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Long entretien sous la forme d’autoportrait du sociologue Edgar Morin au cours duquel il retrace son parcours scientifique, sa façon de travailler sur les événements, la place du "je" dans son œuvre et livre ses réflexions sur le rôle du savant dans la société moderne.

Dans un long entretien, Edgar Morin se confie sur sa personnalité : "Je suis embarrassé quand on me demande une vision globale et simple de moi." Sur son parcours scientifique, il reconnaît avoir été "déviant". Il raconte ne pas savoir ce qu'il voulait faire après la guerre, le CNRS lui a semblé une issue possible. Il s'est alors intéressé à l'étude de phénomènes marginaux qui lui "semblaient annonciateurs d'une crise" à venir.
Je suis très content d'être un bâtard culturel, je suis très content d'être de la race des orphelins... Alors quand je reviens maintenant à tous ces problèmes de déviance, de marginalité, ce sont des choses dans lesquelles finalement j'ai puisé ma propre force, ma propre vérité. Et c'est devenu tellement profond en moi que j'étais très surpris à partir je crois de l'année 1969, après l'année 68, quand brusquement j'ai vu qu'on me considérait comme un sociologue connu.
Edgar Morin explique avoir toujours eu besoin de changer de sujets de recherche. Il s'est dit fasciné par les habitants de Plozévet, village breton, où il est resté finalement une année pour son étude de terrain. Il y a compris que "le développement économique n'était pas seulement gain mais aussi perte de quelque chose". Il a pris conscience qu'une culture rurale profonde était en train de disparaître au profit de la culture urbaine. Il analyse sa proportion à dénicher les prémices d'une transformation sociale par le fait que lui-même se sent instable, incertain et cette ouverture lui donne "certaines possibilités de perception" .
J'adore l’événement parce qu'il me surprend, il m'étonne. [...] Je n'ai pas peur de l'événement, je n'ai pas peur de remettre en question ma théorie. Et par là-même n'ayant pas cette peur, je suis plus apte que d'autres à saisir des phénomènes ou je les saisis plus vite que d'autres mais ce n'est pas une qualité d'intuition particulière que j'aurais.
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Il conclut sur l'essor de la recherche scientifique actuellement. Il constate que les "savants travaillent en aveugles". Il dénonce "la fuite devant la responsabilité intérieure". Depuis la deuxième guerre mondiale, "science, technique et industrie" sont intrinsèquement liées dans le système et les savants devraient "faire,eux, la politique de la science" car "on ne peut plus penser la science en termes absolument neutres".
On ne peut plus dire : la science est bonne, la technique est neutre et c'est les politiciens qui sont méchants et mauvais, c'est eux qui font la mauvaise politique, si les politiciens étaient bons, alors la science ferait des merveilles. Ça c'est un point de vue banal dont se sont gargarisés les savants.
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Source : franceculture.fr/








 
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