horizon est-nord-est près d’une demi-heure après le coucher du Soleil : ce sera un spectacle magnifique, mais ni plus ni moins qu’à chaque lunaison, car une super-Lune cela n’existe pas ! C’est une notion inventée par un astrologue il y a une quarantaine d’années, maladroitement utilisée par le service de presse de la NASA depuis quelques années et reprise sans discernement par des médias qui ne font pas leur travail d’analyse et d’explication et se contentent de traduire et d’adapter à leur manière des communiqués qu’ils ne comprennent pas toujours très bien.

Notre satellite naturel parcourt une orbite elliptique autour de la Terre : sa distance varie entre 356 410 km et 406 740 km. Le lundi 14 novembre 2016, la Lune passe au plus près de la Terre (périgée) à 11 h 22 m (temps universel), 12 h 22 m, heure de Paris, à un peu plus de 356 500 kilomètres. Plus la Lune est proche de nous, plus son diamètre apparent est grand, mais il reste cependant toujours compris entre 0,48 et 0,56 degré. Au moment de la pleine lune, le Soleil, la Terre et son satellite sont alignés et nous pouvons voir l’intégralité de l’hémisphère lunaire éclairé par le Soleil. Le 14 novembre 2016, la pleine lune se produit à 13 h 53 m TU, 14 h 53 m, heure de Paris. En France métropolitaine, notre satellite naturel se lève près d’une demi-heure après le coucher du Soleil, à l’est-nord-est. Son disque apparent dépasse 33,5 minutes d’arc de diamètre, soit un peu plus de 0,55 degré, il est donc aisément caché par le bout du petit doigt bras tendu : la pleine lune, c’est tout petit dans le ciel !


Notre époque aime le super, le méga, l’extra et l’expression « super-Lune » fait sans doute plus rêver que « plus grosse pleine lune de l’année » ou « pleine lune du périgée. » Surtout lorsque les résultats de quelques calculs astronomiques fournis par des observatoires ou des instituts professionnels signalent que notre satellite ne s’est pas situé aussi près de nous lors de sa plénitude depuis plusieurs décennies et que cela ne se reproduira pas avant plusieurs dizaines d’années. Peu importe que les différences de distances entre ces maximums soient dérisoires – quelques kilomètres ou dizaines de kilomètres sur une distance de plus de 356 000 km – et que les différences de diamètres apparents soient ridiculement petites et inconsistantes pour n’importe quel observateur sérieux. L’association de ces calculs officiels extrêmement précis avec une notion aussi floue et non scientifique que celle de « super-Lune » a eu raison de la raison.

L’origine même de la notion de « super-Lune » devrait pourtant irrémédiablement faire naître un doute sur le bien-fondé de son usage par des scientifiques ou des services de presse d’organismes scientifiques. Le néologisme « SuperMoon » a en effet été assemblé par l’astrologue américain Richard Nolle qui l’a présenté dans une revue astrologique en 1979 et dans cet article en 2007. Il y expliquait qu’une « super-Lune » était pour lui une pleine lune ou une nouvelle lune se produisant lorsque notre satellite circule au plus près de la Terre – périgée –, entre 90 et 100 % de la valeur minimale du périgée. Avec une définition aussi large il peut y avoir jusqu’à 6 « super-Lunes » par an et, de fait, les pleines lunes d’octobre, novembre et décembre 2016 sont soi-disant des « super-Lunes ». À ce compte-là, pourquoi ne pas carrément considérer que toutes les pleines lunes – sans parler des nouvelles – sont super ! Cette première partie de la définition n’est pas très sélective, mais c’est justement l’intérêt d’une telle notion pour un astrologue comme Richard Nolle qui l’utilisait pour faciliter la rédaction de ses ouvrages annuels de prédictions astrologiques.

Guillaume Cannat
Source : autourduciel.blog.lemonde.fr/





 
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