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La cinquième édition du sommet Union européenne-Union africaine s’est tenue fin novembre 2017 à Abidjan, la capitale économique de la Côte d’Ivoire, à l’invitation du président Alassane Ouattara . 

À vrai dire on peut se demander quelle est l’utilité de ce genre de sommet, sachant que très peu d’États membres de l’Union européenne se soucient de l’Afrique. De fait, plutôt qu’aborder la question essentielle d’une solidarité entre les deux continents pour construire le monde de demain, les travaux des chefs d’État de gouvernement ont été centrés sur le drame libyen et la question du nouvel esclavagisme qui profite des flux migratoires.

Pour le reste comment peut-on imaginer qu’une organisation comme l’Union européenne puisse avoir le moindre grand projet international alors que la règle qui prévaut en son sein est celle du plus petit commun dénominateur puisque les principales puissances ne sont d’accord au presque rien si ce n’est pour donner urbi et orbi des leçons de morale à tout l’univers. Une certaine démagogie, visant souvent à faire oublier le fiasco de la décolonisation dans certains pays, consiste à prendre régulièrement la France pour tête de Turc, ce qui permet d’occulter que c’est pourtant la seule nation européenne qui tente d’avoir une politique africaine globale. Ceux qui claironnent régulièrement le refrain anti-français sont souvent les mêmes qui après avoir ruiné leurs pays et leurs peuples, sont en train de vendre l’Afrique à une puissance hégémonique comme la Chine. Ils occultent également le fait que la chancelière Merkel déclarait naguère que pour les Allemands la Méditerranée est une barrière ! Pour l’Allemagne l’Afrique n’est qu’une affaire de sécurité et de migration. Par ailleurs, on nous serine que l’Union européenne représente 33 % de tous les investissements étrangers réalisés à travers l’Afrique, absorbe 41 % de ses exportations et fournit 33 % de ses importations, mais c’est faire peu de cas qu’il s’agit essentiellement des résultats cumulés des échanges entre les États, notamment un petit groupe de pays européens et nullement une politique concertée à Bruxelles.

Pourtant, l'heure est à l'urgence consiste à créer un nouvel axe euro-africain. Sur ce point, seuls deux pays ont une vision d’avenir et les moyens de donner une impulsion. Si plusieurs puissances mondiales développent une politique africaine, force est de dire que certaines ont des visées purement hégémoniques et rêvent de piller les richesses de l’Afrique, comme c’est le cas de la Chine. En revanche, d’autres, comme la France, veulent imagier un nouvel axe de coopération entre les deux continents voisins qui sont de vieux partenaires. Malgré quelques maladresses, l’ambition du président de la république française est de faire en sorte que la France puisse convaincre ses partenaires des États européens d’accorder plus d’importance à l’Afrique et leur rappeler que l’Europe est non seulement le premier client, le premier fournisseur, le premier donneur d’aide, le premier investisseur, le premier lieu de résidence des migrants africains qui envoient leur épargne au pays, mais encore le premier partenaire géopolitique. La France veut donner une impulsion à la relation avec l’Afrique et faire avancer des dossiers concrets : partenariat économique, entrepreneuriat, éducation, énergies renouvelables. 

Il est indéniable que la relation franco-marocaine peut être un important levier. Donc, la diplomatie française aurait tout intérêt à se coordonner avec celle du Maroc. Depuis son retour au sein de l’Union africaine, le Maroc de Mohammed VI s’impose comme la principale puissance africaine à avoir un agenda concret et ambitieux pour le continent. L’approche marocaine, exposée par le Roi Mohammed VI, est globale, elle a une dimension stratégique reposant sur l’ancienneté et la solidité de la politique africaine du Maroc depuis Mohammed V qui fut le pionnier de l’unité africaine. Par exemple, dans son discours d’Abidjan le 29 novembre 2017, le Roi du Maroc a prononcé un discours très fort qui a présenté un vigoureux plaidoyer pour un « véritable agenda africain » sur la migration, et a appelé à insuffler un nouvel élan au partenariat Afrique-Europe et le faire évoluer vers un pacte bi-continental nouveau. Le Roi a une vision et un projet concret pour l’Afrique dans le cadre d’une coopération sud-sud qui doit être le pilier du développement du continent. La politique africaine du Maroc. 

En conclusion, il est temps d’imaginer un vaste projet qui concernera aussi bien un Maghreb enfin débarrassé des conflits du passé pour tendre vers une nécessaire intégration, une Afrique dynamique et des nations européennes – en premier lieu la France – qui doivent reprendre conscience que leur destin se joue de l’autre côté de la Méditerranée et non dans le cadre étriqué de la petite union européenne.

Dr Charles Saint-Prot
Directeur Général de l'OEG





 
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