Au début ce sont de petits oublis sans importance, comme tout le monde en a. Puis peu à peu, il faut bien se rendre à l’évidence : ne pas retrouver ses chaussures, ça peut arriver, mais se mettre à les chercher dans le réfrigérateur, c’est qu’il y a quelque chose qui ne va plus bien.
Et par petites touches, la mémoire s’érode, s’effrite, se dissout, jusqu’à ce que même chez soi, on ne soit plus chez soi, et que même dans son temps, on n’y soit plus vraiment.Et les autres, ceux qui vous aiment, se demandent alors : est-ce que quand on perd la mémoire, on oublie qu’on oublie ? Et lorsqu’on oublie, est-ce qu’on oublie aussi d’être malheureux ?
Un film réalisé par Olivier BARTHELEMY
Le grand livre de toute une vie. Mais les pages n'ont plus de numéro, elles ne se suivent plus. Le sommaire a été arraché. Alors, on récite quelques lignes, puis on passe à un autre chapitre, avant, après, qu'importe, ça n'a pas de sens, mais c'est tout ce que l'on sait. Et les objets, tels de marque-pages, renvoient soudainement à une histoire que l'on aime bien, qui nous rassure, qui nous rappelle ceux que l'on aime. Et puis, ils repartent.
- J'sais pas s'il vit, s'il est mort. C'est à dire que je l'ai su à un moment, y'a pas longtemps… puis c'est parti. Et parfois, on cherche, on cherche, on ne trouve pas. Alors on a peur, on se retrouve prisonnier d'une vie que l'on ne connaît pas.
- Je souffre beaucoup, beaucoup.
- T'es pas bien ici ?
- Non. J'peux plus. Je ne peux plus. Ça fait quoi… plus de 10 ans que je suis enfermée. Ça doit bien faire plus de 10 ans.
- Mais t'es enfermée où ?
- Enfermée partout.