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Le gouvernement grec doit faire face à une fronde explosive sur la question migratoire. Au sud-est de la Grèce, l’île de Kos est entrée en résistance : de très violentes manifestations s’y sont déroulées à proximité d’une caserne désaffectée qui doit accueillir un nouveau «hotspot» d’enregistrement pour les migrants qui arrivent de la Turquie voisine.

La Grèce s’est en effet engagée à ouvrir, d’ici le 15 février, quatre nouveaux hotspots sur les îles du Dodécanèse qui font face aux côtes turques, alors qu’un seul existe pour l’instant sur l’île de Lesbos. Mais à Kos, une partie des habitants craint que ce point d’enregistrement des naufragés devienne à terme un centre de détention et ne nuise au tourisme, première ressource de l’île.

Déjà jeudi, Panos Kammenos, le ministre de la Défense, qui voulait s’assurer de l’avancée des travaux du futur hotspot, avait dû atterrir dans un champ, les habitants ayant occupé la piste où devait se poser son hélicoptère. Dimanche, c’est un député de Syriza, Ilias Kamateros, qui a dû affronter une foule hostile alors qu’il se trouvait dans un café de la capitale de l’île.
Un maire hostile

Les violences qui se sont déroulées à Kos, faisant trois blessés, interviennent au pire moment, alors que la Grèce est engagée dans une course de vitesse pour éviter d’être exclue de la zone Schengen. Dimanche, Giorgos Kiritsis, le maire de Kos, a écrit à Aléxis Tsípras pour lui demander de retirer les CRS arrivés sur l’île ces derniers jours. Mais certains accusent Kiritsis de manipuler les manifestants, son hostilité aux migrants étant connue de longue date. Ce qui le distingue d’ailleurs des autorités locales des autres îles confrontées à l’afflux des migrants et qui ont plutôt tenté d’y faire face avec humanité. Le maire de Kos a lui-même conforté sa réputation en déclarant, lundi matin, sur la chaîne privée Mega : «Vous savez pourquoi moins de migrants débarquent à Kos que sur l’île de Lesbos, pourtant plus éloignée de la Turquie ? C’est parce qu’ils savent que moi, je vais les jeter à l’eau.»

Face à la montée des périls, la classe politique grecque a pourtant fait preuve jusqu’à présent d’une unanimité rare sur la question migratoire, l’opposition considérant, elle aussi, que l’intransigeance des Européens est cette fois-ci injuste et humiliante. «C’est la Turquie, malgré son double langage, son jeu ambigu face à Daech, ses journalistes emprisonnés, qui est considérée comme le partenaire stratégique aux yeux d’une Europe qui n’hésite pas à punir la Grèce», commentait lundi matin un journaliste sur la station Real FM, ajoutant : «Qu’est-ce que ça signifie d’exiger le renforcement des frontières maritimes ? Tout simplement dissuader ceux qui arrivent par la mer, en prenant le risque d’accroître les pertes en vies humaines.» A part le maire de Kos, l’écrasante majorité des Grecs s’y refuse. Au risque de voir un pays déjà au bord de l’implosion sociale, toujours sous pression de ses créanciers, devenir le paria d’une Europe désormais protégée par des barbelés.

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