Les économistes pensent que le continent africain pourrait devenir, d’ici aux années 2030, l’une des grandes puissances économiques mondiales. Le potentiel africain est incontestable.
Or, le développement économique du continent nécessite d’élaborer en même temps une «architecture africaine de sécurité».
Le document prospectif à l’horizon 2063 qui a été élaboré lors du 21ème sommet de l’Union africaine dessine l’Afrique de demain. L’objectif est bien de favoriser l’émergence d’une Afrique nouvelle.
Mais il y a un préalable. Il faudra vaincre les vulnérabilités chroniques et construire la sécurité future du continent.
La sécurité ne peut être réduite au seul aspect de l’ordre public. Parce que les extrémismes prospèrent sur le terreau du sous-développement, de la pauvreté et l’ignorance, lutter contre les extrémismes consistent à prendre la mesure de tous les aspects sécuritaires.
Au moins quatre domaines sécuritaires doivent trouver une solution : la sécurité face au terrorisme, la sécurité humaine, la sécurité énergétique et la sécurité environnementale.
Pour relever ces défis, il faut une vision et un programme concret. C’est précisément ce que propose le Roi du Maroc qui a développé une stratégie pour relever les défis sécuritaires en Afrique.
1 La sécurité face au terrorisme
Une grande partie de l’Afrique est devenue la cible prioritaire des djihadistes qui ont perpétré des attaques à au Mali, au Niger, au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, au Nigeria et ailleurs.
L’enjeu politique et sécuritaire dû à la menace terroriste est devenu une préoccupation essentielle.
Or, si on se demande quels sont les pays de l’Afrique subsaharienne qui sont véritablement en mesure de déployer des forces offensives contre les jihadistes le réponse est claire. Certes, le Tchad a montré une capacité d’action, mais, pour assurer sa sécurité, l’Afrique aura besoin d’une compétence élargie. Sur ce point, le Royaume du Maroc a un rôle capital à jouer pour construire une architecture africaine de sécurité parce que le Maroc a une capacité et un savoir-faire en la matière.
Il faut souligner que ce savoir-faire touche tous les aspects de la lutte : l’action des services spécialisés contre le terrorisme à la lutte idéologique contre l’extrémisme.
Ainsi le Maroc est le seul pays qui développe une stratégie pour combattre l’idéologie extrémiste qui dénature la religion.
2 La sécurité humaine est le 2ème impératif
Quand le roi Mohammed VI propose de valoriser le capital humain de l’Afrique, il va à l’essentiel.
L’Afrique a la population la plus jeune au monde. Les jeunes Africains, dont le nombre ne cesse de croître, sont dotés de beaucoup d’énergie, de créativité et de talents, dont dépend la prospérité future.
Pour atteindre cette prospérité, il s’agit de développer l’éducation, la recherche-développement, l’innovation et les systèmes de formation professionnelle, pour renforcer les capacités et compétences techniques et scientifiques du continent.
Il est indispensable d’avoir la ferme volonté investir dans le domaine de l’éducation et de la culture comme moyens de conjurer la fragmentation des sociétés humaines et comme vecteurs de développement et d’innovation
L’Afrique doit être riche de ses ressources humaines et pour cela il faut les mettre en valeur.
C’est ce que propose le Maroc qui, à l’instar du grand penseur du XVIe siècle Jean Bodin, sait qu’il n’est de richesse que l’homme
3 La sécurité énergétique est également une ardente obligation
Au cours de la dernière décennie, le thème de la sécurité énergétique est réapparu à l’ordre du jour politique mondial.
La plupart des analyses consacrées à la politique énergétique internationale portent sur les intérêts et le comportement de puissants pays importateurs d’énergie tels que les États-Unis et la Chine.
Dans ce contexte on assiste à un véritable pillage des richesses de l’Afrique (pétrole, gaz, uranium, diverses ressources minières…) sans que cela profite aux Africains.
Les efforts déployés par les grands importateurs d’énergie pour améliorer leur sécurité énergétique à travers l’Afrique affectent la sécurité énergétique à l’intérieur de l’Afrique.
Il convient d’imaginer des stratégies alternatives pour améliorer la sécurité énergétique africaine. Pour cela il faut être plus vigilants sur la préservation des ressources.
Il faut surtout mettre développer les énergies renouvelables (solaire, éolien, hydraulique) pour garantir la survie des générations futures.
Dans le domaine des énergies renouvelables, force est de reconnaître que le Maroc est un pays en pointe. Au fil des années, il a acquis une bonne expertise en la matière et il conduit une politique volontariste. Il est également notable que la stratégie énergétique du Royaume vise à accélérer l’accès de l’Afrique à l’énergie.
4 Enfin la Sécurité environnementale ne doit plus être négligée
Il est évident qu’il faut mettre fin au pillage des richesses sans souci de la préservation de l’environnement. Dans une économie mondialisée qui s’est financiarisée, le profit à court terme est un obstacle au développement durable.
Par exemple de nombreuses ONG dénoncent, en Afrique, un trafic de bois illégal. La filière doit devenir un modèle en matière de gestion forestière responsable et de commerce responsable du bois avec des priorités sociétales et environnementales,
Ce qui est vrai pour la filière « bois » en Afrique est vrai pour toutes les ressources naturelles, en particulier les ressources énergétiques comme le pétrole et le gaz.
À l’heure où tout le monde se précipite en Afrique, il est important aussi que l’Afrique ne se laisse pas déposséder de ses richesses naturelles par de nouveaux prédateurs, souvent plus avides et plus cyniques que les anciens colonisateurs.
Dans ce combat, le Maroc joue encore un rôle pionnier grâce à la vision du Roi Mohammed VI.
En conclusion, il est temps d’avoir une autre vision de l’Afrique, la vision d’un continent d’avenir, riche de ses hommes, de sa terre, de sa culture, et doté de nombreuses ressources.
C’est très précisément ce que propose le Roi du Maroc.
C’est ce qui permet de dire que l’Afrique a besoin du Maroc car c’est le seul pays qui a une vision claire de son avenir et des moyens à mettre en œuvre pour relever tous les défis sécuritaires
Marrakech le 8 février 2019 / Forum «Construire pour l’Afrique sa Sécurité du futur»
Dr Charles Saint-Prot
Directeur de l'Observatoire d'Etudes Géopolitiques Paris