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Lors du sommet extraordinaire qui s’est tenu mercredi 23 septembre dans la soirée à Bruxelles, les dirigeants européens ont validé la décision à laquelle avaient abouti la veille les ministres de l’intérieur, à la majorité qualifiée, de se répartir 120 000 demandeurs d’asile arrivés en Grèce et en Italie sur deux ans. 

Ce chiffre est très inférieur aux besoins – plus d’un million de réfugiés potentiels sont attendus en 2015 dans l’Union européenne, selon les dernières estimations de l’OCDE qui évoque l’afflux le plus important depuis la Seconde Guerre mondiale. Mais les 28 considèrent que leur vote, malgré quatre défections (la République tchèque, la Slovaquie, la Roumanie et la Hongrie) et une abstention (la Finlande) enregistrées mardi, apporte la preuve que les États sont capables de faire preuve d’un minimum de solidarité.

Leur inquiétude se porte sur la suite des événements. Rien n’indique que les arrivées vont se tarir dans les semaines et les mois à venir. C’est même plutôt l’inverse qui est prévisible. Selon les dernières estimations de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), 473 800 personnes, dont 40 % de Syriens, sont entrées en Europe par la mer depuis le début de l’année, contre 207 000 en 2014. Les capacités d’accueil de la Grèce, de l’Italie et de la Hongrie sont saturées. Plus de 3 000 personnes, principalement des Syriens et des Afghans, ont débarqué en l’espace de cinq heures, mercredi, sur les côtes de l’île grecque de Lesbos, en mer Égée.

Mardi, le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) a souligné qu’au rythme actuel de 6 000 arrivées par jour, le chiffre de 120 000 serait atteint en seulement vingt jours. L’une des porte-parole de l’agence onusienne, Melissa Fleming, a demandé à l’UE d’enclencher un mécanisme d’accueil permanent, ce qui n’a pas été retenu mercredi soir...

Concernant les demandeurs d’asile, François Hollande assume pleinement l’idée qu’il serait préférable qu’ils restent au plus près de chez eux. Avant la réunion, il a ainsi justifié les aides aux pays limitrophes en affirmant que l’objectif était « surtout » de faire en sorte que les réfugiés « ne soient pas tentés de venir jusqu’en Europe où ils risquent leur vie »....

Ces conclusions (communiqué de presse officiel, en PJ et in English) sont très intéressantes à bien des égards :
  • la question de la relocalisation (les 124 000 Syriens, Erythréens, ou Irakiens) n'est sans doute pas l'enjeu principal notamment parce que les ressortissants des pays concernés quittent relativement vite les pays dits de premier accueil (Italie, Grèce mais aussi Hongrie...).
  • celle des retours forcés, à multiplier et accélérer, est bien centrale : appel à mettre en œuvre au plus vite les orientations du plan d'action de la Commission.
  • le terme hotspot est passé de mode et n'est pas utilisé dans le document. L'idée est cependant bien présente même si ce renforcement de la place des agences européennes aux frontières de l'UE (Italie et Grèce) donne lieu à des marchandages (combien de millions supplémentaires ?) sur fond de défense de la souveraineté étatique.
  • le document est très clair sur la nécessité de revenir aux principes de Dublin ce qui est largement contraire à la logique de relocalisation, trop difficile à pérenniser. 
  • enfin, les États membres découvrent les camps de réfugiés au Liban, en Turquie, en Jordanie et que, faute de moyens financiers notamment, les conditions de vie y sont horribles et poussent à de nouveaux exils. L'UE qui comptait jusqu'alors nombre de mauvais payeurs (au premier chef la France) va donc arroser le HCR et les agences dédiées de certains pays, en particulier en Turquie.
Emmanuel Migreurop


 
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