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Pour le Maroc, la migration internationale est à appréhender au sens large il s’agit non seulement de l’immigration étrangère au Maroc en provenance de divers pays, dont ceux de l’Afrique subsaharienne, mais aussi de l’émigration du Maroc vers l’étranger (nationaux et étrangers), sans oublier bien entendu, la communauté marocaine établie à l’étranger. Pour mener l’action de manière ciblée, la politique marocaine afférente à ces divers types ou formes de migration doit être bâtie sur une politique de connaissance approfondie du fait migratoire et sur l’établissement d’un partenariat scientifique étroit entre les chercheurs en migration, toutes disciplines confondues, et les divers départements et institutions nationales œuvrant dans le domaine migratoire 

Dans cet esprit, un Observatoire National des Migrations englobant les diverses formes précitées, est à mettre en place. Ceci nécessite de regrouper en une seule entité les observatoires déjà existants, du moins sur le papier,  à savoir l’Observatoire relevant du ministère de l’Intérieur concernant la migration étrangère par rapport au Maroc (immigration et émigration), et l’Observatoire de la communauté marocaine résidant l’étranger, l’OCMRE dépendant de la Fondation Hassan II pour les Marocains résidant à l’étranger. 

Il ne s’agit pas en effet d’aller dans le sens d’une inflation ou duplication institutionnelle en superposant une nouvelle structure à celles déjà en place, comme voudrait implicitement le faire le ministère délégué chargé des MRE dans le cadre du projet qu’il abrite, financé par l’Union européenne, relatif à la mise en place d’un Comité National Marocain du Réseau Académique Nord-Africain sur la Migration (NAMAN). Au contraire, il importe de réaliser la synergie en rassemblant l’existant, en procédant aux ajustements et articulations nécessaires dans une approche inclusive de tous les départements concernés (y compris le ministère de l’Intérieur et son observatoire, la Fondation Hassan II pour les MRE et son observatoire), ainsi que tous les chercheurs en migration, sans ostracisme, discrimination ou exclusion comme c’est le cas au NAMAN mis en place en catimini et de manière sectaire avec son «statut » durant la période du confinement par la direction de la coopération, des études et de la coordination intersectorielle relevant du ministère délégué, chargé des MRE. 

Pour dépasser les susceptibilités administratives, tenir compte de l’intérêt national et inscrire l’action dans une perspective globale, il revient à notre sens au Chef du gouvernement de prendre l’initiative dans le cadre de la commission interministérielle qu’il préside concernant les « affaires des MRE » et les «affaires de la migration ».  La nouvelle entité sera l’outil de pilotage prospectif des politiques migratoires marocaines avec pour rôle notamment de guider et d’ajuster d’une part la Stratégie Nationale d’Immigration et d’Asile à l’œuvre depuis fin 2014, dans le cadre de la Nouvelle Politique Migratoire du Maroc, d’autre part la Stratégie Nationale pour les Marocains résidant à l’étranger qui fait encore défaut, en dépit du rappel à l’ordre en la matière du discours du Trône du 30 juillet 2015. 

L’initiative du Chef du gouvernement est d’autant plus urgente à entreprendre à l’approche de la mise en place à Rabat, sous l’égide de l’Union Africaine, de l’Observatoire Africain des Migrations (OAM) proposé par Sa Majesté le Roi Mohammed VI à travers l’Agenda Africain sur la Migration. On ne peut avoir un observatoire panafricain à Rabat sans avoir du côté marocain un Observatoire National des Migrations qui soit fonctionnel et performant, jouant le rôle de correspondant national ou de point focal pour le Maroc de l’OAM. 

Enfin, à l’occasion de la Journée Nationale du Migrant (10 août 2020, en fait, il s’agit spécifiquement de la Journée Nationale des MRE), rappelons la nécessité d’assurer l’effectivité des droits politiques par rapport au Maroc des citoyens marocains établis à l’étranger, notamment leur droit de voter et d’élire leurs députés à partir de circonscriptions électorales législatives de l’étranger, conformément à l’article 17 de la Constitution et au discours royal fondateur du 6 novembre 2005. Attente lancinante qui a été malheureusement écartée dans tous les mémorandums remis au ministère de l’Intérieur par les partis politiques et rendus publics jusqu’ici, pour la préparation notamment des élections législatives 2021. 

Abdelkrim Belguendouz
Universitaire à Rabat, chercheur en immigration



 
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