Maintenant que le parlement égyptien a accordé au président du pays Abdel Fattah al-Sissi le mandat pour envoyer les forces armées sur le territoire libyen, la probabilité d’un affrontement entre les armées égyptienne et turque sur le territoire libyen a significativement augmenté.
L’Egypte, qui soutient l’Armée nationale libyenne du maréchal Khalifa Haftar, a l’intention de lui apporter son aide militaire en entrant sur le territoire de la Libye. La chambre des représentants de ce pays siégeant à Tobrouk, et laquelle le maréchal soutient, a demandé à l’armée égyptienne d’intervenir dans la guerre afin de protéger la sécurité nationale du pays.
De son côté, la Turquie, qui a conclu un accord avec le Gouvernement d’union nationale de Fayez el-Sarraj, siégeant à Tripoli, a projeté en Libye depuis le début de l’année plusieurs milliers de combattants pro-turcs de groupes combattant en Syrie. De plus, dans les unités du gouvernement el-Sarraj se trouvent des conseillers militaires turcs, et Ankara fournit activement à la Libye du matériel blindé et des drones d’attaques.
En cas de conflit armé entre l’Egypte et la Turquie, dont parlent tous les médias, les forces armées régulières de l’Egypte écraseraient sans doute les combattants pro-turcs et les forces du gouvernement el-Sarraj, étant donné que l’armée égyptienne est mieux préparée et possède davantage de matériel. Alors qu’il n’existe pas d’informations confirmant la présence de l’armée turque sur le territoire libyen, uniquement des rumeurs. En cas d’affrontements l’Egypte bénéficierait d’un autre avantage – elle partage sa frontière avec la Libye et peut rapidement mobiliser des réserves, tandis que la Turquie ne pourrait pas projeter aussi rapidement ses forces sur le territoire libyen.
Cependant, tout n’est pas aussi simple, et même avec son avantage face à la Turquie en Libye l’Egypte pourrait perdre. Une troisième force pourrait s’ingérer dans le conflit libyen: l’Algérie a annoncé le déploiement de missiles tactiques Iskander-E à la frontière entre la Libye et la Tunisie, ainsi que la concentration le long de la frontière de ses forces armées. Le ministère algérien de la Défense, qui soutient le gouvernement el-Sarraj, a déclaré que le franchissement de la frontière libyenne par les unités égyptiennes serait considéré comme une déclaration de guerre à l’Algérie avec toutes les conséquences qui en découlent. Sachant que l’armée algérienne est tout aussi forte que l’égyptienne, voire plus puissante sur certains paramètres.
En résumé, on ignore pour l’instant comment évoluera la situation en Libye. Les belligérants pourraient ouvrir les hostilités et dans ce cas personne ne pourrait prédire l’issue de la guerre libyenne. En même temps, les belligérants pourraient laisser les choses telles qu’elles sont et tracer une « ligne rouge » séparant la Libye en deux moitiés, chacune avec son propre gouvernement.
Le temps nous dira quelle sera la suite des événements.
Alexandre Lemoine
source:observateurcontinental.fr