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Pourquoi s’en empêcher quand on peut le faire ? 
Dans son roman inachevé, ‘Le premier homme ‘, largement autobiographique, Albert Camus fait dire à son père : « Non, un homme, ça s’empêche. Voilà ce que c’est un homme, ou sinon… » Moi, avait-il dit, d’une voix sourde, je suis pauvre, je sors de l’orphelinat, on me met cet habit, on me traîne à la guerre, mais je m’empêche.” 

Comery, c’est le nom du personnage, répondait à la proposition que dans certaines circonstances, un homme doit tout se permettre et tout détruire. Voilà un orphelin, très pauvre, auquel on fait porter l’habit du soldat et qui se construit autour d’une morale alors qu’il est enrôlé pour faire la guerre. Déraciné, sans famille et transplanté dans un pays qui va être conquis, il se cabre dans une colère qui lui fait refuser le tout et le n’importe quoi pour soumettre une population et la déposséder. 

Il existe quelques Israéliens en général nés en Palestine occupée de parents ayant migré depuis l’Europe qui sont horrifiés du terrorisme d’Etat du régime sioniste. Il est mis en ouvre par chaque citoyen éligible pour le service militaire, soit tous les juifs et les druzes. Sans compter tous les Juifs européens et étasuniens qui viennent accomplir leur devoir supranational de formation et de répression au sein des Forces d’occupation. Les refuzniks ou objecteurs de conscience sont fort peu nombreux par rapport à la cohorte grandissante de ceux qui se dérobent sous des allégations diverses. 

Intégrer les Forces d’occupation n’est pas une aventure anodine. Il faut avoir la haine chevillée à l’âme pour envoyer des bombes à fragmentation, de phosphore et des missiles sur une population qui ne peut et qui souffre d’un blocus quasi-total depuis 2007. Certes, les programmes scolaires et tout le conditionnement médiatique habituent les esprits à considérer l’indigène palestinien comme un nuisible, un Untermünchen. Mais abattre de sang-froid un homme que l’on a enjoint de courir de dos ou achever un blessé à terre qui ne présente aucun danger porte atteinte à la santé mentale de l’exécutant et souvent le précipite dans une dépendance aux psychotropes et/ou à des drogues illicites

L’institution militaire d’occupation n’a pas besoin de tous ses conscrits et ses réservistes pour accomplir son travail de mort et de destruction. La bande de Gaza étranglée depuis 2007 juste après les dernières élections de 2006 autorisées par l’occupant et remportées ‘démocratiquement’ par le Hamas est son terrain favori de mise en pratique de ses doctrines et d’expérimentation de ses dernières armes. 2 millions de personnes dont plus de la moitié a moins de 18 ans et vit en dessous du seuil de pauvreté ont subi successivement les guerres de 2008, 2008-2009, 2012 et 2014. 

Opérations communes
Depuis mars 2018, des marches pacifiques sont organisées chaque vendredi par une jeunesse en cage et sans perspectives demandant la fin de l’état de siège et revendiquant le droit au retour des réfugiés. On dénombre pour cette Grand Marche du retour plus de 300 morts Palestiniens et plus d’un millier de blessés très jeunes, souvent des enfants qui survivent avec des handicaps majeurs. A Gaza avaient convergé des réfugiés déplacés en 1948 puis 1967 qui constituent le gros des habitants. 

La dernière offensive des novembre 2019 a produit 34 victimes et blessé plus d’une centaine de Palestiniens. Des bâtiments, en particulier des écoles qui semblent des cibles privilégiées avec les centrales électriques et les stations d’épuration d’eau, ont été détruits. A l’aube du 12 novembre 2019, des frappes de l’occupant ont atteint dans l’enclave de Gaza un haut commandant du Jihad Islamique, Baha’ Aboul Ata et son épouse. Quelques minutes plus tôt, l’armée sioniste a tiré un missile sur une maison de Damas, tuant l’un des fils et le garde-corps d’un responsable politique du Jihad Akram Ajouri 

Comme attendu, la presse dominante, parlée, écrite, télévisuelle n’a fait état que de la réponse du Jihad engagé avec les forces militaires des autres mouvements de la Résistance palestinienne, coordonnées au sein de la Chambre des Opérations Communes instituée dès le début de la Grande Marche du Retour. Des centaines de roquettes ont été tirées. Les dispositifs artisanaux ont atteint en profondeur le territoire contrôlé par l’entité sioniste, Tel Aviv, Askelon, Asdod, Sderot, Al QUds, Beer Seba’, Khudayra, Nefitot, Rishon Lezion ainsi que le pourtour de la bande de Gaza. Ils ont semé la panique. En admettant les communiqués des FOI qui prétendent que le Dôme d’acier en auraient arrêté 90%, plusieurs dizaines ont certainement provoqué des dégâts. Des hélicoptères ont été aperçus retirer des blessés dans les zones frappées. 

La riposte rapide et efficace de la Chambre des Opérations Communes a contraint les responsables israéliens à faire intervenir les intermédiaires égyptiens pour négocier au plus vite un cessez-le-feu survenu le 15 novembre. Les engagements précédents avaient duré plusieurs semaines. 

Échec de la manœuvres 
Le conflit politique interne au régime de l’Etat juif s’est déporté sur Gaza. Netanyahu, en portant le feu et la mort à Gaza, veut être reconnu comme le seul garant de la sécurité et faire apparaître son adversaire Benny Gantz comme un pacifiste puisque allié de la Liste unie des partis arabes israéliens devenue troisième force avec 13 sièges à la Knesset. Pour la première fois, les Palestiniens de 1948 se prononcent dans la formation d’un gouvernement, ils voudraient évincer Netanyahu qui a cumulé 13 ans de pouvoir comme Premier Ministre. Les tensions sont vives car Netanyahu e doit à tout prix éviter un procès qui le condamnera pour corruption. D’autre part, la croissance économique a été faible, le FMI a revu à la baisse les prévisions pour 2019 de 3,3 à 3,1%. Si le chômage est faible, l’apparente prospérité cache mal la précarité croissante d’un large segment de la population. 

Cette nouvelle offensive sur Gaza poursuivait un dernier objectif, retarder le plus possible vers une date indéterminée les élections législatives promises par Mahmoud Abbas en septembre à l’Assemblée générales de l’ONU en avivant les conflits inter-palestiniens. Peine perdue, la Résistance s’est montrée unie. 

Au total, cette agression a réussi à assassiner 34 Palestiniens et a éliminé un chef prestigieux du Jihad Islamique mais elle a échoué dans tous ses objectifs politiques. 

Netanyahu vient d’être inculpé pour corruption, abus de confiance et fraude. 
Benny Gantz n’est pas parvenu à constituer un gouvernement, augurant d’une troisième tournée d’élections législatives en un an avec des résultats qui ne différeront pas des précédentes consultations selon les principaux sondages. 

La Résistance palestinienne, coordonnée et soudée, a fait battre en retraite les va-t-en-guerre et par la relative imperfection du Dôme anti-missile a créé le chaos dans les zones les plus éloignées de Gaza. Preuve est faite qu’attaquer les Untermünchen dans leur ghetto n’est pas sans conséquence pour l’agresseur, contraint de se réfugier dans les abris souterrains. Le Corrompu en chef de l’heure a démontré que des menées de ce type sont au contraire l’occasion d’accroître l’insécurité à l’intérieur des Territoires de 1948. 

Enfin, une fois de plus, le plus fort en armes- pour l’heure- en utilisant les moyens de détruire à sa disposition- généreusement octroyés par un Eta fédéral étasunien en déficit croissant- renforce l’opinion que sont font les peuples du monde d’Israël. Ce ne sont pas des hommes, car ils ne s’empêchent pas. 

Ponzi
L’acteur de télé-réalité est devenu Président des Usa par manque de discernement d’un Parti Démocrate qui a envoyé à la course une Dame atteinte d’une maladie qui la fait chuter -raideur spastique des membres inférieurs- et agiter la tête dans une débauche de mouvements involontaires. Ses insuffisances n’ont pu être occultées par l’immense trésor de guerre accumulé avec son mari grâce à une fondation caritative qui a en particulier drainé des fonds extorqués à tout visiteur de son bureau quand elle officiait au Département des Affaires Etrangères. Trop d’irrégularités avaient entaché sa candidature, sûre qu’elle était de fonder une dynastie légitime avec un ami intime d’Epstein. Trump, magnat de l’immobilier Président par accident et en partie grâce au travail de WikiLeaks qui avait exposé l’élimination abusive de Sanders, l’emploi d’un serveur privé pour faire transiter les courriels secret défense, la mort mystérieuse de Seth Rich, a fait savoir par la voix de Mike Pompeo que les colonies en Cisjordanie ne sont pas illégales

Empêtré dans une procédure de destitution menée avec force bruit par les Démocrates qui l’entrave dans le déploiement de sa campagne électorale, Trump ne fait rien d’autre que de faire appel au vote et au soutien financier des 10 millions de chrétiens évangélistes qui s’ils sont profondément sionistes ne sont pas moins antisémites. La Palestine se révèle ici être une victime innocente et expiatoire de l’empiétement de l’OTAN sur les marges de la fédération de Russie. Trump ne gagnera pas l’électorat juif traditionnellement démocrate, de plus en plus réaliste et hostile à la politique de l’extrême droite israélienne qui enterre l’hypothèse ténue d’une solution à deux Etats. En effet, avant d’être devenue une source de revenus pour Biden et le Parti Démocrate au travers d’une succession d’abus et de corruption, l’Ukraine au prix d’une guerre civile et de la casse de ce qui restait de son appareil productif devait rompre ses liens avec son premier partenaire économique. 

Les gesticulations de l’administration Trump autour de la Palestine, permis d’annexion d’Al Quds et des colonies, sont autant de manœuvres électorales plus que maladroites. Elles forcent le monde à se positionner face à cette aberration et singulièrement le monde arabe et musulman dont les dirigeants jusqu’au plus compromis avec les sionistes doit tenir compte d’une opinion unanime et indéfectiblement acquise pour le droit inaliénable des Palestiniens. Sans autre lieu pour exprimer leur solidarité, les Marocains entonnent dans les stades de foot, construits pour les occuper et les dévier d’activités politiques, des chants vibrants pour la Palestine. Pour des centaines de millions, elle est une métaphore de l’injustice à combattre, ils déclarent être prêts à mourir pour cette cause. 

Pendant ce temps, le déficit du budget fédéral se creuse, des emprunts sont nécessaires pour payer les intérêts de la dette et les minima sociaux. Seul levier dont dispose la Fed, le prix de l’argent baisse encore, alimentant la plus grosse bulle d’actifs jamais vue dans l’histoire du capitalisme. 

Pour les cyniques, il suffirait de s’armer de cornet de pop corn en se tenant fermement attaché à son fauteuil de spectateur pour assister à l’éclatement de ce schéma de Ponzi. 

Mais il faut se redresser car un monde nouveau est à construire. 

Dr Badia Benjelloun



 
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