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La procédure engagée par le Pari démocrate en vue de destituer Trump passe par une première étape, celle de la mise en accusation. Elle se déroule publiquement selon le vœu des Républicains, appuyé par leurs interventions musclées lors des délibérations préalables et contre le souhait de la Présidente de la Chambre des Représentants, dominée par les démocrates. 

Malgré la complexité du mécanisme d’une destitution, difficile à comprendre pour qui n’est pas versé dans les institutions des Usa, il semble évident que le jugement qui revient au Sénat innocentera Trump pour la simple raison que les Républicains, tous unis pour la défense du Président, chacun espérant y trouver un bénéfice, y ont la main. 

Lanceur d’alerte 
Revenons brièvement à la genèse de l’affaire. 
Elle survient près trois ans après un Russiagate riche en confusions, qui a donné toute sa couleur à la vie publique étasunienne et a fini par s’éteindre sans preuve convaincante. Voilà un Président qui fut accusé à longueur de temps médiatique d’être d’intelligence avec l’ennemi, la Russie. Poutine aurait réussi à manipuler les électeurs en sa faveur en usant de moyens technologiques que la NSA est fortement dotée pour les contrôler. Un jour peut-être seront décortiqués les mécanismes qui ont été mis en jeu pour que dans la ‘plus grande démocratie au monde’ son chef d’Etat aura été traité par une bonne moitié de la classe politique- et la quasi-totalité des médias- comme un traître au pays qu’il était censé gouverner. 

Un lanceur d’alerte avertit non l’opinion publique mais son supérieur hiérarchique. Lors d’une conversation téléphonique à laquelle il a eu accès, Trump aurait conditionné l’octroi d’une aide militaire à l’Ukraine- un prêt qui devait être employé à acheter des armes américaines- à une enquête que le Président Zelensky, acteur de profession, devrait engager. Elle concernerait les modalités de recrutement de Hunter Biden, fils de Joe Biden, ancien vice-président d’Obama, dans le conseil d’administration de Burisma, un holding de prospection et d’exploitation d’hydrocarbures qui doit ses succès grâce à ses liens avec des politiciens corrompus et l’éventuel financement par l’Etat ukrainien de la campagne électorale de Hillary Clinton en 2016. 

Mise à mort 
Une observation préliminaire permet de noter que des lanceurs d’alerte qui espionnent un Président en exercice et divulguent le contenu de ses conversations avec des chefs d’Etat, sont tout à fait bien venus alors même qu’ils dévoilent des données protégées par le secret. Leurs allégations sont prises en compte sans qu’ils soient contraints de révéler leur identité et donc sans nécessité pour eux de témoigner en cas d’audition. Le contraste est saisissant avec le sort réservé à Assange qui est en train de périr lentement et sûrement de torture psychologique dans une prison de haute sécurité britannique sur ordre de l’exécutif étasunien. Un officier de la CIA a donc remis un rapport à l’inspecteur général de la Communauté du Renseignement, les 17 agences dont la CIA, lequel l’a assuré de lui conserver son anonymat. En réalité son nom a amplement circulé et ses liens avec les Démocrates a été étayé. L’arrivée au pouvoir de l’acteur de téléréalité, un homme qui n’appartient pas au sérail politique traditionnel, a fait craindre pour sa vie. Trump entendait mettre en application sa doctrine isolationniste qui consistait à recentrer les efforts des Usa sur leur scène intérieure et ainsi les désengager des opérations militaires extérieures. JFK aurait été assassiné entre autres raisons pour avoir signé un Mémorandum qui commandait le retrait de 1000 soldats du Sud Vietnam. Quelques jours après sa mort, le nouveau Président a annulé ces directives, ce qui a relancé la guerre de la CIA en Asie du Sud Est. 

Trump a cependant augmenté le budget du Pentagone mais sa résistance malgré tout soutenue à ne pas ouvrir de nouveaux fronts le met malgré tout en danger. 

Ici, clairement, les hauts responsables du Renseignement étasunien (100 000 salariés, soit une armée de comploteurs d’une taille appréciable) occupent une place éminente et ostensible dans la perpétuation du ternissement de l’image de Trump qui de traître devient celui qui abuse de ses pouvoirs pour se donner des avantages électoraux. Plutôt qu’un assassinat odieux, peut-être par manque de temps, c’est la mise à mort symbolique qui fut choisie par l’une des instances qui fonde la structure politique du pouvoir étasunien en tant que puissance hégémonique. Dans cette équation relativement simple, le Pentagone est le faiseur de Roi et le Renseignement le défaiseur. 

Présomption 
Deuxième observation, l’intégralité de l’échange entre Zelenski et Trump a aussitôt été déclassifié par ce dernier et, ainsi exposé, livré à l’appréciation de chacun. On n’y trouve pas de trace consistante d’un deal qui assujettit le transfert effectif du crédit militaire à un échange de service, le déclenchement d’une enquête sur la corruption qui entoure Burisma et Biden. Les audiences des témoins, à charge et à décharge, sont d’une qualité comme savent en produire les avocats aux Usa, un échafaudage de sophismes qui ont l’efficacité de l’ « embrouille ». On croirait assister à une version anglophone actualisée des Plaideurs. La quasi-totalité des journaux titrent que l’ambassadeur des Usa auprès de l’Union européenne aurait confirmé l’existence de ce deal, enquête sur la corruption contre le dégel du crédit. Gordon Sondland, devenu diplomate car donateur régulier pour les Républicains, n’a pourtant pas confirmé que Trump l’aurait instruit d’une telle directive. Sondland a déclaré avoir été au courant qu’une visite de Zelensky à la Maison était en effet conditionnée par l’ouverture d’une enquête sur la corruption. Ensuite, il a simplement présumé que le retard à libérer les fonds d’aide devait être liés à cette enquête. Très précisément, Il a fait part devant la Commission qu’il avait « presumed » présumé donc des raisons de ce gel. Or le fond de l’accusation lie l’enquête au dégel des fonds pour l’armement. 

Le CMI, encore et toujours 
Troisième observation, une responsable du Pentagone, Laura Cooper, témoigne à huis-clos. Des fonctionnaires du Département de la Défense ont été harcelés à la mi-août par les fabricants d’armes concernés par la dotation des crédits militaires à l’Ukraine. Très inquiète elle aussi, la Chambre du Commerce multipliait les appels téléphoniques. Des industriels qui vont tirer des bénéfices d’un accord financier pour vendre leurs machines de mort font pression pour encaisser leur rente prélevée sur un budget fédéral en déficit galopant. Cela n’a pas suscité d’indignation ni de protestation dans le camp démocrate. Il est vrai que c’est la paire de leurs champions, Obama et Hillary Clinton qui avaient initié la guerre civile en Ukraine, allumant le feu aux portes de la Russie et transformant un pays déjà en ruine après le collapsus de l’URSS en Etat quasi en faillite avec un exode monstrueux vers les pays voisins de ses forces vives. 

Ces manœuvres orchestrées comme il se doit par les mains bien visibles de la CIA et du Pentagone, ne sont pas indifférentes aux demandes des lobbies des hydrocarbures étasuniens, empêcher l’Europe de se ravitailler en gaz russe et faire ‘préférer’ à celle-ci le gaz liquéfié provenant de leur exploitation des réserves schisteuses. 

Exxon Mobil et d’autres entités du CMI méritent bien qu’on leur sacrifie une bonne dizaine de millions d’Ukrainiens, russophones ou non et qu’on leur inflige comme éléments structurant leur armée et leur Etat des milices néo-nazies entraînées par des Israéliens et recevant des rescapés de Daesh. 

Ecran de protection 
Quatrième observation, la Grande démocratie ne se trouve pas endommagée par l’objet de l’enquête demandée à Zelensky, à savoir la corruption qui entache la campagne électorale des Démocrates et de leur championne belliciste. En effet, au delà des abus de position de Joe Biden qui ont permis la nomination de son fils à un poste où il est notoirement incompétent, ce sont des fonds étrangers ukrainiens qui ont participé au déluge de dollars rituellement déversé pour les élections. Il serait permis de gloser sur la conditionnalité de l’aide militaire décidée par Obama, par ailleurs moralement condamnable, accorder des armes létales à un gouvernement corrompu pour qu’il assassine ses citoyens. Clairement, une sorte de rétro-commission serait venue épaissir la bourse du Parti de la Guerre. 

Ainsi, au feuilleton de Russiagate, mené trois années durant tambour battant, a été trouvée une variante, une suite, destinée à protéger le clan des Clinton et leur parti, leur corruption, leur vénalité et toutes les irrégularités pratiquées pendant que Clinton était au Département d’Etat (qui parle encore de l’ambassadeur étasunien mort à Benghazi ?). Peut-être est-ce l’un des attributs des empires sénescents que de présenter sans fard ni précaution, avec cynisme ou inconscience due à l’infatuation liée à une trop longue domination, les bricolages honteux qui devraient rester dissimulés au public. 

Trump aurait tort de ne pas se saisir de cette chance de faire durer les préliminaires devant la Commission d’enquête. Cette opportunité d’occuper les Démocrates longtemps empiétera d’autant sur leur temps de préparation électorale. Il sera aisé de retourner contre eux un à un les arguments émoussés utilisés contre lui mais fort efficaces quand il s’agira de mettre à nu les activités frauduleuses de l’équipe d’Obama. 

Aurons-nous assez de pop corn pour assister à toute cette décadence ? 

Sans doute pas, car les programmes de renversement par des coups d’Etas et des révolutions colorées mis en route depuis longtemps sont encore en cours d’exécution. 

Une véritable émulation révolutionnaire secoue les peuples fort abîmés par les menées de ce machin actionné par le CMI et le FMI, c’est pourquoi cette séquence de l’histoire nous éjecte de nos sièges de spectateurs. 

Badia Benjelloun 





 
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