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S’il y a bien un concept qui propage la discorde dans notre société, c’est bien celui de la Vérité, oui, celle avec un grand V. Car chaque individu construit sa propre manière de voir le monde, sa propre vérité individuelle.

Elle se fonde essentiellement sur la base d’expériences mais aussi de croyances, car nous sommes dans la nécessité constante de nous appuyer sur notre capacité à croire pour nous forger notre idée du monde. Cela n’est absolument pas péjoratif, au contraire, ce processus est même certainement indispensable. Comprenez bien qu’il vous serait difficile de vérifier toutes les informations que l’on vous a données depuis votre plus tendre enfance, je dirais même impossible.

De ce fait, nous sommes dans l’obligation de croire certaines informations que l’on nous donne et ce processus fonctionne avec une certaine logique, heureusement. En effet, nous sommes aussi croyants qu’incrédules. Cette incrédulité associée à notre scepticisme nous permet de nous protéger face aux manipulateurs grossiers, aux mensonges mal ficelés et autres entourloupes douteuses, c’est en quelque sorte notre bouclier anti-manipulateurs.


Bien que ce processus d’auto-défense intellectuel soit relativement efficace, il est aussi très facilement contournable, car d’autres mécanismes entrent en jeu. Si ces autres mécanismes n’intervenaient pas, il serait alors très difficile de changer d’avis et d’assimiler des informations contraires à nos croyances établies.

L’influence de l’autorité
Comme démontrée par la très célèbre expérience de Milgram, nous sommes depuis l’enfance conditionnés à nous soumettre à l’autorité. Celle de nos parents, des professeurs, du supérieur hiérarchique, des institutions, des médias, etc. Cette autorité a une influence profonde sur nos comportements mais aussi sur notre manière d’assimiler de nouvelles informations. En effet, ce que ne démontre pas directement l’expérience de Milgram, c’est que nous sommes aussi enclins à accepter facilement une information, pourvue qu’elle soit issue d’une autorité que nous considérons légitime.

Tout ceci paraît assez évident, seulement voilà, ce mode de fonctionnement peut nous induire en erreur. En effet, ce mode de pensée poussé à l’extrême nous empêche d’être critique ou sceptique face aux informations issues des autorités que nous considérons comme étant légitimes. Que cela soit par les médias « grand public », l’État, l’école, des experts, des organismes publics ou privés, le monde scientifique ou d’autres groupes ou institutions ayant une autorité reconnue par une majorité de personnes. Il est presque systématiquement établi que l’information provenant d’une autorité officielle ne peut être que vraie. La preuve en est qu’aujourd’hui toute personne ayant l’idée de remettre en cause une information officielle sera bien souvent catégorisée d’une étiquette péjorative ayant pour seul objectif de la discréditer, sans même décortiquer l’élément de critique lui-même. L’utilisation abusive des termes stigmatisants tels que « conspirationnisme », « confusionnisme » ou « complotisme », ces qualificatifs en disent long sur le critère de l’acceptation aveugle de l’information dite « officielle ».

| Or, ce qui est officiel n’est pas vrai par nature, ceci est une croyance

La théorie économique (et managériale) dite « Théorie de l’Agence » stipule que, pour ordonner et maintenir une société hiérarchique en état de fonctionnement, il faut seulement miser sur une information dissymétrique, s’appuyant sur le secret. Il en est ainsi pour toutes les structures : un patron de TPE en saura toujours plus que ses employés, un État a des secrets qu’il ne peut dévoiler à ses administrés. Il est donc important d’être aussi critique vis-à-vis des informations officielles, qui gardent toujours une part de non-dit.

En nuançant, il serait aussi important de préciser qu’une information officielle n’est pas forcément fausse par nature, ni qu’une information officieuse est vraie, de par sa seule nature officieuse. Il faut bien distinguer la source de l’information et l’information en elle-même afin de ne pas faire de raccourcis de pensée et de jugement expéditif.

Inutile d’énumérer tous les mensonges officiels, dont certains sont maintenant bien connus. Le but de cet article étant, ni de discréditer l’information officielle, ni de considérer l’information officieuse comme étant plus valable, cela ne peut être démontré que par les faits, du temps à y consacrer et de l’investigation. Il s’agit tout au plus de faire une recherche soignée de la nuance et du contexte.

Les mots créent la pensée
De ce constat, il m’est venu l’idée de créer un néologisme pour désigner une attitude qui se base essentiellement sur la croyance qu’une information officielle est nécessairement vraie… puisqu’elle est officielle. Le mot pour désigner cette croyance n’existant pas, ou du moins pas encore, voici donc le mot que je propose : l’Officielisme.

Officielisme : (Néologisme) Mode de pensée conformiste incapacitant un individu à exercer un jugement critique sur une information émanent d’un pouvoir officiellement reconnu et légitime par la majorité d’un collectif. Dans ce mode de pensée, l’officialisation d’une information lui procure systématiquement un caractère véridique.

Les caractéristiques de l’officielisme :
  • Capacité, désir et/ou volonté très limités voir nuls de remettre en cause ou de développer une pensée critique sur l’information officielle.
  • Peu ou pas de reconnaissance des informations non dites, omises, cachées ou officieuses.
  • Par extension : Reconnaissance des symboles officiels comme étant légitimement plus valables que l’absence de symboles officiels ou de la présence de symboles officieux (diplômes, labels, décorations, titres honorifiques, etc.)
Un officieliste est une personne qui reconnaît uniquement l’information officielle comme valide, sa nature officielle lui donne un caractère véridique et fiable. Ce qui signifie que les informations volontairement cachées, omises, non-dites ou officieuses ne peuvent être valables tant qu’elles n’ont pas été officialisées. C’est un mode de pensée qui prête une confiance absolue envers l’autorité, n’arrivant plus à douter, à se questionner ou à remettre en cause une information provenant d’une source officielle. Il s’agit en quelque sorte, d’un mode de pensée en opposition avec ce qui est appelé à tort et à travers le « complotisme ». C’est aussi une manière d’être relativement confortable intellectuellement face à l’information, il permet de mettre de côté son esprit critique et surtout, de ne pas trop remettre en question ce que dit l’Autorité et ce dernier point est important.

Comme vous le savez sans doute déjà, nous les humains, sommes très enclins à porter une attention folle à la conformité, il ne faut pas que nous soyons trop différents des autres, trop divergents des points de vue de la majorité. Il faut que nous soyons conforme à ce que la société, la famille, les collègues, les amis attendent de nous en évitant de nous faire rejeter à cause de nos points de vue trop contestataires. Car nous le savons intuitivement, la dissonance cognitive ou plus précisément le paradigme de l’infirmation des croyances pourrait nous créer quelques problèmes dans nos relations inter-individuelles et nous préférons (bien souvent) la bonne entente aux conflits permanents. Pour autant, le politiquement correct ou la paranoïa ne sont en aucun cas des gages de mieux-vivre, de sérieux ou de véracité de l’information. Seule l’investigation et la multiplication des sources d’informations (le recoupement) permettent de proposer des points de vues alternatifs cohérents et tangibles.

Il est aussi vrai que certaines choses ne sont pas faciles ou agréables à entendre, mais est-ce pour cette raison qu’il ne faut pas les dire ?

Je vous laisse avec ces quelques réflexions en espérant que ce mot pourra en inspirer d’autres chez vous ou tout simplement qu’il puisse être utilisé le temps venu. Car les mots nous permettant de conceptualiser le monde, il m’a paru essentiel de définir précisément ce qui semble pourtant …évident.

Quand le langage est utilisé pour coloniser notre esprit, pour défendre certains intérêts ou pour nous empêcher de définir une chose précisément, il est alors nécessaire de nous en emparer pleinement.

Stéphane Hairy
Vu ici : 4emesinge.com/










 
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