Monsieur le secrétaire général du Conseil de la communauté marocaine à l’étranger,
S’agissant de la question des dérives antinationales répétées des éditoriaux du directeur général du site électronique « الشروق نيوز 24 », qui est au même moment, un défenseur zélé de la direction actuelle du CCME dont vous assurez la totalité de la gestion (en l’absence de fait du président de l’institution, qui est pourtant toujours officiellement en fonction), je constate le fait suivant. Vous n’avez toujours pas donné suite à l’interpellation publique très urgente vous concernant, par le biais de ma lettre ouverte publiée largement il y’a deux semaines et relative à des faits très préoccupants et d’une extrême gravité.
Le nécessaire courage d’assumer
Doit-on conclure que la non-réponse est une réponse de votre part, cherchant à gagner sur les deux tableaux à la fois, en constituant le signe d’une forme d’embarras à s’exprimer clairement ?
Précisons ici que la réponse attendue est votre propre réponse en bonne et due forme, et non pas celle de « l’éditorialiste » du site en question, encore moins celle indirecte de l’un de ses pseudonymes, conseillé par son bienfaiteur au plan financier, qui détourne l’attention vers une autre direction en parlant d’un « fameux conseiller » en mission au consulat général du Maroc à Milan (photo à l’appui dans l’édition du 28 mai 2020) pour vous dégager d’assumer vos propres responsabilités en tant que secrétaire général du CCME, voir même pour vous exonérer.
En effet, dans cet article du 28 mai 2020, son auteur qui n’est en fait qu’un pseudonyme du « journaliste d’investigation », ne tarit pas d’éloges sur ce dernier, montrant dans un grand mouvement d’autosatisfaction, que celui-ci est quelqu’un de très important, qui perturbe par ses enquêtes médiatiques courageuses, et arrive à être un tombeur de têtes consulaires, voire même diplomatiques. Il a effectué de très nombreuses visites au Maroc, au cours desquelles il a rencontré de multiples hauts responsables de l’institution sécuritaire de souveraineté, ayant leurs numéros de téléphone direct, dont ceux de son directeur général et de son chef de cabinet... De même, qu’il a eu une « rencontre officielle » avec le chef actuel de la diplomatie marocaine qui lui aurait livré « en prime » des informations sur des changements de consuls !
En somme, il faut comprendre qu’on est en face de quelqu’un qui compte, qu’il faut craindre, avec lequel il vaut mieux « circonscrire un problème plutôt que procéder à un affrontement direct » . Quelqu’un qui a de multiples entrées et contacts étroits avec « l’institution sécuritaire de souveraineté » à Rabat... ET NULLEMENT AVEC MAHAJ HAY ERRIYAD A RABAT ET SON LOCATAIRE !!! Voilà l’objectif implicite, notamment de cet article du 28 mai... en guise de « réponse » notamment à la lettre ouverte et à l’article ayant pour titre : « Irresponsable ! »
Dés lors, si le directeur général du site est tout ce que l’on vient de rappeler, pourquoi alors ses articles incendiaires, provocateurs et irresponsables que nous continuons à dénoncer ? D’où vient leur inspiration ? D’où viennent les informations qu’il livre, attaquant toutes les institutions nationales en lien particulièrement avec le dossier des Marocains résidant à l’étranger... SAUF LE CCME, dont il complimente démesurément et régulièrement le secrétaire général depuis bien longtemps !?
La ficelle est trop grosse
Elle rappelle cette manœuvre conseillée par l’ancien ministre français de l’Intérieur Charles Pasqua qui consiste, pour l’essentiel, en ceci :
« si vous êtes empêtrés médiatiquement dans une affaire et que vous n’arrivez pas à vous en sortir, votre posture étant indéfendable, créez une autre affaire, soulevez médiatiquement un autre dossier pour détourner l’attention et faire diversion ».
Dès lors, ce n’est pas en se focalisant sur un certain « fameux conseiller » de la route des Zaërs, que « l’éditorialiste » nous fera oublier le locataire de Mahaj Hay Erryad à Rabat (normalement pour un mandat provisoire de 4 ans), qui est par ailleurs sans bilan positif (avec le président également) depuis près de 13 ans (!!!).
L’impératif de la clarification
Devant les faits gravissimes, objet de cette interpellation rappelée dans le document ci-joint (renvoyant lui-même à notre article intitulé « Irresponsable ! »), vous êtes, monsieur le secrétaire général du CCME, face à une obligation incontournable. Vous n’avez pas un autre choix que de vous déterminer publiquement par rapport à ces dérives antinationales du premier responsable du site qui, de manière simultanée, vous encense, couvre de louanges votre politique sur des bases non objectives et voue aux gémonies depuis bien longtemps, toutes les voix qui font la critique responsable et constructive de cette politique.
L’attaque en règle au même moment, à des fins inavouées et obscurs contre l’une des constantes nationales du Maroc, nécessite en effet des clarifications publiques de votre part, sous forme de dénonciation nette et sans équivoque des dérives et dérapages du directeur général du site qui déclare toujours, par le biais d’un pseudonyme, qu’il a la couverture et l’oreille des plus hautes autorités sécuritaires du Maroc (édition du 28 mai 2020). La mise sous silence de la responsabilité en ce domaine, ne peut passer inaperçue.
L’arroseur arrosé
Dans cet esprit, on aurait pu s’attendre à ce que la vigilance politique et intellectuelle de la direction du CCME soit de mise avec les éditoriaux que nous avons dénoncés en leur temps, qui sont attentatoires aux valeurs fondamentales nationales, mais il n’en est rien.
Faute de dénonciation sans équivoque des dérapages du site en question, force est de constater que cette direction du Conseil n’est sensible et attentive qu’à ce qui flatte son « égo » sous forme d’éloges et de « com » complaisante (qui ne peut être que bien rémunérée de surcroît), étant par ailleurs bien indifférente à des jugements de valeur émises par ces mêmes milieux, qui sont par contre d’une extrême gravité, touchant aux valeurs sacrées du pays. N’étons-pas là, dans la situation de l’arroseur arrosé ?
Partant de là, on ne peut se résigner à accepter votre silence, ni à se laisser berner par la pratique récente de la diversion par le site ou par son « rétropédalage » forcé du bout des lèvres dans l’édition du site en date du 25 mai 2020. Votre mutisme, signe d’une situation inconfortable, n’est nullement l’approche attendue. Il va bien falloir au SG du CCME de ne pas laisser ce dossier confiné ! Le ferez-vous avec le déconfinement général au Maroc dans quelques jours ?
Engagement ferme
En tous les cas, soyez pleinement assuré, monsieur le secrétaire général du CCME, qu’on fera tout pour faire craquer ce silence sur les dérives antinationales qui ne peut passer inaperçu, n’étant nullement un nuage passager. Nous avons la volonté inébranlable et toute la patience nécessaires pour pousser aux clarifications qui s’imposent pour tirer les conséquences. En tant que citoyen marocain responsable et engagé d’un côté, analyste et observateur actif assidu de la scène migratoire marocaine de l’autre, c’est notre devoir de le faire. On ne se limitera pas, s’il le faut, à ce nouveau rappel, le premier étant le contenu de la rubrique « Dakira », publié par WakeUp Info en date du 3 juin 2020.
Voilà pourquoi, en prenant à témoin l’opinion publique et les plus hauts responsables du pays, nous reproduisons ci-après à votre intention, le contenu intégral de notre lettre ouverte qui s’adresse une nouvelle fois, non pas à votre personne, mais au secrétaire général que vous êtes, nommé par dahir, de l’institution nationale consultative CCME, promue au rang de constitutionnelle avec le référendum du 1er juillet 2011.
Pour une refonte structurelle du CCME
Ce Conseil ne peut rester une simple structure de dépense et de répartition d’un budget étatique annuel très important (49 millions de dirhams) sur des bases subjectives et non transparentes, sans programme de travail précis, sans contrôle, sans aucune liaison avec les missions (consultative et prospective) dévolues par le dahir portant création du Conseil, sans respect de l’obligation de résultats et en apportant un soutien à certains milieux qui s’avèrent, en fin de compte, pour le moins douteux, avec une pratique antinationale.
Parmi les exemples concrets, il y’a non seulement le site électronique en question, mais aussi certaines invitations, il y’a à peine un an, de « personnalités savantes » religieuses au stand du CCME au SIEL à Casablanca, qui combattent ouvertement maintenant, avec la collusion de milieux et d’intérêts étrangers, principalement du Golfe, l’approche marocaine dans le domaine religieux !!!
Sachant par ailleurs que l’après corona, nécessite à notre sens une mobilisation générale qui suppose notamment le rétablissement de la confiance, impliquant entr’autre la crédibilité et la cohérence des institutions nationales et de leurs dirigeants.
Espérons donc monsieur le Secrétaire général du CCME, qu’au même moment de déconfinement du pays très prochainement, vous n’allez pas laisser confinée la lettre ouverte urgente qui vous a été adressée.
Rabat, le 5 juin 2020
Abdelkrim Belguendouz
Universitaire à Rabat, chercheur en migration