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La réalité n'est pas quelque chose que vous percevez ; C'est quelque chose que vous créez dans votre esprit. Isaac Lidsky a appris cette profonde leçon de première main, lorsque les circonstances inattendues de la vie ont donné des idées précieuses. 

Dans ce discours introspectif, personnel, Isaac Lidsky nous lance un défi de laisser aller des excuses, des suppositions et des craintes, et accepter la responsabilité impressionnante d'être les créateurs de notre propre réalité. J'aime énormément cet homme et son courage.


Le texte :
0:11 Quand elle était petite, Dorothée adorait son poisson rouge. Son père lui expliquait que les poissons agitaient leur queue pour se déplacer. La petite Dorothée répliquait sans hésiter :

0:24 « Donc, ils se servent de leur tête pour nager dans l'autre sens. » (Rires)

0:29 Dans sa tête, c'était un fait tout ce qu'il y de plus réel. Ils nagent à l'envers en agitant la tête. Elle y croyait.

0:36 Nos vies sont remplies de poissons nageant à l'envers. Nous faisons des conjectures illogiques. Nous avons des préjugés. Nous savons que nous avons raison et que les autres ont tort. Nous craignons le pire. Nous essayons d'atteindre une perfection impossible.

0:49 Nous nous répétons ce que nous pouvons faire ou pas. Nos esprits sont pleins de poissons nageant à l'envers. Sans que nous nous en rendions compte.

1:00 Je vais vous énumérer cinq choses sur moi. L'une d'elles est fausse. J'ai été diplômé en mathématiques à Harvard à 19 ans. Je dirige actuellement une société de construction à Orlando. J'ai joué dans une série télévisée. J'ai perdu la vue à cause d'une maladie génétique rare. J'ai travaillé en tant qu'auxiliaire juridique dans deux cours suprêmes américaines. Qu'est-ce qui est faux ? En fait, tout est vrai. Oui. Tout est vrai.

1:39 (Applaudissements)

1:43 Souvent, les gens ne s'intéressent plus qu'à la série TV à ce stade.

1:47 (Rires)

1:50 J'en ai fait l'expérience. Bon ok, la série s'appelait « Sauvés par le gong, la Nouvelle Classe » Et j'incarnais Weasel Wyzell, qui était une sorte de pauvre intello coincé, un sacré défi à relever en temps qu'acteur pour un garçon de 13 ans.

2:11 (Rires)

2:14 Donc, cela vous étonne que je sois aveugle ? Pourquoi ? Les gens ont des préjugés sur de soi-disants handicaps. En temps que non-voyant, je suis tous les jours confronté aux idées préconçues des gens sur mes capacités. Ce n'est pas de ma vue dont je vais vous parler. C'est de ma vision. Devenir aveugle m'a appris à vivre les yeux grands ouverts. Cela m'a appris à repérer ces poissons nageant à l'envers créés par notre cerveau. Devenir aveugle m'a aidé à mieux analyser.

2:46 Que ressentez-vous lorsque vous voyez ? C'est immédiat et passif. Vous ouvrez les yeux et le monde est là. Voir, c'est croire. La vision, c'est la vérité. N'est-ce pas ? C'est ce que je pensais.

3:00 Puis, entre 12 et 25 ans, mes rétines se sont progressivement détériorées. Ma vue devenait comme un palais du rire rempli de miroirs déformants. Le vendeur que j'interpellais dans une boutique était en fait un mannequin. Lorsque je me lavais les mains, je voyais soudain un urinoir à la place du lavabo alors que je pouvais sentir sa forme avec mes doigts. Je ne pouvais voir une photo seulement si un ami me la décrivait. Dans ma réalité, les objets apparaissaient, se déformaient, puis disparaissaient. Voir était dur et épuisant. J'assemblais des images fragmentées et transitoires, j'analysais consciemment ces indices, recherchais la logique dans ce kaléidoscope craquelé ; jusqu'au jour où je n'ai plus rien vu.

3:50 J'ai appris que ce que nous voyons n'est pas une vérité universelle. Ce n'est pas une réalité objective. C'est un réalité virtuelle personnelle et unique, remarquablement mise en place par notre cerveau.

4:06 Laissez-moi vous parler un peu de neuroscience. Votre cortex visuel utilise environ 30 % de votre cerveau, le toucher seulement 8 % et l'ouïe 2 à 3 %. Chaque seconde, vos yeux sont capables d'envoyer quelques deux milliards d'informations à votre cortex visuel. Le reste de votre corps ne peut en envoyer qu'un seul milliard. La vue représente un tiers de votre volume cérébral et utilise environ deux tiers des ressources de votre cerveau. Ce n'est pas surprenant que la vue soit une illusion si puissante. Malgré cela, elle reste une illusion.

4:44 C'est là que ça devient intéressant. Afin de créer la vue, votre cerveau classifie votre compréhension conceptuelle du monde, les autres choses que vous connaissez, vos souvenirs, idées, émotions, votre capacité d'attention et plus encore. Tout est relié à votre cerveau par la vue. Ces liaisons fonctionnent à double sens de manière inconsciente. Par exemple, ce que vous voyez influence vos émotions et vos émotions peuvent changer ce que vous voyez. Cela a été démontré par de nombreuses études. Si l'on vous demande d'estimer la vitesse à laquelle un homme marche dans une vidéo, votre réponse sera différente selon si vous pensez à un guépard ou une tortue. Une colline paraît plus raide si vous venez de faire du sport, et une ligne d'arrivée semble très lointaine si vous portez un gros sac-à-dos. Nous en arrivons à une contradiction fondamentale. La vue est une composition mentale complexe que vous vous créez mais vous la vivez passivement en tant que représentation directe du monde. Vous créez votre propre réalité et vous y croyez. Je croyais à la mienne jusqu'à ma maladie, c'est à ce moment-là que l'illusion s'est brisée.

5:59 La vue n'est qu'une façon de former sa réalité. Nous créons notre propre réalité de multiples façons. Prenons la peur par exemple. Vos peurs déforment votre réalité. Dans la logique tordue de la peur, tout est mieux que l'inconnu. La peur comble le vide à tout prix, en faisant passer ce qui vous terrifie pour quelque chose que vous connaissez, proposant le pire plutôt que l'ambigu, remplaçant la raison par des suppositions. Les psychologues américains appellent cela « horribiliser ».

6:33 (Rires)

6:35 N'est-ce pas ? La peur remplace l'inconnu par l'horreur. La peur appelle la peur. Quand vous vous confrontez au besoin de prendre du recul et d'avoir un esprit critique, la peur se niche au fond de votre esprit, réduisant et déformant votre vue, freinant votre capacité à penser de façon critique en créant un flux d'émotions perturbatrices. Quand vous avez l'opportunité de faire quelque chose, la peur vous paralyse, vous incitant à la regarder passivement se réaliser.

7:08 Quand le diagnostic de ma maladie est tombé, je savais que devenir aveugle allait gâcher ma vie. Devenir aveugle, c'était la mort de mon indépendance. C'était la fin de la réussite. Devenir aveugle signifiait vivre une vie quelconque, courte et triste, et sûrement solitaire. Je le savais. Cela venait directement de mes peurs mais j'y croyais. C'était faux, mais c'était ma réalité, tout comme le poisson de Dorothée qui nage à l'envers. Si je ne m'étais pas confronté à la réalité de ma peur, je l'aurais vécue. J'en suis certain.

7:50 Donc, comment vivre avec les yeux grands ouverts ? C'est une discipline qui s'apprend. Elle peut être enseignée. Elle peut être pratiquée. Je vais vous faire un court résumé.

8:02 Soyez attentif à chaque moment, chaque pensée, chaque détail. Sachez voir au delà de vos peurs. Reconnaissez vos fausses conjectures. Exploitez votre force intérieure. Faites taire votre critique interne. Réajustez vos idées sur la chance et le succès. Acceptez vos forces et faiblesses et comprenez la différence. Ouvrez vos cœurs à vos innombrables chances.

8:28 Vos peurs, vos critiques, vos héros, vos méchants... sont vos excuses, vos prétextes, vos justifications, qui vous poussent à abandonner. Ce sont des mensonges perçus comme une réalité. Choisissez de voir au travers. Choisissez de les abandonner. Vous êtes le créateur de votre réalité. C'est là que vous pourrez vous émanciper.

8:57 J'ai choisi de sortir du tunnel de la peur pour sauter dans l'inconnu et j'ai choisi d'y construire une vie merveilleuse. Loin d'être seul, je partage ma vie avec ma magnifique femme, Dorothée, et nos triplés, les « Tripskys », et la petite dernière de la famille, l'adorable Clémentine.

9:21 De quoi avez-vous peur ? Vous mentez-vous à vous-même ? Comment magnifiez-vous votre vérité et écrivez vos propres fictions ? À quoi ressemble votre réalité ?

9:35 Dans votre carrière, votre vie privée, dans vos relations, dans votre cœur et votre âme, vos poissons rouges vous nuisent. Ils causent un grand nombre d'opportunités manqués et de potentiel gaspillé, ils engendrent l'insécurité et la méfiance là où vous cherchez l'accomplissement. Je vous somme de les examiner.

9:58 Helen Keller a dit : « L’unique chose qui puisse être pire que d’être aveugle

10:02 est d’avoir la vue, mais pas de vision. » Pour moi, devenir aveugle a été une véritable bénédiction parce qu'être aveugle m'a donné la vision. J'espère que vous pourrez voir ce que je vois.

10:15 Merci.

10:16 (Applaudissements)

10:31 Bruno Giussani : Isaac, juste une question avant que vous partiez. C'est une audience d'entrepreneurs, d'innovateurs. Vous êtes PDG d'une entreprise en Floride, et beaucoup se demandent sûrement : qu'est-ce que ça fait d'être un PDG aveugle ? Quels types de défis spécifiques rencontrez-vous ?

10:50 Isaac Lidsky : Eh bien, le plus gros défi est devenu une chance. Je ne vois pas la réaction directe des gens.

10:56 (Rires)

10:59 BG : Alors, c'est quoi ce bruit ? IL : Ouais. Par exemple, pendant les réunions avec mon équipe de direction, je ne vois ni les expressions du visage, ni les gestes. J'ai appris à demander une communication orale. Je force les gens à me dire ce qu'ils pensent. À cet égard, c'est devenu, comme je l'ai dit, une chance pour moi et mon entreprise. Car la communication en est devenue excellente. Nous évitons ainsi toute ambigüité, et surtout mon équipe sait que son avis compte vraiment.

11:37 BG : Isaac, merci d'être venu. IL : Merci, Bruno.

11:40 (Applaudissements)
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